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vidus de cette force; ils ont presque toujours la
moitié moins de grandeur et d’élévation : il en est
même qui ne s’élèvent pas à plus de 3 à 4 pieds ( 9
à 12 mètres) : ceux-ci croissent dans les pinières,
où cet arbre est si multiplié qu’on le rencontre à
chaque pas. Le feu que l’on met tous les printemps
dans les forets, brûle ses tiges jusqu’au niveau
du sol; celles qui repoussent n’excèdent jamais
cette hauteur, et elles ne portent point de fleurs,
alors il se propage par ses racines qui tracent et
qui, à quelques pieds plus loin , donnent naissance
à de nouveaux rejetions.
Le tronc de 1 Hopea tinctoria est couvert d’une
écorce unie, et lorsqu’elle est entamée au printemps,
elle rend une sève laiteuse d’une odeur désagréable.
Le bois a peu de dureté , et il n’est employé à aucun
usage. Ses feuilles, disposées alternativement sur les
branches, sont longues de 3 à 4 pouces (8 à 10
centimètres) , de forme ovale-alongée et légèrement
dentées sur les bords. Elles sont lisses, un peu
épaisses, dune saveur douce et même un peu sucrée
: cest delà, probablement , que lui est venu le
nom qu’il porte.
Lorsque cet arbre croît dans des situations trèsi
abritées , il conserve ses feuilles deux et trois ans,
tandis que dans les pinières elles sont altérées par
les premiers froids et deviennent jaunes; mais elles
ne tombent que vers le commencement de février :
pendant cet intervalle elles sont recherchées avidement
par les chevaux et les vaches qui sont aban-
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donnes dans les forêts , et qui se trouvent alors
privés des herbes détruites par la gelée.
Les fleurs de l'Hopea tinctoria ont une couleur
jaunâtre et une odeur agréable ; elles se composent
d’un grand nombre d’étamines, réunies en plusieurs
faisceaux à leur base , et qui sont plus courtes que les
pétales. Ces fleurs haissent dans les aisselles des
feuilles, et paroissent de bonne heure au printemps.
Les fruits qui leur succèdent sont très-petits, de
forme cylindrique et de couleur bleue, à l ’époque de
la maturité.
Les feuilles sont les seules parties de cet arbre
qui offrent quelque degré d’utilité. Une poignée de
ces feuilles sèches donne, parla simple décoction,
une très-belle couleur jaune, que l’addition d’une
petite quantité d’alun rend assez solide. Les habi-
tans des campagnes s’en servent pour teindre en
jaune la laine et le coton ; mais l’emploi qu’on en
fait est absolument limité aux contrées où croît
cet arbre. Je ne doute point que le commerce ne
se fût emparé de cette matière colorante, si elle
avoit présenté un avantage marqué ; et le premier
obstacle qui s’y oppose , dans ces pays où les bras
sont rares, cest la difficulté de se procurer une
quantité considérable de ces feuilles, comme plusieurs
quintaux : c’est ce dont je puis juger par celle
que j’ai eue pour en ramasser seulement quelques
livres.
Tels sont les résultats de mes observations sur
\ Hopea tinctoria , qui n’a d’autre intérêt pour les