50 INTRODUCTION.
¡Mais il existe dans vm grand nombre d'animaux une
fheulté différente de l'intelligence : c'est celle qu'on
nomme instinct. Elle leur a fait produire de certaines
actions nécessaires à la conservation de l'espèce, mais
souvent tout-à-fait étrangères aux besoins ajiparens des
individus, souvent aussi très compliquées, et qui, pour
être attribuées à l'intelligence, supposeraient une prévoyance
et des connaissances .infiniment supérieures à
celles qu'on peut admettre dans les espèces qwi les exécutent.
Ces actions, produites par l'instinct, ne sont
point non plus feffet de l'imitation, car les individus qui
les pratiquent ne les ont souvent jamais vu faire à d'aut
res ; elles ne sont point en proportion avec l'intelligence
ordinaire, mais deviennent plus singulières, plus savantes,
plus désintéressées, à mesure que les animaux
appartiennent à des classes moins élevées, et, dans tout
le reste, plus stupides. Elles sont si bien la propriété de
l'espèce, que tous les individus les exercent de la même
manière sans y rien perfectionner.
Ainsi les abeilles ouvrières construisent, depuis le
commencement du monde, des édifices très ingénieux,
calculés d'après la plus haute géométrie, et destinés à
loger et à nourrir une postérité qui n'est pas même la
leur. Le s abeilles et les guêpes solitaires forment aussi
des nids très compliqués pour y dépo.ser leurs oeufs. 11
sort de cet oeuf un ver qui n'a jamais vu sa mère, qui ne
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DUS FONCTIONS INTELLECTUELLliS. •"!
connaît point la structure de la prison où il est enfermé,
et qui , une fois métamorphosé, en construit cependant
une parfaitement semblable pour son propre oeuf.
On ne peut se faire d'idée claire de l'instinct, qu'en
admettant que ces animaux ont dans leur sensorium des
images ou sensations innées et constantes, qui les déterminent
à agir comme les sensations ordinaires et accidentelles
déterminent communément. C'est une sorte de
rêve ou de vision qui les poursuit toujours; et dans tout
ce qui a rappor t à leur instinct, ou peut les regarder
comme des espèces de somnambules.
L'instinct a été accordé aux animaux comme supplément
de rintelligence, et pour concourir avec elle, et
avec la force et la fécondité, au juste degré de conservation
de chaque espèce.
L'instinct n'a aucune marque visible dans la conformation
de fanimal ; mais l'intelligence, autant qu'on a
pu fobserver , est dans une proportion constante avec
la grandeur relative du cerveau et surtout de ses hémisphères.