280 MAMMIFÈKES.
à-la-f'ois iiistriiiiient agile et vigoureux, organe du tact et de
l'odorat, contraste avec leur aspect grossier et leurs lourdes
proportions; et comme il se joint à une physionomie assez
imposante, il a contribué à faire exagérer l'intelligence de
ces animaux. Après les avoir étudiés long-temps nous n'avons
pas trouvé qu'elle surpassât celle du chien ni de plusieurs
autres carnassiers. D'un naturel d'ailleurs assez doux,
les éléphans vivent en troupes sous la conduite des vieux
mâles. Ils ne se nourrissent que de végétaux.
Leur caractère distinctif consiste en des mâchelières dont
le corps se compose d'un certain nombre de lames verticales,
formées chacune de substance osseuse, enveloppées d'émail,
et liées ensemble par une troisième substance appelée corticale
; semblables en un mot à celles que nous avons vues
dans les cabiais et dans plusieurs autres rongeurs {"). Ces mâchelières
se succèdent, non pas verticalement, comme nos
mâchelières de remplacement succèdent à nos mâchelières de
lait, mais d'arrière en avant, de façon qu'à mesure qu'une
dent s'use, elle est en même temps poussée en avant par
celle qui vient après (') ; en sorte que l'éléphant a tantôt une,
tantôt deux mâchelières de chaque côté, quatre ou huit en
tout, selon les époques. Les premières de ces dents ont peu
de lames, et celles qui leur succèdent en ont toujours davantage.
On dit que certains éléphans changent ainsi jusqu'à
huit fois de mâchelières. Ils ne changent qu'une fois de défenses.
Les éléphans d'aujourd'hui, revêtus d'une peau rude, et presque sans
poils, n'habitent que la 2one torride de i'âncien continent, et l'on n'y en
a encore reconnu que deux espèces.
{«) Pl. 76. fis- C') IM. 7«, iig.
PACHYDEKMKS.
VÉLÈPIUNT DES imES {Elephas indiens. Ciiv.), Buff. XI, i,
et S{ip. l lÎ,LIX. a)
A tête obloiigue, à front concave, à couronne des mâchelières présentant
des rubans transverses, ondoyans, qui sont les coupes des lames
qui les composent, usées par la trituration. Celte espèce a les oreilles
plus petites, el porle quatre ongles aux pieds de derrière. Elle habite depuis
r.Tndus jusqu'à la mer Orientale et dans les grandes îles, au midi de
l'Inde. On en prend, de temps immémorial, d« s individus pour les dresser
et les faire servir de bêtes de trait et de somme ; mais on n a pu encore
les propager on domesticité, quoique ce qu'on a dit de leur prétendue
pudeur et de leur répugnance à s'accoupler devant témoins soit
dénué de fondement. Les femelles n'ont que de très courtes défenses, et
beaucoup de mâles leur ressemblent à cet égard.
\:ÈLÈPHAI^r D'AFRIQUE ( Elephas africauus. Ciiv.), Perrault. Mém.
pour l'Hisi. (les An., et Fréd. Ciiv. Mammif. \b)
A téle ronde, à front convexe, à grandes oreilles, à mâchelières présentant
des losanges sur leur couronne. Il paraît souvent n'avoir que
trois ongles aux pieds de derrière. C'est l'espèce qui habite depuis le
Sénégal jusqu'au Cap. On ne sait si elle remonte aussi sur toute la côte
orientale d'Afrique, ou si elle y est remplacée par la précédenle. Les femelles
ont des défenses aussi grandes que les mâles, et cette arme est
rn général plus volumineuse que dans l'espèce des Indes. On ne dompte
pas aujourd'hui l'éléphant d'Afrique; mais il paraît que les Carthaginois
en tiraient les mêmes usages que les Indiens tirent du leur.
On trouve sous terre, dans presque toutes les parties des deux conlinens,
les os d'une espèce d'éléphant, voisine de celle des Indes, mais
dont les mâchelières avaient des rubans plus étroits el plus droits, où
les alvéoles des défenses étaient beaucoup plus longs à pioporl ion, et la
mâchoire inférieure plus obtuse. Un individu récemment tiré des glaces,
sur les côtes de Sibérie, par M. Adams, paraît avoir été couvert d'un
poil épais et de deux natures; en sorte qu'il serait possible que cette
espèce eiit vécu dans des climals fioids. Elle a, depuis long-temps, disparu
du globe (Voy. Cuv., Recherches sur les oss. foss., t. l'.j
(«) Pl. 7«. li«-
MAMMIFKRb!
(¿) Pl. fig. ,