Le tronc du Mûrier rouge est couvert d’une écorce
grisâtre , plus fendillée que celle des Chênes et des
Noyers hickerys. Le vrai bois, ou le coeur, est jaunâtre,
approchant delà couleur citron. On remarque
que les couches concentriques sont fort écartées
les unes des autres, ce qui fait qu’elles sont
toujours très-distinctes. Ce bois a néanmoins le grain
fin , et il est assez compacte, quoique moins pesant
que celui du Chêne blanc. L ’expérience a appris
qu’il à de la force , de la solidité, et qu’employé
bien sec, il est presqu’aussi durable que celui de
l’Acacia ; beaucoup de personnes croient même
qu’il l ’égale en bonté , et qu’il résiste aussi bien
que lui aux injures du temps. Ces sont ces excellentes
qualités qui font qu’à Philadelphie, à Baltimore et
dans tous les ports de mer situés plus au Sud, on
l’employe, autant qu’on peut s’en procurer, pour
la construction des navires dont il concourt à former
la charpente supérieure et inférieure ; il est
également bon pour les genoux et les varangues ;
et à défaut d’Acacia , c’est le meilleur bois pour faire
des gournablès. Dans la Caroline méridionale , sur
la rivière Catawbaw, on l’employe de préférence à
tout autre bois pour le» courbes des grands bateaux
qui servent à transporter les productions de la partie
supérieure de cet Etat et celles de la Caroline
septentrionalé. On en fait aussi des pieux qui durent
fort longtemps en terre avant de s’altérer, et sous
ce rapport, il est presque aussi estimé que l’Acacia.
Mais le Mûrier rouge est moins commun que l’Acacia,
dônt la croissance est plus rapide et qui vient
dans des terreins de médiocre qualité. Aussi, dans
les chantiers de constructions navales, le bois de
Mûrier est-il toujours en moindre proportion que
ceux de toutes les autres sortes qui y sont mis en
oeuvre.
Tels sont les principaux usages auxquels le bois
du Mûrier rouge est ordinairement adapté , usages
comme on voit fort importans , et qui doivent en
recommander essentiellement la conservation à
tous les propriétaires Américains sur le terrein desquels
il s’en trouve naturellement.
Dans lés chantiers de construction navales et
aussi dans les campagnes, les charpentiers prétendent
qüe le bois qui provient des arbres qu’ils appellent
Mûriers mâles , est très-bon et très-durable,
et que celui qui est tiré de ceux qu’ils nomment
Mûriers femelles est très-inférieur en qualité et doit
être rejeté. Cette opinion, je pense, tient à quelque
préjugé ; et je me permettrai de douter que cela soit
ainsi jusqu’à ce qué’Jde nouveaux essais en aient
constaté la réalité. Mais en Amérique, comme en
Europe , les gens non instruits commettent, pour le
Mûrier, la même erreur que pour le Chanvre; ils
appellent Mûriers mâles, les arbres qui donnent des
fruits, et Mûriers femelles ceux qui n’en portent
pas. D’où il suit qu’en admettant leur opinion sur
les qualités respectives de l’un et de l’autre, et en
rectifiant l’erreur populaire sur les sexes , ce seroit
le Mûrier femelle qui donneroitle meilleur bois,