INTRODUCTION.
moins arbitraires, aisées à graver dans la mémoire, et
qui lui servent à rappeler les idées générales qu'elles représentent.
Ces images associées sont ce qu'on appelle
des signes; leur ensemble est le langage. Quand le langage
se compose d'images relatives au sens de l'ouïe ou
de sons, on le nomme la parole. Quand ce sont des
images relatives au sens de la vue, on les nomme hiéroglyphes.
Uécriture est une suite d'images relatives au
sens de la \aie par lesquelles nous représentons les sons
élémentaires, et, en les combinant, toutes les images relatives
au sens de l'ouie dont se compose la parole; elle
n'est donc qu'une représentation médiate des idées.
Cette faculté de représenter les idées générales par
des signes ou images particulières qu'on leur associe,
aide à en retenir distinctement dans la mémoire, et à s'en
rappeler sans confusion une quantité immense, et fournit
ati raisonnement et à l'imagination d'innombrables
matériaux, et aux individus des moyens de commiuiication
qui font participer toute l'espèce à l'expérience de
chacun d'eux; en sorte que les connaissances peuvent
s'élever indéfiniment par la suite des siècles : elle est le
caractère distinctif de l'intelligence humaine.
Les animaux les plus parfaits sont infiniment au-dessous
de l'homme pour les facultés intellectuelles, et il est
cependant'certain que leur intelligence exécute des 0|)érations
du même genre. Ils se meuvent en cotiséquence
DES FONCTIONS INTELLKCILT.LLES. M
des sensations qu'ils reçoivent, ils sont susceptibles d'affections
durables; ils acquièrent par l'expérience une
certaine connaissance des choses, d'après laquelle ils se
conduisent, indépendamment de la peine et du plaisir
actuels, et par la seule prévoyance des suites. En domesticité,
ils sentent leur subordination, savent que l'être
qui les punit est libre de ne pas le faire, prennent devant
lui l'air suppliant quand ils se sentent coupables ou qu'ils
le voient'fàché. Ils se perfectionnent ou se corrompent
dans la société de l'homme; ils sont susceptibles d'émulation
et de jalousie; ils ont entre eux un langage naturel
qui n'est, à la vérité, que l'expression de leurs sensations
du moment; mais l'homme leur apprend à entendre un
langage beaucoup plus compliqué, par lequel il leur fait
connaître ses volontés et les détermine à les exécuter.
En un mot, on aperçoit dans les animaux supérieurs
un certain degré de raisonnement avec tous ses effets bons
' et mauvais, et qui paraît être à-peu-près le même que
celui des enfans lorsqu'ils n'ont pas encore appris à parler.
A mesure qu'on descend à des animaux plus éloignés
de l'homme, ces facultés s'affaiblissent; et, dans les dernières
classes, elles finissent par se réduire à des signes,
encore quelquefois équivoques, de sensibilité, c'est-àdire,
à quelques mouvemens peu énergiques pour échapper
à la douleur. I-es degrés entre ces deux extrêmes
sont infinis.
INTKODLXTION.