préfèrent le Tulipier pour faire des pirogues. Ces
bateaux, toujours d’un seul tronc d’arbre creusé,
ont beaucoup de force et de légèreté; il en est qui
portent jusqu’à vingt personnes.1 Enfin ce bois
donne un excellent charbon dont les maréchaux
se servent dans les Cantons où il n’existe point de
charbon de terre. Dans-les chantiers des villes de
New-York, de Philadelphie et de Baltimore, on
trouve toujours une grande quantité de bois de ,1'u.li-i
pier, débité de manière à être employé aux usages
les plus ordinaires que je viens d’énumérer. Ce bois
y est à très-grand marché, et il se vend moitié moins
que celui de Noyer noir, de Cerisier de Virginie et
d’Erable rouge ondulé.
Le Tulipier est tellement abondant dans tous les
pays traversés par la rivière Monongahela, entre les
4o et 39e degré de latitude , qu’on fait flotter sur
cette rivière, de grands radeaux, composés uniquement
de tronçons de Tulipiers; observation que
j ’ai faite à Bed Stone, dit actuellement Browns-
v ille , où ces tronçons sont débités en planches
pour la construction intérieure et extérieure des
maisons des environs et même de Pittsburg : elles
se vendent sur le pied de 10 dollars ( 5o francsJ les
mille pieds courant. J’ai observé que la grosseur
moyenne du plus grand nombre de ces tronçons
étoit de 12 à i 5 pouces ( 36 à 45 centimètres ) de
diamètre : les plus gros avaient 20 à 24 pouces ( 54 à
66 centimètres J, et les plus petits de 9 à 10 pouces
( 29 à 3o centimètres). Les deux extrémités de ces
tronçons étoient d’un bleu foncé; à cette occasion
j’ai obsérvé que lorsqu’on abat un Tulipier, les copeaux
qui viennent du coeur et qui sont abandonnés
sur terre, subissent au bout de trois semaines ou un
moisj une altération remarquable,, surtout ceux de 1
ces copeaux qui se trouvent à moitié enterrés sous les
feuilles; la partie inférieure devient d’une couleur
bleue foncée, et ils exhalent alors une odeur fétide
et comme ammoniacale, très-sensible..
La partie vive ou Cellulaire de l’écorce du Tulipier,
celle de ses branches et notamment des racines, a
une odeur agréable et une saveur très-amère. En Virginie,
quelques habitans des campagnes, font infuser
dans l’eau-de-vie, pendant huit jours, une égale quantité
de l ’écorce des racines de cet arbre et de celle de
Cornus florida. Cette liqueur ou teinture , prise à
la dose de deux verres à liqueur,par jour, guérit quelquefois
les fièvres intermittentes. Cette écorce réduite
en poudre, et donnée en substance aux chevaux,les
débarrasse des vers; remède qui paroit assez certain.
On trouve dans l'American Musceum, du mois
de Décembre 1792, des détails assez circonstanciés
sur les propriétés précieuses qu’assigne à l’écoree de
Tulipier, le D^çJ. Yong, de Philadelphie. Je rappe--
lerai ici ce qu’il a écrit à ce sujet, quoique ces propriétés
aient été depuis contestées dans le pays même,
par d’autres Médecins, et que l’usage de cette écorce
ne. soit pas général dans les campagnes, et qu’il n’ait
pas encore, été adopté dans les grandes villes où'il
y a plus de lumières. Suivant le Dr. Yong, le .temps
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