
m S U P P L E M E N T D E L 'A 'N T .E X P L I Q ^ L iv . VIII.
Le fuivant eft Hercule affés femblable à ceux que nous voïons dans lès
monùmens Grecs & Romains. La maffuë qu’il appuie contre terre eft pleine
de nceuds & de tronçons , comme un arbre dont on auroit abbatu les
branches. .
La huitième & derniere figure , eft d'un homme qui porte une tunique
ceinte au milieu du corps , & qui a les deux mains liées comme un captif.
Il tient un pied fur une motte de terre, comme Jupiter ci deftus- La quel-
tion eft fi ce n'eft effecftivement qu’un captif qu'on a voulu reprefenter
ici , ou fi c’eft quelque dieu, qui félon la mythologie Gauloife s'eft trouve
captif par quelque accident inconnu, comme Junonfe vit pendue entre le
ciel & la terre avec un enclume à chaque pied ; comme Jupiter fe vit fur
le point d’être lié & enchaîné par les autres dieux, & l'auroit effectivement
é j fans le fecours de Briarée-, comme Mars fe vit bleffé & terrafle par Dio-
mede 11 n'y a gueres d'apparence qu’il eût été mis au rang des dieux dans
fa niche comme les autres, aïant d un coté Hercule & de 1 autre Minerve,
s’il n’avoit été effectivement reconnu pour une divinité. _
I I I . Refte à favoir à quelle fin on a fait une pareille colonne. Il faut
avouer quelle eft unique dans fon efpece , & il y a grande apparence que
c ’eft un mouvement de dévotion qui en aura infpiré 1 idee a quelqu un.
Car cette grande colonne , dont parle Grégoire de Tours, fur laquelle
étoient Mars & Mercure ; celle-là dis-je n’avoit rien de commun avec celle-
ci , qui félon la Théologie Gauloife, prefente huit divinitez enfemble. Ce
nombre de huit entroit apparemment dans leur religion , comme nous
avons déjà dit. Une autre chofe qu'avoit peut-être en vûë celui qui fit faire
la colonne , c étoit d’ériger un monument, ou de quelque cote qu on vint,
on trouvât toujours une divinité qui fe prefentoit de f a c e . S’ils avoientd autres
idées , il feroit difficile de les découvrir , & l’on ne pourroit en parler
qu’en dévinant.
Qui fequicur Hercules vulgaris apud Graecos &
Romanos Herculis imaginibus fatfimilis eft.Clava
quam tenet nbdis & ramomrn trancis plena e i l ,
ecu arbor, cujus rami recens amputati iunt.
Odtavum ultimumque fchema v i r ie i l , tunicam
medio corpore præcinètam geftantïs, cujus ambæ
manus vinculis conftridtæ funt, captivum diceres.
Glebam præaltam pede premit ut Jupiter fupra.
Hie jam quæritur, an veie captivum quempiam e
vulgo hic repræfentare voluerint ; an vero deum
quempiam, qui fecundum Gallicam illam mytho-
logiam vindtus fuerir ; quemadmodum & Juno inter
coelum & terram fülpenfa fuit ligato ad (ingu-
los pe'des incude ; quemadmodum & Jupiter ipfe
vinculis & catenis a cæteris diis alligandus mox
era t, & révéra vin&us fuiffet, niii opem tuliiTet
Briareus -, ut etiam Mars a Diomede confoiTus &
proilratus fuit.Hunc certe vix credatur in fetie-deo-
xum in apfidula fua ponendum , interque Miner-
vam & Herculem locandum fuiflë, niii revera pro
numine quodam habitus fuiilèt.
III. Jam fupereil ut quæramus, qua de caufa, S c
quo animo tabs columna concinnata fuit. Hate pro-
feclo nihil non fingulare præ fe fe r t , verifimileque
eft quempiam religione motum banc cultus divini
rationem commentum fuiiTe. Nam altiilima
ilia columna,de qua fermo eft apud Gregorium T u -
ronenfem libro de miraculis S. Ju lian ij columna,
inquam, ilia , cui impofiti étant Mars & Mercurius,
nihil cum hac affine habuilTe videtut , qua: o d o
numina fimul repræfentat : qui numerus olim inter
religiones Galloium , ut jam diximus, locum ha-
buifle videtur. Aliud fortaile curabat is qui colum-
nam hujufmodi excogitavit ; nempe ut monumen-
tum erigeret, quod cuivis accedenti,ex quacumque
parte , ex quocumque latere veniret , numen ali-
quod de facie oilenderet. Si quid aliud in mente
habuit, difficile admodum eilillud detegere appre.
hendereque , ac nonniiï divinando attingi po-
teft.