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traire, très-disséminé dans les bois, et seulement
dans les endroits où le sol est constamment frais,
fertile et ombragé. Ainsi, je ne l’ai vu nulle part d’une
plus belle végétation et plus commun, que dans le
Génessée, près des lacs Erié et Ontario. D’après mes
remarques, le Carpinus çstrja ne parvient généralement
qu’à une hauteur médiocre ; c’est pourquoi
il ne peut être considéré que comme un arbre de la
deuxième, et même de la troisième grandeur, quoiqu’il
s’élève quelquefois.à 35 et 4o pieds ( n à i 3
mètres) sur 12 a i 5 pouces (32 à 4o centimètres) de
diamètre : mais il est très-rare de trouver des individus
de cette force ; car il n’atteint le plus souvent que
la .moitié de ces dimensions.
Les feuilles de YOstrya americana sont ovales-
acun^inées, finement dentées dans leur contour, mais
d’une manière inégale ; et elles sont disposées alterna-
tivementsur les branches. Les fleurs mâles etles fleurs
femelles sonj séparées, mais placées sur le méirçe
arbre ; les premières sont disposées en. chatons pen-
dans et fasciculées. xûux; fleurs femelles succèdent des
fruits très_--.semblables à ceux du houblon, qui se
composent de plusieurs petites vésicules ovales, attachées
sur un pédicule commun. Ces vésicules, de couleur
rousse, contiennent chacune.unc petite graine
noirâtre et très-dure. A l’époque de la maturité des
graines, ces vésicules sont couvertes d’un duvet très-
fin , et qui irrite vivement la peau, pour un instant,
lorsqu’on les manie sans attention.
Lorsque cet arbre est dépouillé de ses feuilles en
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hiver, il est facile à reconnoitre à son écorce,qui est
fort unie, grisâtre, et surtout remarquable en ce
quelle est fendillée très-finement, et quelle se détache
naturellement en petites lanières très-étroites,
qui ont tout au plus une ligne (3 millimètres) de
large!
Le bois du Carpinus ostrya est très-blanc; et
le grain en est fin et très-serré; ce qui le rend
fort compacte et fort pesant. Les couches concentriques
sont très-rapprochées les unes des autres et
très-nombreuses dans les pieds qui n’ont que 4 à
5 pouces ( 12 à i 5 centimètres) d’épaisseur : leur
nombre et leur rapprochement indiquent assez coin-
bien de temps cet arbre met à croître pour arriver
à ce petit diamètre. C’est à cette cause principalement,
qu’il faut attribuer le peu d’usage que l’on fait
de son bois, quoique les noms de Bois de fe r , de
Bois à levier et de Bois dur, attestent suffisamment
ses bonnes qualités.
Dans les Etats les plus septentrionaux, et notamment
dans le District de Maine, c’est avec le bois de
cet arbre que les habitans des campagnes font des
leviers pour remuer et transporter les tronçons des
arbres qu’ils abattent dans les défrichemens, et qu’ils
réunissent en tas pour brûler. Dans les environs de
New-York, on en fait aussi fréquemment des balais,
en réduisant en lanières l’extrémité d’un bâton de
longueur convenable. C’est aussi le bois qu’on choisit
de préférence pour faire des scrubing brushes, qui
servent à ratisser les planchers des appartemens.