
Le Mufa que les Egyptiens qualifioient arbre quoiqu’il Toit fans branches ,
croiffoit autrefois en abondance à Pelufe , & eft aujourd'hui commun à
Damiette. Sa tige eft une canne de laquelle naiflent des feuilles larges &
obtufes,dont la longueur paffe quelquefois fept coudees;fes fruits qui fe mangent
relTemblent à de petits concombres dotez,& ont une écorce aromatique
& une chair d’un goût mieleux.
Il eft furprenant, ajoûte-t'il, que fe trouvant plufieurs figures antiques,
dont les têtes font chargées de ces feuilles très-diftin&ement reprefentées ,
les Antiquaires fe foient fi peu mis en peine d’indiquer la plante à laquelle
elles appartiennent, vû que ce ne peut être quela beaute du Mnfà, cjuin eft
pas inferieure à celle du palmier, qui l'aura fait confacrer aux divinitez locales
de la contrée, où il croiffoit en plus grande abondance 3 & où il venoit
le mieux.
M. Mahudel donne enfuite la figure de toutes ces plantes, & nous en apprend
la forme de peur qu’on ne s’y trompe. Ses découvertes feront fans
doute utiles. Mais peut-être fe trouvera-t’il encore dans les monumens Egyptiens
des fleurs & des plantes, qu’on ne pourra réduire à aucune de ces ef-
peces ; foie par le peu d’attention de ces anciens qui ont fait ce s monumens,
■& qui auront négligé d’exprimer exactement ces chofes, foit parce qu’on y
aura voulu reprefenter d’autres plantes. Maisonnefauroitobvierà tout,quel-
que diligence qu’on y apporte.
I I I . La figure fuivante 1 qui eft du cabinet de M. Rigord de Marfeille ,
exprime apparemment une dédie Egyptienne, ou une Ifis que nous n’avions
pas encore vûë avec ces fortes d’ornemèns. Sa coëffure eft des plus fingu-
lieres. De grandes & larges feuilles s’élèvent fur fa tête. Au bas de la plus
haute de ces feüilles & fur la tête de la déeffe, on voit des fruits qui rerfem-
blent affez à des poires, ou peut-être à des concombres dont on ne voit
que la moitié, les feüilles font longuetes | larges & obtufes, ce qui reviendrait
à la Mufa de M. Mahudel. On ne fait fi ces longues treffes qui pendent
à droite & à gauche font des cheveux, ou fi c’eft un ornement emprunté.
Encore moins peut-on diftinguer ce qu’elle tient a la main : je n oferois
rien hazarder là-deffus, même par conjecture.
Mofam Ægyptii arborem dicebant etiamfi ramos
non habeat. Ejus magna copia Pelufii pullulabat,
hodieque Damietæ abundanter pullulât. Caulis
ejus calamus eft ex quo nafcuntur folia lata & ob-
tufa, quorum longitudo ultra feptem cubitos non-
nunquam extenditur *, ejus fractus , qui efui apti
funt', auratis cucumeribus funt fimiles , corticem
habent aromaticum, interiora autem faporem ha-
bent melli fimilem.
Mirum eft, profequitur ille ", cum multa antiqua
fînt numina, quorum capita hujufcemodi foliis
diftincte repræfentatis funt onufta, Antiquariæ rei
addictos, ad quam plantam pertinerent explorare
& -ihdicare nihil curavifle ; quandoquidem fola
Mufæ iftius pulchritudo , quæ non inferior eft
palmæ , Ægyptios , ut credere eft, induxerit , ut
earn numinibus , quæ in ifto traftu colebantur,
confècrarent, in quo 6c majore copia, & melius
Mufæ gignebantur.
Harum deinceps plantarum D. Mahudellusfche-
mata profert , earumque formant docet, ne alia
planta pro alia habeatur. Qua in re ejus operam
utilem fiimram elfe nemo ambigat. Yerum fortaflè
in monumentis Ægyptiacis flores & planta:
occurrent, quæ non poteruiic ad aliquam memo-
ratarum fpecierum reduci ,flve quiaii , qui monu-
menta iftiufmodi fecerunt , in iis accurate expri-
mendis incuriofi fuerint ; five quia alias & a me-
moratis diverfas plantas éxprelïerint. Verum non
omnibus occurri poteft caubus , quantacumque
diligentia adhibeatur.
111. Schema 2 fequens ex Mufeo D. Rigordi
Mafltlienfis, deam Ægyptiacam ,utputo , exprimit
five Ifidem , quam cum hujufcemodi cultu nondum
vidêramus. Ornatds capitis fingulariffimus eft.
Longa lataque folia fupra caput eriguntur, & eminent.
Quod fiiblimius cæteris eft folium , in imo
habet fruftus pyris fat fimiles , aut fortaffe‘cucumeribus
, quorum dimidia tantum pars videri
poffit. Folia longa,lata & obtufafunt, quæ omnia
ad Mufam D. Mahudelli referri poifunt. Nef-
citur - autem utrum illi qui hinc 6c inde dependent
cincinni, capilli lint, an aliunde advedtum or nain
entum. Multoque minus quid dea manu teneat
internofci poteft. Ne augurando quidem de tain
obfcura re loqui aufim.