Le Mûrier noir d’Europe, qui a beaucoup d a-
nalogie avec le Mûrier rouge des Etats-Unis, seroit
je ne puis en douter , une très-bonne acquisition
pour les Etats du Milieu, et surtout pour ceux de
l ’Ouest où il viendroit en grande perfection. Son
fruit est trois et même quatre fois plus gros que celui
du Mûrier rouge. Cependant, j’estime que celui
de cette dernière espèce pourroit s’améliorer promptement
par une culture soignée, soit pour la grosseur
, soit par la quantité ; le perfectionnement est
déjà sensible dans les arbres qu’on a laissé subsister
au milieu des champs cultivés.
Les feuilles du Mûrier rouge de l’Amérique Septentrionale
, de máme que celles du Mûrier noir
d’Europe , sont d’une texture épaisse , rudes au
toucher, et couvertes de poils dans leur jeunesse ;
ce qui fait qu’elles ne conviennent ni l’une ni l’autre
à la nourriture des vers à soie, qui ne doivent etre
alimentés qu’avec celles du Mûrier blanc, qui sont
lisses, minces et tendres. A i 5 ou 20 milles ¡^25 ou
35 kilom. ) de Savanah, en Géorgie , on voit encore
, dans les habitations abandonnées , des Mûriers
blancs d’une grosseur considérable qui furent
plantés il y a près d’un siècle , à l’époque où l’on
tenta d’y introduire l’éducation des vers à soie ,
mais l ’expérience apprit bientôt qu’on s’étoit trompé
dans cette spéculation , car ce genre d’industrie ne
peut se soutenir avec avantage que dans les pays très-
populeux où le surcroît de population manquant de
terres à cultiver, doit nécessairement, afindepouivoir
à sa subsistance, recourir à l’industrie manufacturière,
et donner son travail'.à un très-bas prix. Or,
cet état de choses me paroît encore loin d’exister dans
les États-Unjs, où les belles et immenses contrées de
la Haute-Louisiane, à peine habitées, offrent un
beau climat et-des terres fertiles,à l’industrie agricole,
à l’excédant de population des États atlantiques et
même de ceux de l’Ouest. G estdansces dernieisÉtats
surtout que la température du climat et la nature du
.sol. seront les plus favorables à ,1a culture du Mûrier
blanc, et que l’on récoltera la meilleure qualité de
soie.
On possède, depuis long-temps , en France et en
Angleterre, le Mûrier rouge; il y réussit très-bien, et
il est spécialement recherché à cause de son feuillage
épais, qui donne beaucoup d’ombrage. Les bonnes
qualités de son bois que j’ai fait connoître, doivent
être un puissant motif pour engager les.foresticrs européens
à le propager dans les forêts commises à
leur surveillance.
P L A N C H E X.
Rameau avec une feuille et un fruit de grandeur et de couleur
naturelles. Fig. i , petit rameau avec un chaton composée de
fleurs mâles. Fig. a , fleur mâle séparée du chaton.
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