l'KÉFACI!
nom latin est à la suite du nom français, mais entre deux
parenthèses, et l'on a observé des règles à-peu-près semblables
dans les tables méthodiques qui précèdent chaque
volume, et qui sont destinées à guider d'abord les commençans.
Ainsi l'oeil distinguera d'avance l'importance
de chaque chose et l'ordre de chaque idée, et l'imprimeur
aura secondé l'auteur de tous les artifices que son art
peut prêter à la mnémonique.
Cette habitude que l'on prend nécessairement en étudiant
l'histoire naturelle, de classer dans son esprit un
très grand nombre d'idées, est l'un des avantages de cette
science dont on a le moins parlé, et qui deviendra peutêtre
le principal, lorsqu'elle aura été généralement introduite
dans l'éducation commune; on s'exerce par là dans
cette partie de la logique qui se nomme la méthode, àpeu
près comme on s'exerce par l'étude de la géométrie
dans celle qui se nomme le syllogisme, par la raison que
l'histoire naturelle est la science qui exige les méthodes
les plus précises, comme la géométrie celle qui demande
les raisonnemens les plus rigoureux. Or cet art de la méthode,
une fois qu'on le possède bien, s'applique avec un
avantage infini aux études les plus étrangères à l'histoire
naturelle. Toute discussion qui suppose un classement
des faits, toute recherche qui exige une distribution de
matières, se fait d'après les mêmes lois; et tel jeune
homme qui n'avait cru faire de cette science qu'un objet
DE LA 1>REMIÈRIÎ KDITION. xxj
d'amusement, est surpris lui-même, à l'essai, de la facilité
qu'elle lui a procurée pour débrouiller tous les genres
d'affaires.
Elle n'est pas moins utile dans la solitude. Assez étendue
pour suffire à fespritle plus vaste, assez variée, assez
intéressante pour distraire l'àme la plus agitée, elle
console les malheureux, elle calme les haines. Une fols
élevé à la contemplation de cette harmonie de la Nature
irrésistiblement réglée parla Providence, que l'on trouve
faibles et petits ces ressorts qu'elle a bien voulu laisser
dépendre du libre arbitre des hommes! Que l'on s'étonne
de voir tant de beaux génies se consumer, si inutilement
pour leur bonheur et pour celui des autres, à là recherche
de vaines combinaisons dont quelques années suffisent
pour faire disparaître jusqu'aux traces.
Je l'avoue hautement, ces idées n'ont jamais été étrangères
à mes travaux, et si j'ai cherché de tous mes moyens
à propager cette paisible étude, c'est que, dans mon opinion,
elle est plus capable qu'aucune autre d'alimenter
ce besoin d'occupation qui a tant contribué aux troubles
de notre siècle : mais il est temps de revenir à mon objet.
Il me reste à rendre compte des principaux changeniens
que j'ai faits aux méthodes dernièrement reçues, et
à témoigner ce que je dois aux naturalistes dont les ouvrages
m'en ont fourni ou suggéré une partie.
Pour prévenir une critique qui se présentera naturel