
SUPPLEMENT DE L'A-NT. EXPLIQ. Liv. IV.
'redo'ublôit les facrifices, pour leur témoigner là reconnoiflànce : cela deman-
doit un fi grand nombre'de viétimes, qu’avant fa guerre contre lés Marco-
rnans, lorfque ces peuples feroces eurent pris les armes , un plaifant le fit
apoftrophe'r au nom des taureaux en ces termes, qui font un vers
Si vous êtes vainqueur, nous fommes tous perdus.
IV. L’Empereur eft voilé de fà roge , qu il.a fait monter pardeflhs fà tete.
C ’eft ici qu’on voit manifeftement ce qu on a déjà tant de fois obferve, que la
to g e étoit un habit tout ouvert comme un manteau, & non pas ferme comme
un co tillon , comme croioient ci-devant prefque tous les Antiquaires Italiens
fur l'autorité du Ferrari. On voit ici manifeftement les deux angles de
devant du bas de la toge , & l’un des angles de la toge du Sénateur voifin.
Il facrifie en verfant fa parère fur un trépied qui jette des flammes. Les facrifices
fur des trépieds fe voient affez ordinairement dans les monumens antiq
u es, & Marc-Aurele eft auflî repréfenté facrifiant fur un trépied dans la
colonne Antonine. A côté de l’Empereur eft un Salien , Prêtre de Mars,' qu on
reconnoît à fôn bonnet appellé Apex, nom pris de la longue pointe qui s eleve
pardeflus. Ce bonnet eft arrêté par une attache qui lui- pafle pardeffous le
menton : ils le lioient ainfi fortement, parce que s’il étoit venu a tomber, il
n ’y ail oit pas de moins que de la perte du facerdoce.
V. Ce Salien eft là pour faire honneur à fon co n fic ic l’Empereur, qui étoit
auflî de l’ordre des Saliens. Il étoit entré dans leur College dès l’âge de huit
ans, dit Capitolin c. 4 . ce fut l’Empereur Hadrien qui fit cet honneur au
jeune Aurele.Dans ce College il eut un préfage qu’il ferait un jour Empereur.
Le voici tel qu’il eft rapporté par le même Auteur. Comme tous les Saliens
jettoient des couronnes îur le pulvinar , celles que les autres jettoient tombèrent
d’un côté & d’autre où le hazard les portoic ; & celle que Marc-Aurele
jetta, tomba fur la tête de Mars, où elle fe plaça comme fi on l’avoit agencée
. avec la main. Dans ce facerdoce Marc- Aurele brilla pardeflus les autres, & il
paffa par toutes les fuperioritez. II ne faut donc pas s’étonner fi étant devenu
Empereur, il conferva toujours de l’attachement pour ce C o lle g e , & fi dans
un facrifice fi célébré il fit tenir un Salien auprès de lui.
Quelqu’un croira peut-être que ce Salien Prêtre de Mars, eft une preuve que
-reddendis gratiis adaugebat : id quod tam ingentem
-vidimarum numerum 'poftulabat , ut antequam
bellum fufeiperet Marcomannicum , poftquam illa
ferox natio arma moverat, feftivus quidam poëta
taürorum nomine hunc verfum ediderit :
A y <j’J YiY.Afj-as , *[iïïs ctTroKoptiOd.
S i v ic lo r f u e r i s , omnes p e riim u s .
IV . Toga ipfavelatür Imperator, quam itaex-
tulit ut fupra caput fuum confcenderet. Hic autem
- mariifefte videmus , quod jam toties obfervatum
:eft , nempe togam veftem elle apertam ut pallium,
non aütem ciaufam ut tunicellam, id quod ante-
hac putabant omnes peneltalici antiquarii,Oda vii
Ferrarii audoritate dudi. Duo quippe anguli togæ
-anteriores hic confpiciuntur -, & after quoque an-
:gulus cernitur in toga Senatoris vicini. Sacrificat
autem pateram éffundens in tripodem flammas
■ emittentem. Ad tiipodem facrificia fieri non raro
vidimus , & Marcum ipfum Aurelium in tripode
' facrificantem in columna Antonina confpicimus ;
A latere Imperatoris Salius efb facerdos Martis, ab
ap'ice quem capite geftat, cognitu facilis ; apex autem
ficdicitur a longa virgulaquæ in vettice promi-
net. Fafcia ligetur & retineturapex , quæ ab altera
ad alteram genamfub mento deduda, afeendens
apicem annedic & firmat. Sic autem fortiter liga-
-bant , quoniam fi cafu lapfus eilet , facerdotium
baud dubie amifilfent.
V . Hic Salius fodali fuo Marco Aurelio Augufto
honoris caufa adeft. O Stennis enim Marcus Aurelius
in Saliorum collegium admilTus fuerat, inquic
Capitölinus c. 4. Imperatore Hadriano Aurelio ju-
-veni hunc honorem deferente. In Saliatu , pergit
idem , omen accepit imperii. Coronas omnibus in
pulvinar ex morejacientibus , alia aliis locis haferunt >
hujus, velut manu, capiti M artis aptata eft. Fuit in
eo Saccrdotlo & praful & vat es Ó" magifter 3 Ó' multos
inauguravit ate/ue exauguravit, nemine praeunte >
quo a ip f i carmin a cunBa didiciftet. Nihil mirum ergo
fi ad imperium eve dus, Temper idem ipfum collegium
affedu profequutus eft, & fi in tarn celebri
facrificio Salium , quiadftaret , fibi accerfiverit.
Exiftimabit forte quifpiam hunc Salium Martis
Sacerdotem,facta Marti fieri indidio efte. Sed tern«
^ y i
le facrifice fe fait à Mars : mais le temple de Jupiter devant lequel l’Empereur
l’offre me perfuade que le facrifice fe fait à Jupiter. On facrifioit ordinaire
ment devant les temples, & au bas de l’efcalier, ou du perron par lequel on
montott au temple & facrifier à Mars devanfle temple de Jupiter c eft une
chofedontjenai point encore vu d’exemples. D’ailleurs le Salien préfent au
facrifice n eft pas celui qui facrifie ; c’eft l’Empereur lui-même qui n’a point
1 ornement d un Pretre Salien. Après tout il pourrait bien fe faire qu’il facrifie
en même tems à Jupiter & à Mars.
VI. Devant le trepied on voit le Camille, jeune garçon qui tient l’acerra
ou la boëte a 1 encens : il eft revêtu d’une tunique fort courte. Ces Camilles
dévoient etre patrimi Sc matrimi ; c’eft-à-dire , avoir leur pere & leur mere
vivans, faute dequoi ils ne pouvoient pas exercer ce miniftere. Ce qui eft à
remarquer dans ce Camille, & dans celui de la planche fuivante, c’eft qu’ils
ont une longue chevelure, contre l’ordinaire des Romains, qui portoient les
cheveux fort courts. U y a grande apparence que cela étoit en ufàge pour les
Camilles feulement, & ce qui me confirme dans cette opinion, c’eft q ue dans
prefque tous les grands facrifices Romains , que j’ai vus jufqu’à préfent, tous
les Camilles ont de longs cheveux. Le joiieur de flûte qui joüe pendant le
facrifice, n a qu une flûte contre 1 ordinaire. Ils en ont ordinairement deux
es exemples contraires font fore rare s, Gc joueur de flûte eft couronné de’
laurier, il eft fort jeune, & n a pas la taille d’un hommefait:ce qu’on remarque
non feulement ic i, mais dans le facrifice fuivant, & dans plufieurs autres.
Ce font des particularitez que les auteurs n’apprennent point, & que les
amateurs de 1 antiquité faififfent quand ils en trouvent plufieurs exemples
repetez dans les monumens. Le viéfimaire couronné de laurier eft nu jufqu’à
la ceinture , &: n a pour fe couvrir jufqu’au deflous du genou qu’une pièce
d étoffé frangee par le bas. Il tient le taureau de la main droite, & de la gauche
une hache, qui a d’un côté le trenchant, & de l’autre un efpece de maillet
pour affommer la viétime. Les viélimaires fe fervoient ou de ces fortes de
haches, ou de maillets qu on voit fur les anciens monumens. Celui qui eft
derrière le viétimaire porte un feau d’eau pour l’afperfion, ou pour l’ablution
du Pretre. Derrière 1 Empereur on voit un Sénateur qui paraît être du premier
lum Jovis,ante cujus oftium facrificatur,fignificat
auddubie facrificium Jovi offeri.Ante templa mos
erat facrificia offerri, & ante gradus queis adoftia
templiafcendebatur, vi&imæ madabantur. Sacri-
ficium autem ofFerri Marti ante Jovis templum non
puto , hujus certerei nullum hadenus vidi exem-
plum. Ad hæc vero Salius ille qui facrificio adeft
nônipfe facrificat : hoc munus Imperator ipfe exer-
ercet, qui notas Salii Martis non præ fe fert. At
fortalle fimul & Jovi & Marti facra facit, id vero
nec ftatuere nec prorfus negare aufim.
VI. Ante tripodem vifîtur Camiîlus , puer acer-
ram geftans, five arculam thure plenam, brevifiïma
autem induitur tunica. Camilli patrimi & matri-
miexrecepto more erant j videlicet parente utro-
que vivente officium exercebant, altefutro autem
defundo abdicare cogebantur. Quod autem obfèr-
vandum in hoc Camillo eft , neenoninalio Tabulæ
fequentis , comam uterque prælongam geftat, præ-
ter Romanorum morem . qui decurtatum omnino
capillicium geftabant. Videtur autem comam iilam
prælongam Camillis tantum in ufu fuilfe, id quod
itaelfe compuobatur ex omnibus ferme Romanis
facrificiis folennibus, quæ hadenus videre licuit • in
iis enim Camilli longam habent comam. Tibicen
in hoc facrificio una tantum tibia ludit, cura ex ritu
frequentiore tibicines tibia duplici Iudere foleant
raroque admodum una tantum tibia ludant. Tibicen
porro hic lauro coronatur : juvenis admodum
eft , needum ad viri ftaturam pervenit : id quod
non hic tantum , fed etiam in fequenti facrifie
cio in aliifque plurimis obfervatur. Hos peculia-
res ritus apud feriptores veteres fruftra quæras î
antiquitatis porro ftudiofi quilibet, hæc in monuments
obfervant, & exemplis frequentibus alferere
nituntur: quod ipfum dicatur de coma Camillorum.
Vidimarius lauro coronatus ad zonamufque nu-
dus eft, pannoque tantum fimbriato a lumbis in-
feme ad genua ufque operitur. Manu vero dextera
taurum tenet, finiftrafecurim , altera parte acumi-
natam , altera in mallei modum concinnatam. V i-
dimarii porro vel malleis vel fecuribus uteban-
tur, ut in veterum monimentis obfervatnr< Is qui
pone vidimarium eft fitulam aqua plenam ad alper-
iionem aut ad facerdotis ablutionem geftat. P one
Imperatorem Senator conlpicitur, qui ex primariis