En Europe y les Amateurs de cultures utiles, ou
seulement ceux qui ne cherchent qu’à embellir leurs
parcs et leurs jardins d’agrément,„en y rassemblant
des arbres étrangers, se sont efforcés depuis plus de
cinquante ans, de multiplier le Gupressus disticha.
Un grand nombre d’entr’eux pensent même que cet
arbre, qui résiste bien aux froids qu’on éprouve en
hiver aux environs de Paris et même en Angleterre
et en Hollande, pourront fournir beaucoup de ressources
pour les arts, à cause des bonnes qualités de
son bois qui sont assez généralement connues, et
que de plus il présenteroit un autre avantage bien
précieux, celui d’occuper d’une manière utile beautt
coup de marais ou ter reins aquatiques, qui sont
encore vagues. On ne peut qu’applaudir aux intentions
de ces personnes et aux motifs qui leur font
recommander la propagation de cet arbre; mais je
ne puis adopter entièrement Jeur opinion sur les
résultats qu’on s’en promet: je crois même qu’il sera
toujours plus lucratif de planter des»■ Frênesj|§ des
Saules, des Aulnes et plusieurs espèces de Peupliers
et d’Erables,.parce que leur croissance estinfiniment
plus rapide; qu’ils repoussent du pied après avoir
été coupés, ce que ne fail pasleCupressus disticha\
et que leurs bois peuvent être employés tout aussi
utilement pour les Européens qui construisent leurs
maisons en pierres, et qui les couvrent de tuiles ou
d’ardoises. Je suis-également persuadé que la culture
du Gupressus disticha, comme arbre utile, ne sera
jamais suivie du succès en Europe , au-delà du 44^
C U PR ES SU S D I S T I C H A . 1"y
degré de latitude, car cet arbre a autant besoin de
chaleur que d’humidité, pour végéter avec vigueur;
çést ce manque de chaleur de nos étés qui ne sont pas
assez prolongés, qui fait que beaucoup de Cyprès
chauves, plantés près de Paris depuis plus de 26 ans,
ne complètent pas la maturité de leurs fruits, quoi
qu’ils fleurissent tous' les- ans; c’est à cette même
cause qu’on doit attribuer la lenteur de leur végétation;
car la plupart ont moins de 20 à 25 pieds
(6 à 8 mètres) d’élévation. Les plus gros Gupressus
disticha que nous possédons, se trouvent à 20 lieues
(100 kilom.) de Paris, dans les anciens domaiues
de M. Duhamel : plantés il y a plus de 4*> ans, et placés
dans la situation plus favorable à leur végétation,
ils se sont élevés à 4° pieds ( 12 mètres ) , sur n à 12
pouces (3? centimètres) de diamètre,' et cependant
léurs graines viennent très-rarement à maturité. Un
Amateur d’agricultures, recommandable par ses vues
■utiles, dont les propriétés sont en partie situées dans
les Landes de Bordeaux, et qui y a formé un établissement
pour naturaliser les arbres étrangers qui peuvent
offrir aux arts de nouvelles ressources, a obtenu
un succès très-marqué dans la culture du Gupressus
disticha; des graines que je lui envoyai en i8o3,
de la Caroline méridionale, il a élevé cinquante individus
qui, dans le cours de ces huit dernières années,
ont déjà atteint 20 à 3o pieds (6 à 10 mètres) de
■hauteur. Ce fait vient à l’appui de l ’opinion où je
suis, que cet arbre ne réussira jamais bien en France,
que dans nos départemens méridionaux, et notam-
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