MAMMIFURES.
perfectionnement indéfini. C'est ainsi qu'elle s'est fait des
idées, et qu'elle a lire parti de la nature entière.
Il y a cependant des degrés très diU'érens dans le développement
de l'honnne.
Les premières hordes, réduites à vivre de chasse, de péclie,
ou de fruits sauvages, obligées de donner tout leur temps à
la recherche de leur subsistance, ne pouvant beaucoup midtiplier
parce qu'elles auraient détruit le gibier, faisaient peu
de progrès ; leurs arts se bornaient à construire des huttes
et des canots; à se couvrir de peaux , et à se fabriquer des
flèches et des filets ; elles n'obsei-vaient guère que les astres
qui les guidaient dans leurs courses, et quelques objets naturels
dont les propriétés leur rendaient des services ; elles ne
s'associèrent que le chien , parce qu'il avait un jjenchant naturel
pour le même genre de vie. Lorsque l'on fut parvenu à
dompter des animaux herbivores, on trouva dans la possession
de nombreux troupeaux une subsistance toujours assurée,
et quelque loisir, que l'on employa à étendre les connaissances;
on mit quelque industrie dans la fabrication des
demeures et des vêtemens; on connut la propriété et par
conséquent les échanges, la richesse et l'inégalité des conditions
, sources d'une émulation noble et de passions viles ;
mais une vie errante pour trouver de nouveaux pâtLirages, et
suivre le cours des saisons, retint encore dans des bornes
assez étroites.
L'homme n'est parvenu réellement à multiplier son espèce
à un haut degré, et à porter très loin ses connaissances et ses
arts , que depuis l'invention de l'agricidture et la division du
sol en propriétés héréditaires. Au moyen de l'agriculture, le
travail manuel d'une partie seulement des membres de la société
nourrit tous les autres, et leur permet de se livrer aux
occupations moins nécessaires, en même temps que l'e.spoir
d'acquérir par l'industrie une existence douce pour soit et
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pour sa j.ostérité, a donné à l'émulation un nouveau mobile.
La découverte .des valem-s représentatives a porté celte émulation
au plus haut degré, en facilitant les échanges, eu rendant
les fortunes à-la-fois plus indépendantes et susceptibles
de plus d'accroissement; mais par une suite nécessaire, elle
a porté aussi au plus haut degré les vices de la mollesse et les
hireiir.s de l'ambilion.
Dans tous les degrés de développement de la société, la
propension naturelle à tout réduire à des idées générales,' et
à chercher des causes à tous les phénomènes, a produit des
hommes méditatifs, qui ont ajouté des idées nouvelles à la
masse de celles que l'on possédait; et tant que les lumières
n'ont pas été communes, ils ont presque tous cherché à se
faire de leur supériorité un moyen de domination en exagérant
leur mérite aux yeux des autres, et en déguisant la faiblesse de
leurs connaissances par la propagation d'idées superstitieuses.
Un mai plus irrémédiable est l'abus de la force : aujourd'hui
que l'homme seul peut nuire à l'homme, il est aussi la
seule espèce qui soit continuellement en guerre avec elle-même.
Les sauvages se disputent leurs forêts, les nomades leurs
pâturages; ils font aussi souvent qu'ds le peuvent des irruptions
chez les agriculteurs pour s'emparer sans peine des
résultats de longs travaux. Les peuples civilisés eiix-rnéraes,
loin d'être satisfaits de leurs jouissances, combattent pour le!
prérogatives de l'orgueil ou pour le monopole du commerce.
De là la nécessité des gouvernemens pour diriger les guerres
nationales, et pour réprimer ou réduire à des formes réglées
les querelles particulières.
Des circonstances plus ou moins favorables ont retenu l'état
social à certains degrés, ou ont avancé son développement.
Les climats glacés du nord des deux continens, les impéné-
Irables forêts de l'Amérique, ne sont encore habités que par
(les sauvages chasseiu-s ou pêcheurs.