
'miniftére ont recours aux dieux dans la. nécefficé, peuvent auffi attirer leur
vengeance fur ceux qui fans aucun égard pour la juftice & 1 équité , s aban-
donnent au crime, lorfqu’ils efperent le pouvoir faire impunément. Telle fut
l’imprécation de Chryfés qu’Homere qualifie , fur le camp des Grecs , qui
pour le crime d’Agamemnon , fie périr tant d’innocens : ce qui a fait dire a
un Poète : I
.X^mdqwâ délirant reges pleümtur Àchivi. •...
On appelloit auffi les Prêtres 86™, ce qui veut dire fâcrificateur. Le facrifice
étoit fa principale fondion du Prêtre; c’étoit comme le prix des grâces qu’on
demandoit aux dieux. Ce nom ÿ™ a été auffi donné par les Chrétiens Grecs
à leurs Prêtres, parce,qu’ils offrent tous les jours a Dieu ce grand facrince , qui
a abrog? tous les autres facrifices. On les appelloit auffi ». nom quifigni-
H initiateur. C’étoient eux qui initioient aux myftéres ceux qui étoient
deftinés ou à la Prêtrife , ou à quelque office fubalterne. Ces initiations le
faifoient dans des lieux fecrets, ou l’on n’admettoit que les initiés, ou ceux
qui devoieut l’être : ce qui Mbit que les peuples regardoiem ces beux avec
quelque efcece de frayeur.* étoit encore un nom plus general des Prêtres
; il marquoic qu’fis éxerçoient toutes les J fondions facrees de quelque
genre quelles puiffent être, comme prier, faire des voeux , facrifier . expier
les péchés Si les crimes de ceux qui venoient à réfipifcence. Ce dernier
miniftére étoit encore marqué par ce mot *«8.?™, qui veut dire purificateur^
ils avoient des cérémonies pour purifier les crimes , les vols, les meurtres me-
ifie faits ou de propos délibéré , oti par mégardè : car ces derniers quoiqu’ils
ne méritent pas le nom de crime, s expioient pourtant comme les autres.
Hérodote raconte qu’Adrafte Phrygien , fils de Midas de race roïaie,
ayant tué pâr mégarde fon propre frere, il fe réfugia à là Gour de CrcélusdR.oi
de Lydie, qui le reçut bénignement, Si avec tout le bon accueil poffible.
Adrafte rebgieux à fa mamere , demanda d abord que fon meurtre quoiqu involontaire
fût expié; Croefus l’expia lui-même: la maniéré d’expier des Lydiens
, dit Hérodote, eft la même que chez les Grecs. Dans ces anciens temps
les Rois éxerçoiént les fonctions du Sacerdoce. ..
IL Les Prêtres qui font comme les médiateurs entre Dieu & 1 homme,
eft a numine bénéficia poftulare, iis qui fuo ad hanc
rem uteremur niinifterio , vindictam quoque deo-
rum in eos attrahere poflè s qui nullam habentes
arquitatis juftitiæve rationem in.(cetera proruunt, fi
quando id impune fore fperarint. Hujufrnodi fuit
imprecatio Chryfæ , qui apHTii, vocatur ab Homero,
ïn Græcorum caftra, quæ imprecatio tôt infontibus
perniciei fuit, cum unus Agamemnon noxius effet.
Cujus rei occafione poëta quidam inqult :
Qnidfiid délirant reges fleBumur Achivi
Horat. Epift. 1 . 1 . .
Vocabantur item Sacerdotes t lm i, id eft [aerifies.
Hoc præcipuum erat Sacerdotum officium, facri-
fictum videlicet offerre, quod erat ccu pretium be-
neficiotum, quæ a numine petebantur. Hoc nomen
th a ï Græci quoque Chriftiani Sacerdotibus fuis d j-
bant. Etenim ipfi magnum illud quotidie^ facrifi-
cium offetunt, quqd cetera omnia facrificia abro-
gavit, Texte«! quoque nominabantur, quæ vox figni-
ncat initiatôres. llli qüippe myfteriis initiabant eos
qui vcl Sacerdotio , vel muneri cuipiam inferipri
deftinabantur. Initia autem ilia in locis fecretis ac
remotis fieri folebant, ubi foli iniciati & initiandi
admittebantur. Quapropter popql’us non line quo-
dam horrore hate arcana loca fpetftabatl lefw$yel item
nomen Sacerdotum erat, quo fignificabatur ipfos fa-
cras fun&iones omnes generatim exercere, ut erant
verbi oaufa precari, vovere, facta facere, peccata fce-
leraque expiate , cum quis rehpifcerec. Hoc autem
poftremum minifterium hoc etiam nomine a<t8«rrai
indicabatur, quafi dicas ptsrgatores, vel pstrificatores,
Erant certi ritus, ftatuneque ceremonix ad expianda
fcelera, furta videlicet & cedes, five eje de induftria
five per imprudentiam perpetrate fuiflent. Et ft hoc
poftremum non debeat crimen cenferi , expiabatur
tamen ut cetera. Kcfcrt Herodotus 1. 1. c. 3 5. Adraf-
tum Phryga ex regia ftirpe ortum , cum.ptr imprudentiam
ftatrem occidiftet, ad Creefum Lydix regem
confugifle, qui ilium benigne & perhumanitet except!
: Adraftum, utpote patrio more religiofum ro-
gafle, ut cedes ilia, licet non voluntaria, expiarerur.
Expiavit ipfe Crcefus : expiabant autem Lydi perin-
de atque Grxci, inquit Herodotus, lis enim antiquis
temporibus reges Sacerdotum fundkioncs obibant.
II. Sacerdotes qui inter Deum & homines quafi
conciliatores quidam funt, vittutum omnium ecu
doivent être des modèles de vertu, Si attirer lès autres par leur bon exèmple
à rendre leur devoir à l’Etre fuprême 3 qui eft la fource de tous les biens où
l'homme peuc afpirer. Il lèmble que la droite raifon avoit dicté cette maxime
a ces anciens Grecs, & aux Romains leurs imitateurs. Malgré cette foule de
dieux que la fuperftidon avoit introduits , malgré les vices déteftables qu’ils
ateribuoient à plufieurs d’entr’eux , ils vouloient que leurs Prêtres fuifent purs ,
iàints, chaftes : il y en avoit même qu’ils obligeoienc à une virginité perpétuelle,
& quelquefois forcée.
III. Le temple de Diane d’Ephefe avoit des Prêtres eunuques qu’on appelloit
Megalobyzes : il s’en préfentoic de différens endroits pour occuper cette
dignité, Si on leur portoit un fort grand honneur. Des filles vierges parta-
geoienc avec eux le iàcerdoce. Cela ne fut pas toujours obfervé, Si dans la
fuite du temps on garda une partie de ces coutumes, & on négligea l’autre.
Il ne faut donc pas s’étonner fi les Auteurs d'un âge plus bas ne s’accordent
pas fur cela avec ceux qui les avoienc précédés.
IV. Il y avoir des lieux où l’on obligeoic les Prêtres à s’abftenir de certaines
viandes qu’on eftimoit immondes. Les Prêtres de Cérès Si de Pi oferpme , Sc
meme ceux qui étoient initiés aux myftéres de ces divinités, ne mangeoient jamais
de lamproies, parce quelles produifent leurs petits par la gueule ; d’autres
nioient cette maniéré de génération, Si prétendoient que quand la lamproie
rend ainfi les petits par la gueule, c’eft lorlque la peur qu’on les lui enleve
1 ayant oblige a les avaler, elle les rend enfuite vivans , quand la crainte eft paf-
fée. Les mêmes Prêtres Si les initiés aux myftéres de Cérès, auffi-bien que la
Prêtrelfe de junon l’Argolique, ne mangeoient jamais du poilfon nomma
Mulet. Et ceux de Cérès d’Eleufine avoient le Mulet en honneur.
Quoique généralement parlant, ces profanes éxigealfent dans leurs Prêtres
& Prêtrelfes une grande fainteté de vie, Si des moeurs éxemptes de tour reproches
, ils varioient dans leurs coutumes „ & la rigueur des loix admettoit du
plus Si du moins en différens Pays.
V. La Prêtreffe Si le Prêtre de Diane Hymnie, dont le temple étoit fur le
haut d une montagne, étoient obligés à garder la chafteté conjugale , de s’abf-
tenir des bains publics Si des maniérés de vivre des gens du monde, de
fpecimina fine oportet, ipforum officium eft exempta
fuo aliis praducere, un fupremo Numini bonorum
omnium , quæ poflunt homini concedi, fonti,
culcum præftenc debicum. Ipfa cerne nanurali re£ta-
que ratione Græci anque Romani iliorum Çiiacùtcu
hoc animo anque fennenria fuerunr. Licen canervam
illam ingencem deorum, quos mera fuperftinio in-
duxeran, præ oculis haberenn , eefi plerolque eorum
flaginiis nantum ac fceleribus nobilinanos fuifle frirent
: id tamen optabant, id curabant, ut Sacerdotes
fui, puritate , fandtimonia, caftitateque fpedtabi-
les eflènt. Nonnullos etiam eorum virginitatem con-
tînentiamque fervare cogebann.
III. Templum Dianæ Ephefîæ , verba funt Stra-
bonis lib. xv. p. 4 4 1. Sacerdoces Eunuchos habe-
bac, qui vocabantur Megalobyzi. Ex mulcis locis
vauÜ confluebanc un illam occuparenc dignitatem ;
nam illi magno in honore habebantur. Puellæ quæ-
dam virgines in partem Sacerdotii cum illis vocabantur.
Non femper ii manfere ritus , infequen-
tibus enim temporibus hujufrnodi confuetudines
partim negledtæ, gartim fervatæ funt. Neque mi-
rum fi inferioris ætàtis feriptores cum præcedenti-
bus circa res eafdem non confentiant.
IV. Quibufdam in locis interdicebancur Sacerdotes
efu ciborum quorumdam. Aituflcllum yifcém ,
inquit Ælianus var. hift. 9. 65. aiunt n um quam dea-
rum ( Cereris & Proferpmæ ) Sacerdotes edere , non-
enim mundum ejfe cibum jutant , quoniam ore parie.
Quidam non ipfum ore parère dicunt : fed infidiarum
timoré prolemfuam, ut in tuto ponat, devorare, deinde-
que pofito timoré , vivam evomere. Itemque ii ipfi Sa-
cerdotes mullum nunquam attingunt, ut neque Juno-
nis Argolica Sacerdos mulier. Pro muftello in Græ-
co legitur yetK&i qui pifeis cujus generis fit non
omnino convenit inter feriptores. A mullo item ab~
ftinebat Sacerdos femina Junonis Argolicæ : & Cereris
Sacerdotes mullum in honore habebant.
Etfi generatim loquendo profani illi in Sacerdotibus
cujufvis fexus tantam exigèrent vitæ fandtita-
tem , morefque nulli obnoxios vituperio, in variis
tamen regionibus ea in re non pauca diverfitas ob-
fervabatur, legumque fèveritas plus minufve diver-
fis in locis admittebat.
V. Sacerdos mas & femina Dianæ Hymniæ , cujus
templum in monte fitum erat, inquit Paufanias
1. 8. c. 13 . his fubjedi erant legibus , ut cafticateriv
conjugalcm fervarent, a balneis publicis abftine-
A iij