
% Au temple de laMinerve de Sais, qui pafïbit pour la
fur le pavé cette infcription : je fuis tout ce qui a efle 1 quiefi qui fera.. &■
aucun des mortels ri a encore levé monpepleou monmile s ce<jui vouloir dire
que perfonne navoip encore pénétré dans fes myfteres. Ifiseto it, dit ailleurs
Plutarque, la nature féminine o u lam e r e nature, qui contient en elle-meme
la génération de toutes çhofes | félon Platon elle nourrit & reçoit tout. Pinceurs
l’appelloient -myrionyme,,parce que fe tournant en toute forte de formes,
& étant fufceptible de route efpece d’idées, o n l a pouvoir appeller d une infinité
de noms.C’eft apparemment pour cela qu’on la voit peinte en tant de manières
& toutes differentes félon les differentes fondions qu on lui attnbuoit.
LesWyptiens rapportoient donc tout à Ifis. Elle étoit tout félon les uns,
elle renfermait & nourriffoit tout félon les autres. Ici elle porte fur lateteun
grand cercle, qui en-renferme d’autres-, enforte qu’ils’en trouve quatre en tout.
Le. premier & le plus grand cercle eft blan c, le fécond bleu le troiùeme gris
brun, le quatrième rouge-, cela paroît-marquer les quatre elemens ; le rouge
fera le feu -, le gris brun la terre -, le bleu l’eau v le blanc 1 air. Le feu eft au
centre comme celui qui donne la chaleur & la vie à toutes choies. Il ri y a
que ces quatres couleurs emploiées dans tout ce tableau: ce qui peut avoir
fa raifon en ce que ce font les quatre élemens quicompofent toutle monde.
Si le jaune s’y trouve quelquefois, il n'y eft que pour quelques ornemens &
non pour repréfenter les chofes. Ifis porte une coëffe b leù e , qui lui pend fur
la poitrine. Je ne fai s’il y a li-deflbus quelque myftere. Ses deux bras font
-étendus • elle montre le dedans des mains, & replie fes doits. Sur les deux bras
font deux tableaux dont les bords font bleus & jaunes, & les fonds rouges_Dans
le tableau foutenu fur le. bras droit, on voit d’abord d un côte lus coëftee de
bleu comme la grande Ifis qui eft au milieu : il eft affez ordinaire dans les
images Egyptiennes de voir la même figure revenir deux fois fur le meme tableau.
Cette Ifis a d’abord une robe blanche marquée de lignes noires fur 1 e-
paule : une autre efpece d’habit brun étroit q u e lle p o rte, laiffe voir un pan
de la robe blanche, qui paroît être de toile. Ifis tient de fes deux mains une
IfidemeffeÿHtant, inquitPlutarchusde Ifide & Ofinde
p. 351L. hanc habtbat Infcrtj/rioftein to
• S eft -, Igo pm omne quod fu i t , eft & ent :
weumque pephm nemo haclcnus mortalium detexit :
quo fignificabatur mortalium neminem adhuc
in ejus myfteria penetraviffe. Ifis erat , inquit
eodem libro pag. 37 z. Plutarchus , natura
feminina , feu mater Natura , quæ rerurn om-
nium generationem in fe conrinet , fecundum
Platonem , alic ilia recipitque omnia. Multi illam
mytionymam appellabant, quia in omnes fefe
tranfmutans formas & cujufvis generis ideas
in fe recipiens , innumeris poterat nominibus
appellari. Ideoque , ut credere eft , cot modis
& formis depi&a occurrit, iifque variis , fecundum
earum, quæ ipftattribuebantur , functionum
diverfitacem.
Ægyptii ergo ad Ifidem referebant omnia. Omnia
erat ipfa fecundum quofdam , omnia in fe conti-
nebat & alebat fecundum alios. Hicvero circulum
magnum capite geftat, qui alios concinet circulos,
ita ut quatuor fimul circuli reperiantur , primus
maximufque circulus, albus eft ; fecundus,cæruleus';
terxius, cinereus obfcutus ; quartus ,rubeus. Quæ
videncur omnino quatuor ^eleemnta indicare : rubeus
circulus', ignis exit; cinereus obfcurus, terra ;
deruleus, aqua ; albus, aer. In centro ponitur ignis,
quad fcilicet ipfe foveat omnia, caloremqne atque
adeo vitamindat. Hivero quatuor tantum co ores
in hac myftica Ifidis piauraadhibentur : id ilia de
caufa fic concinnari potuit, quod quatuor eleménta
totum orbem conftituant. Si autem flavus 'color
aliquando adhibéatur , ad ornatum tantum non ad
res exprimendas admittitur. Ids cæruleo velo tectum
caput habet, quod velum ad pedfcus nfq'ue dcl-
cendit : nefcio autem utrum hac in re quidpiam
arcanum laceat. Duo brachia ejus extenfa font , &
volas maniium ilia monftrat, quacum plicati digiti
funt. Ejus brachiis hinc & inde fuftentantur tabulae
duat depidtx ,. quarum oræ cæruleæ flavæque
funt, fundus autem piéiuræ ruber 'eft. In tabula
ilia quæ brachio dexcro fuftentatur, in alteto latere
ftatim videtutlfts, cujus caput cæruleo velo tedium
eft ut in imagine majore : -non infolitum , eft in
tabulis depiftis Ægyptiacis eamdem ipfam. pet-
fonam bis terve 'repraefentari. Ifis hæc vefte induitur
alba , nigris diftinfta lineis ad humeros. Veftimento
item alio nigricante tcgitur, itaut veftis albæ extrema
pendentia cernàntur : hæc porro alba veins
ex tela videtur elfe confeda- Ifis vero fafciamcom-
plicatam manibus tenet, quæ fafcia fuperne ceu
bande pliée en deux, dont le pli fait au-deffus des mains une efpece d'amléau.
L’habit de l’autre figure-du même tableau, & des deux du . tableau oppolé,
eft tout-à-fait femblable à celui-ci, elles tiennent la bande en la même maniéré
; mais les têtes font très-differentes, & les trois reprefentent des animaux.
Lafigure qui occupe l’autre côté du tableau a la tête du Cynocéphale , telle
que nous l’avons donnée à la planche c x x iX . du fécond tome ; elle regarde
Ifis qui eft de l’autre côté. Entre les deux eft une efpece de colonne qui pourrait
être un autel, fur lequel on voit comme des Vafes ronds , qu’il eft mal-
aifé de diftinguer, tant cela eft mal formé ; le tableau de l’autre côté eft fur le
bras gauche d’Ifis. On y voit la même efpece d’autel que ci-devant. Le Dieu
qui eft à l’un des cotez eft Ofiris à tête d épervier; car on le reprefentoit ainfi
dit Plutarque. Au côté oppofe eft Anubis à tête de chien.
ï 11. Ifis porte donc ici for fa tête les quatre élemens, difpofez en cercle ou
peut-être en globe, coupé par le milieu pour en faire voir la difpofition : c eft
à-dire, quelle foûtient toute la nature : elle porte aulfi fur fes bras toute la
Religion, marquée parles principaux dieux. Chacun de ces dieux avoit rapport
à Ifis. Il ne faut donc pas s’étonner fi le culte d’Ifis étoit fi general dans
î’Egypte. Après la tête & les bras d’Ifis vient le fein de cette déeffe , qui paroît
nu , & eft marqué d’une croix de Saint André ; on remarque de même
cette forme de croix for le corps d’Ofiris, dans l’autre image de cette planche.
La croix fe voit affez fouvent entre les mains des dieux Egyptiens corn-
nie nous venons de voir, & comme nous avons dit au fécond tome de l’Antiquité
p. 177. & ailleurs: au.dcffous de cette croix de Saint André , le corps
d’Ifis eft peint en petits carreaux de bleu, rouge & brun, avec quelque forte
de lymmetriedl femble que ce ne font que des couleurs appliquées fur la chair,
ou fi c’eftun habit, il eft extrêmement jufte au corps. Ces couleurs régnent
jufqu’à la cheville du pied.
IV. Sous les bras étendus d’Ifis, font de grandes ailes qui vont de chaque
côté jufqu’à l’extrémité du tableau. On y voit d’abord quatre rangées de ces
petites plumes qui font au plus haut des aîles comme un duvet, Les premières
font bleues , les fécondés rouges , les troifiémes bleues; les quatrièmes
brunes. Enfuite viennent trois rangées de grandes plumes : la première ranannulum
efficit. Altéra hujus tabula: figura, nec-
non duæ aliæ in oppofita tabula eodem prorfus
cultu veftituque indutæ funt, fafciamque tenent
omnes eodem prorfus ritu. Sed capita omnino différant
, tria enim animalium & capita 8c roftra
habent. Alia perfona hanc priorem tabulam occu»
pans caput habet Cynocepnali, qualem dedimus
in tabula cxxix . fecundi tûmi Antiquitatis expia-
natæ. Cynocephalus Ifidem refpicit in altero po-
fitam latere. Inter ambos ceu columna quæ dam
vifitur, auc fortaiïis ara , cui impofitafunt quædam
Vafa, quæ internofcere admodum difficile eft,ufque
adeo funt rudi penicillo delineata. In oppofito latere
tabula depidta brachio Ifîdis finiftro nititur.
Eadem ipfa ibidem ara vifitur quæ in præcedenti
tabula : in altero latere Ofiris flat cum accipitris
capite. Sic autem ille,Plutarcho de Ifid. 8c Os. telle,
rcpræfentabatur, huic oppofitus eft canino capite
Anubis.
I I I . Ifis ergo quatuor elementa capite geftat, in
circulum difpofita, imo fortalïïs in globum , qui
confpedlus 'caufa fe&us fit ; quo fignincacur ab ilia
naturam totam fullentari ; bracliiis item portât
rcligionem totam præcipuorum deûm figuris figni-
T ome IL
ficatam. Dii vero fiftguli ad Ifidem aliqüa ratione
referebantur , quid ergo mirum fi tantus elfen fin
Ægypto Ifidis cultus ? Poft caput 8c brachia Ifidis , ■
infra videtur peôtus illius , nudum , & fanóbi
Andreæ, ut vocant, cruce notatum , eadem quoque
crucis S. Andreæ forma- obfèrvatur infra in hac
ipfa Tabula fupra peôtus Ofiridis defunôti. Crux
fæpe in manibus Ægyptiorum deorum cernitur,
ut modo vidimus , utque diximus in fecundo And-
quitatis explanatæ tomo p. Z77. atque alibi. Sub
ilia fanôli Andreæ cruce corpus Ifidis quadratis
tabellulis opertum eft, cæruleis , rubris , nigrican-
tibus cum lymmetria quadam concinnatis. Yiden-
tur autem hîc colores in cute pofiti j aut fi veftis
f it , ea admodum angitfta 8c arôle corpori aptata
eft. Colores autem illi varii ad ùfque malleolos
pedùm pervadunt.
IV. Sub brachiis Ifidis extènfis, alæ funt grandes*
quæ ex utraque parte ad extremam tabulam per-
tingunt. Statim autem confpiciüntur quatuor or-
dines plumarum illarum tenuium molliorumque,
quæ in extremis avium alis obfervantur : Prima
cæruleæ finit,fecundæ rubræ, tertiæ cæruleæ,quartæ
nigricantes. Deinde fequuntur tres magni penua- s