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drique et non sillonnée, comme dans les vieux
Peupliers d’Italie. Ces feuilles, presque aussi longues
que larges , sont un peu en coeur , lisses à
leur surface , dentées à dents obtuses dans leur
pourtour et portées sur de longs pétioles, comprimées
supérieurement : prises sur de grands arbres ,
leur grandeur moyenne est de 2 pouces et demi à 3
pouces ( 8 à 9 centim, ) Mais cette grandeur varie
considérablement en plus ou en moins. Elle estplus
que du double, si elles proviennent de jeunes arbres
plantés dans un endroit fort humide, ou même si
elles sont prises sur les branches inférieures. Sur le
sommet de l’arbre, au contraire, elles sont heaucoup
plus petites. Si on compáre les feuilles, de ce Peuplier
avec celles des Peupliers du Canada et de Caroline,
appartenant à des arbres de la même force et
plantés dans le même terrein, on remarque' que
celles de l’espèce dont il est ici question, sont toujours
de moitié moins grandes.
On ne possède en France, de cette espèce, que l’individu
mâle , qu’on propage de bouture. Le Peuplier
de Virginie ou Suisse offre eela de commun avec
ceux de Canada et de Caroline, que dans sa jeunesse,
il a , comme ceux-ci, les pousses de l’année très-anguleuses
etque ces angles subsistentpendant ladeuxième
et troisième année, dans les individus jeunes, vigoureux
et plantés dans un sol humide : dans les arbres
au contraire, qui ont déjà ao à 3o pieds (7 à ro
mètres ) de hauteur, et qui se trouvent dans des ter-
reins élevés et asSez secs, les jeunes branches sont
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parfaitement cylindriques et non anguleuses : caractère
que conservent dans tous les cas, pendant plusieurs
années, les Peupliers de Caroline et de Canada.
Comme ce dernier a été souvent, et est encore quel-
quefoisconfonduàvecle Peuplier Suisse, je résumerai
leurs principaux caractères distinctifs, daprès les
observations de M. de Foucault, un des employés
supérieurs de l’administration impériale des eaux et
forêts, le plus distingué par ses connoissances botaniques
appliquées à l’économie forestière, qui a depuis
long-temps cultivé et étudié cette partie avec soin.
«Dans le Peuplier de Virginie ou Suisse, les feuilles
sont, dit-il, beaucoup moins grandes, moins en coeur;
les rameaux moins gros, moins anguleux et cylindriques
dans les jets de trois ans, sur les individus plantés
dans les lieux élevés ; lesbranchesmoins ecartees du
tronc. » M. de Foucault ajoute que le bois du Peuplier
Suisse, lui a paru plus tendre que celui du Canada,
mais que sa végétation est plus rapide, et qu’il n’exige
pas un sol aussi humide pour prospérer : cest cette
dernière considération qui est cause que cet arbre
est actuellement planté avec profusion dans toutes
les parties de la France, où l’on a trouvé qu il donne
des produits très-abondans plus promptement que le
Peuplier d’Italie.
PLANCHE X.
2. Peuplier de Virginie ou Peuplier suisse•