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INTRODUCTION.
L'histoire naturelle a cependant aussi un principe
rationnel qui lui est particulier, et qu'elle emploie avec
avantage en beaucoup d'occasions ; c'est celui des conditions
d'existence, vulgairement nommé des causes
finales. Comme rien ne peut exister s'il ne réunit les
conditions qui rendent son existence possible, les différentes
parties de chaque être doivent être coordonnées
de manière à rendre possible l'être total, non-seulement
en lui-même, mais dans ses rapports avec ceux
qui l'entourent ; et l'analyse de ces conditions conduit
souvent à des lois générales tout aussi démontrées que
celles qui dérivent du calcul ou de l'expérience.
Ce n'est que lorsque toutes les lois de la physique
générale et celles qui résultent des conditions d'existence
sont épuisées, que l'on est réduit aux simples lois
d'observation.
Le procédé le plus fécond pour les obtenir est celui
de la comparaison. Il consiste à observer successivement
le même corps dans les différentes positions où
la nature le place, ou à comparer entre eux les différens
corps jusqu'à ce que l'on ait reconnu des rapports
constans entre leurs structures et les phénomènes qu'ils
manifestent. Ces corps divers sont des espèces d'expériences
toutes préparées par la nature, qui ajoute ou
retranche à chacun d'eux différentes parties, comme
nous pourrions desirer de le faire dans nos laboratoi-
1)E L'HISTOIRE NATURELLE. »
res, et nous montre elle-même les résultats de ces additions
ou de ces retranchemens.
On parvient ainsi à établir de certaines lois qui rèn^
lent ces rapports, et qui s'emploient comme celles qui
ont été déterminées par les sciences générales.
La liaison de ces lois d'observations avec les lois générales,
faite, soit directement, soit par le principe
des conditions d'existence, compléterait le système des
sciences naturelles en faisant sentir dans toutes ses
parties l'influence mutuelle de tous les êtres : c'est à
quoi doivent tendre les efforts de ceux qui cultivent
ces sciences.
Mais toutes les recherches de ce genre supposent que
l'on a les moyens de distinguer sûrement et de fiiire
distinguer aux autres les corps dont on s'occupe; autrement
on serait sans cesse exposé à confondre les
êtres innombrables que la nature présente. L'histoire naturelle
doit donc avoir pour base ce que l'on nomme
un système de la nature, ou un grand catalogue dans
lequel tous les êtres portent des noms convenus, puissent
être reconnus par des caractères distinctifs , et
soient distribués en divisions et subdivisions, ellesmêmes
nommées et caractérisées , où l'on puisse les
chercher.
Pour que chaque être puisse toujours se reconnaître
dans ce catalogue, il faut qu'il porte son caractère avec
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