force végétative est aussi relative à ce concours de
circonstances; d’une autre part, on ne voit pas cet
arbre croître en plein bois, parmi les Chênes blancs,
les Chenes rouges, les Noyers , etc., dans les terreins
secs et à surface inégale. Il est aussi comparativement
plus rare dans toutes les régions montagneuses
des Alléghanys, que dans le pays plat. Ôn remarque
cependant que le Platane, quoique fort multiplié
dans tous les marais de cette partie de la Virginie,
que traverse la route qui conduit de Baltimore à
Pétersburgh, n’y est pas d’une belle venue, car le
plus souvent il n’excède pas 8 à 10 pouces ( 24 à 36
centimètres) de diamètre; plus au Sud, dans la
partie basse des Carolines et de la Géorgie, cet arbre
est peu multiplié, même sur les bords des rivières ;
et dans ces États, on ne le voit pas dans les Branchs
swamps, marais longs et étroits, dont j’ai déjà parlé,
et qui traversent dans toutes sortes de directions les
Pinières, lesquels , comme je l’ai dit, sont remplis
principalement de Magnolia glauca, de Laurus
caroliniensis, de Gordonia lasyanthus, d’Ërables
rouges, etc. Si l’on ne trouve pas le Platane dans
ces petits marais, la cause en est peut-être que la
couche de terre végétale, de couleur noire et toujours
bourbeuse, y a trop peu d’épaisseur et de
substance, et que les chaleurs sont très-fortes et
très-prolongées dans cette partie des États du Sud.
Mais, nulle part dans l’Amérique Septentrionale, on
ne trouve le Platane plus abondamment et d’une
végétation plus vigoureuse et plus brillante, que
dans le voisinage des grandes rivières de la Pensyl-
vanie et de la Virginie. Cette force de végétation est
peut-être plus remarquable encore, dans les vallons
incomparablement plus fertiles, au milieu desquels
circulent celles de l’Ouest, et notamment sur les
rives de l'Ohio , et sur celles des autres rivières qui
viennent, s’y rendre, telles que la Grande-Muskin-
gum , la Grande-Renhaway, la Grande-Scioto, la
Ketitucky, Wabasçh, etc. Les vallons que ces rivières
arrosent, sont couverts de forêts ténébreuses, dont
les arbres sont d’une grosseur et d’une élévation
remarquables. Le sol de ces vallons est d’une couleur
brune , très-profond, très-meuble et onctueux
au toucher. Il paroit_être le produit des couches
limoneuses, que les rivières en se débordant, y déposent
chaque.année, depuis des siècles. Les feuilles,
qui, tous les ans, à l’automne, forment un lit épais
sur la surface du sol, et les arbres morts et tombant
de vétusté, qui se réduisent en terreau, donnent
encore à ce terrein, déjà si fertile, un nouveau degré
de fécondité, dont on n’a pas d’idée en Europe, et
qui s e manifeste par des prodiges de végétation.
Les bords immédiats de ces grandes rivières de
l ’Ouest, sont le plus ordinairement occupés d’abord
par les Saules, ensuite pardes Êrables)blancs, jd c c r
teriocarpum, et en troisième rang, par les Platanes.
Cette disposition n’est pas cependant, comme on
peut le penser, tellement régulière, que ce ne soient
quelquefois les Érables qui occupent les rives ; et
le plus souvent encore, ceux-ci sont entremêlés avec