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L VI.
SUPPLEMENT DE L’$.NT. EXPLIQ^Liv. VIL
C H A P I T R E XI.
Vtfè des 'Ba.jîlidiens,
NOus mettons le vafe feivant après les Abraxas, parce que ces ca-
■ raéteres Grecs entremêlez d’autres caraéteres faits d imagination,
parodient être de l’invention de,ces Bafilidîens. Ce curieux monument appartient
à M. Recanati, Gentilhomme Vénitien, qui m’en a envoie' le def-
l'ein tel que je le donne ici. Le vafe eft reprefente dans toute fa grandeur ,
èc les figures qui l’ornent tout au tour, occupent le bas de la planche. On
y voit d’abord une femme qui a des ailes, & qui tient par un manche une
tablette, où font quelques caraéteres magiques , fur l’autre bras elle tient une
maffuë ; cette figure le trouve lur le vafe près du Temple d Hercule , qui
fe voit ici au bout oppofé de 1 image. Apres cette figure qui eft une viéloire
on voit deux oifeaux .perchez fer une machine de bois a plufieurs branches.
Après cela une femme affife tient de la main gauche un gros bâton comme
un bois de pique, & de l’autre main une petite figure qui reffemble a une
mumie. La chaife où la femme eft affife, eft pofëe fer une bafe qui a une
infcription en deux lignes, dans la première ligne écrite en car a cieres Grecs
on lit tpovn. Ce qui ne veut rien dire, la fécondé ligne eft de caractères
inconnus & forgez par des gens qui ne vouloient pas qu on les entendit ,
peut-être même que fans leur donner aucun fens , ils ne les ont mis la que
pour donner à tout ceci un plus grand air de myftere. Apres cela vient un
vafe rond oblong , étroit par le kaut comme un vafe appelle gutrus qui a
la bouche fort étroite, au côté duquel font ces deux lettres , I î . Au-deflùs
de ce vafe eft un oifeau dans un vafe comme dans fon nid : il fe tient dans
ce creux comme s’il couvoit fes oeufs. Au-deffus de l’oifeau on voit ces lettres
Greques AO. Après tout cela vient le frontifpice d’un temple , que les
deux maffuës pofées aux deux cotez du fronton , prouvent être un temple
CA PU T x i .
V a s B a f i l i à i a n o m m .
I . T J As- fequens poft Abraxæas gemmas loca-
V mus , quoniam charadteres Græci cum aliis
chara&eribus ignotis & ex arbitrio inventons con-
cinnatis ad Bafilidianorum arcana videntur per-
tinere. Hoc fingulare monumentum ex Mufeo eft
erudidüimi viri Recanati nobilis V eneti, qui deli-
neatam mihi vafis figuram tranfmifit, qualem hic
videre eft. Vas in archetypo eamdem quam hic
habet amplitudinem j anaglypha autem circum
pofita imam totam tabulam occupant. Primo
alata mulier vifitur , quæ tabellam tenet magicis
characfceribus onuftam ; altère autem brachio cla-
vam. Hæc porro mulier in archetypo prope tem-
plum Herculis e f t , quod hic oppofitam tabulæ
faciem occupât. Poft hanc mulierem quæ vi&oriam
haud dubie repræfentat 3 mulier fedens læva tenet
8
baculum five haftam puram , altera veto manu
figuram quæ Mumiæ pene fimilis eft. Sella in quä
mulier iftæc fedet bafi cuidam impofîta eft , in
cujus anteriore facie inferiptio duobus conftac
verfibus. In primo verfu Græcis litteris t am
legitur, cujus vocis nulla fignificatio eft 5 fecundus
verfus charaôfceribus ignotis eft exaratus , arbitrio
quorumdam excogitatis3qui hæc intelligi nolebant,
imo fortaffè qui nullam ve l ipfi fignificationem
literis hujufmodi adfcripferint j.fed hæc ideo folum
commenti fuerint, ut majorem myfterii & àrcani
apparatum exhibèrent. Hinc vas quodpiam fequitur
rotundum & oblongum, cujus os anguftiflïmum ,
quaie vas illud veteribus e ra t, quod guttus appel-
labatur : e latere cujus hæ duæ literæ îunt IT. Supra
vas iftud avis vifitur in cratere recubans ac fi ova
foveret : fupra avem has duasGræcas literas nihil
fignificantes - legimus AO. Poft hæc adeft frontif-
picium rempli , quod ex davis duabus ad duo
faftigii latera ere dis elfe templum Herculis ar-
A B R A X A S . j.ry
d’Hercule, la victoire qui eft auprès du temple, porte auffi une mafliië
pour marquer apparemment les viftoires d’Hercule. A l’entrée du temple
quia deux colonnes de chaque côté, eft un grand oifeau qui touche pref-
que de la tête à l’entablement, & de la queue au pavé. Dans l’intervalle
du fronton on voit encore deux.oifeaux, &par-deflus le temple encore deux
autres qui fe bequettent. Au bas du temple à la première marche eft cette
infcription çuAioà™ tt. Ce font des lettres Greques qui ne lignifient
rien.
Le deflous du pié n’eft pas moins remarquable". L’image qui fait un
rond comme une médaille, eft plus grande, comme on voit, que dans l’original.
Un vieux Silene ou Satyre affis croife fes cuifles de chevre. Il a une
longue barbe, de longues oreilles dreffées. Il paroît méditer fer quelque
chofe, & éleve en haut l’index de la main droite : jamais Satyre fi ferieux
que celui-ci. On voit à fes pieds deux caraéteres Grecs cpp 8c un autre inconnu,&
tout au tour une plus longue infcription en caraéteres partie Grecs &
partie inventez comme on voit fouvent dans les Abraxas. Tout cela eft inintelligible.
Ce qu’on peut dire de plus vrai-femblable, eft que les Bafili-
diens ont fait ce vafe pour quelque perfonne de qualité, & qu’ils l’ont donné
comme un préfervatif, ou comme un remede contre les maladies. Ils
faifoient un nombre infini de ces amuletes, on en déterre tous les jours une
grande quantité en France, en Italie, en Efpagne.
guitur. Vi&or ia quoque ilia de qua fupra 3 juxta
templum ftans clavam geftat, ut vi&orias Hercu-
lis haud dubie fignificet. In rempli ingreflu duabus
hinc & inde columnis ornaco , avem magnam
confpicimus , quæ capite templi tabulatum , cauda
pavimentum tangic. lu ipfo faltigio duæ «ves v-i-
îuntur, ac totidem in iplo templi pinnaculo , quæ
mutuo roftra admovent. In primo templi gradu
hæ literæ Græcæ confpiciûntur fuK'ohtnTn 3quæ nihil
prorfiis fibi volunt. _
Exterior fundi facies non minus fpeârabilis eft.
Imago nummi inftar rotunda, hic major exhibetur
ut videas, quam in archetypo fit. Vêtus an Silenus 3
an Satyrus fedens caprina crura deculfatim pofita
habet. Longam præfert barbam longafque auriculas
caprinas ereeftas. Meditantis more pofitus
dexter® manus indicem erigit. Nunquam vifus
Satyrus fuit tant® gravitatis. Ad pedes ejus du®
liter® G r ® c ® funt ©a a aliufque chara£ler ignotus
& circum ini*™p«° longlor habetur parcim Gr®cis
pa.ii.itn aliis ignotis charadleribus , quales fape in
Abrax®is imaginibus videmus. H ® c quid fiani-
ficent fruftra qu®ras. Id vero fimilius dici poteft 3
nempe Bafilidianos hoc vas apparavifle cuidam pri-!
mari® fortis perfon® , & ad tutelam conferva-
tionemque dedille, five in remedium contra ® g r i -
tudines corporis. Infinita quippe hujufeemodi
amuleta adornabant , q u ® quotidie ex tenebris
eruuntur in Gallia 3 Italia 8c Hilpania,