
C H A P I T R E IL
/. Temple d'Hemant. I l . Ce f i apparemment d'Hermontis de ïancienne Egypte.
III. A quel dieu il étoit confacré.
NOus n’avons encore donne aucun temple des Egyptiens, quoiqu il foie
certain que cette nation fuperfticieufe en avoit un grand nombre. Et
comme ils bâtiffoient plus folidemenc que les autres, il s en fera fans doute
confervé de grands reftes. En voici deux dont M. Paul Lucas a donne les
defïeins dans le tome $. de fon dernier voïage. Le premier eft celui dHer-
mant, le fécond celui d’Andera. Il faut l’entendre fur tous les deux, p. 16.
« En continuant nôtre route, nous arrivâmes enfin auprès du village d H er-
pîanche ” roant, & c’eftlà où je vis ce fameux temple de Jupiter, dont je crois qu auprès
la » cun voiageur n’a donné la defeription. Rien au monde ne prefènte une fi
1 1* « grande magnificence que les reftes précieux de cet ancien édifice. On ne
*» voit de tous cotez qu’un vafte amas de pierres & de colonnes, du plus beau
» marbre qu’on puifïe voir. Les colonnes qui reftent encore fiir p ied, & dont
»» on peut voir la figure dans le deffein que j’en d onn e, font d une groffeur
» & d’une beauté que rien n’égale. Elles font chargées de figures & d hiero-
s» glyphes * qui après un fi grand nombre de fiecles , font encore voir 1 ha-
« bileté de l’ouvrier qui y a travaillé. Les chapiteaux qui font ornez de feiiil-
i la g e s, font d’un ordre d’archite&ure different de tous ceux que la Grece
« & llta lie nous ont appris -, mais qui paroiffent en avoir été les modèles ;
»s & rien n’eft fi curieux que de voir aujourd’hui ces belles écoles ou les Grecs
« ont appris la fcience de l’architedure. La partie du temple où etoit le choeur,
» eft encore en fon en tier, telle qu’on la voit dans le deffein j elle eft remplie
« en dedans & en dehors de figures, où l’on reconnoît les anciennes divinitez
» d’Egypte. Au bout de ce choeur, on trouve une petite fàcriftie, ou i on voit
« des bas reliefs qui paroiffent d’une main habile, & qui font aufli-bien con-
C A P U T I I .
1 . T emplum in loco H e rm a n t d iB o. I I . H e r man
t , v id e tu r ejje Herm on th is i l la v e te r is
JE g y p t i. I I I . C u i numini dicatum e ra t
hoe templum.
I. T^T Ullum adhuc i£gyptioram templum 'de-
dimus, tametfi certum eft hanc fuperftitio-
fam nationem. ingentem habuifle templorum nu-
merum. Cum eorum ftruóturam folidiorem efle
curarent, quam cx te ix omnes genees, ingentes
haud dubie eorum reliquia: fupererunt. Duorum
delineatas imagines dedit D. Paulus Lucas in tertio
tomo poftremi itineris fui. Primum Hermann eft j
fecundum Anderae hodierna. H x c de priore dicit
P- ïtf- .
Dum inftit uturn iter perfequimur, ad vicum tandem
cui nomen Hermanmm pervenimus. Atque iftic templum
illud Jo v is celeberrimum , quod neminem unquam
defçripfijfe puto ex eorum numéro, qui in zÆgypto June
peregrinati. Hifce ruderibus nihil ufpiam magnifie en-
tins occurrit. Vndique vifuntur flrues magna lapidum
column arum que ex marrnore omnium pulcherrimo. Column
a qua etiam nunc ereÜa fuperfunt, quarumque figura
in fpecimine nofiro vifitur3 ea funt forma & ma-
gnitudine , quam nihil ufpiam exaquet. Plena funt
autem hieroglyphicis figuris , qua pofi tot faculorum
decurfum artificis peritiam teftificantur. Capitella qua
funt omata foliis ad ordinem quemdam architeclonices
pertinent, qui ab illis architeïlorum dijfert ordinibus9
quos Gracia & Italia docuerunt, fe d inde artem illam
Graci funt mutuati. Hic difeiplina locus fuit. Spetta-
cnlo fane dignum eft hoc architeSlonices magiflerium.
Qua pars t empli facerdotibus & facris faciendi s de~
putata erat 3 integra hodieque f la t , qua lis confpicitur
in Jchemate , plena intus forifque eft figuris illis , in
quibus lÆgyptiaca numina internofeuntur. In extrema
hujufee aaificii parte eft quadam aditui, ut videtur ,
camera exigui ambitus, ubi an a glyph a habentur, qua
fervez
fervez que s’ils ne venoient que d’être faits. Cette Chappëlle ou cette Sa-«,
criftie, comme on voudra la nommer, eft couverte de cinq pierres de vingt «
pieds de long fur cinqdelarge, & deux pieds huit pouces d’épaifleur; du «
moins fi elles font toutes égales à celle que je.meforai, En montant par un «
périt efcalier qu’on aVoit pratiqué dans le mur, j allai iur la platte-forme, «
d’où je confïderai à loifir toutes les ruines de ce fuperbe édifice , qui me «
parut avoir 2.50. pas de long fur cent de large. J’ai joint à la figure de ceTem-«
pie celle de fon plan géométrique, afin que le leéteur n'ait rien à défirer fur «
un fujet fi curieux & fi interrefiant. “
Les vaftes débris &le prodigieux nombre de colonnes qui font répan- «
dues de tous cotez , me perfuaderent aifement qu’il y avoit eû autrefois en «
cet endroit une ville auftï grande qu’elle étoit magnifique, & on ne peut «
pas douter que ce fut celle d’HermonthiS) dont Strabon, Ptolemée & Ste- «
phanus nous ont laifle la defeription dans leurs ouvrages. Ces auteurs la «
placent dans le Nome Hermonthite, dont elle étoit la Métropole, un peu »
au-deflus de Thebes for le bord oriental du Nil, & au-deflous de Latopolis«
& de la grande Ville d’Apollon. Stephanus nous apprend après Strabon «
que Jupiter étoit la grande divinité des Hermonthites, qui avoient auflî «
beaucoup de vénération pour ifis & pour Apollon : & quand nous ne trouve- «
rions pas cette particularité dans leurs écrits, nous avons encore des mé- «
dailles & d’autres monumens qui ont confervé le nom de Jupiter Hermont; «
une entr’autres avec la tête d’Hadrien , & au revers la figure de Jupiter «
debout, tenant d’une main une aigle, & de l’autre la Hafte pure , fymbole «
de la divinité,avec cette infoription EPM£1N©, qui eft l’abrégé d’EPMHN- «
(3ITflN. Aftifi ce monument & la divinité à laquelle il, étoit confacré , «
ne font pas de ces chofes problématiques , où l’on fait fouvent fervir de «
preuves les conje&ures les plus frivoles. «
Il y a quelque vraifemblance dans.ee que dit ici M. Lucas. Strabon dit
qu’après Thebes eft la ville d’Hermonthis, où Apollon & Jupiter font ho^
norez, & où l’on nourrit auflî le boeuf : peut-être veut-il dire Apis. Eftienne
de Byzance qui cite Strabon, dit, que d’Hermonthis vient le Jupiter Hermonthites,
& l’Apollon, quiportoit aujp le même nom ; & qu’il y a auflî là un
peritam artificis man um olent 3 atque ita illafa fervata
fuere , ut recens faSla dicas. Hoc fiv e facellum , five
facerdotum receptaculum, ut volueris , quinque lapi-
dibus tettum opertumque eft, quorum fingulorum men-
fnra eftviginti pedum longitudinis, & quinque latitude's
sftuorumvero pedum & totidem poUicum denfitatis-,
f i tarnen omnes eaaern fint menfura , unam quippe tan-
tim fum dimenfus. Perexiguam fealam in ipfo muro
adomatam ad fupernam eamque planam concarnera-
tionem afeendi: indeque omnia fuperbi hujufee adificii
rudera perfpexi j quantum autem aftirnare lieuit, erat
pedum ducentorftrn quinquaginta longitudine , latitu-
dmeqite centum. Tcmpli confpettui ichnographiam ad-
junxi j ut leSlori tantarum rerum ftudiofo facerem fatis.
Ingentia illa rudera 3 tantufque ille columnarum
numerus , indicio mihi fuere, iftic olim fuijfe urbem
magnam atque magnificentißirnam. Nequc dubitari
poteft j quin fit Hermonthis illa , cujus Strabo , Pto-
lernaus atque Stephanus deferiptionernin operibusfuis
nobis reliquerunt. Illam in Hermonthite Nomo locant
hi Scriptores, cujus olim erat Metropolis , fita fupra
Thebas in Ora N ili Orientait peft LatopoVn magnam*
que Apollinis urbem. Stephanus poft Strabonem docet
jovem magnum fuijfe numen Hermonthit arum , qui
etiam Ifidem & Apollinem multum venerabantur.
Etiam f i vero hujufee rei feriptores illi non fidem fa cer
ent j in nummis tarnen in aliij'que monumentis fovis
Hermonthita nomen fervatur : in nurnmo videlicet
Hadriani, in cujus poftica facie ftat Jupiter 3 altera
manu Aquilam , altera haftam puram tenens 3 fym-
bolum divinitatis, cum inferiptione £PMfiN0 lege. tP-
MU.N©IT^.N. Atque ita non ex conjeftura le v i, fed ex
probatiffimis monumentis ftatuitur cui numini facrum
effet hoc monumentum.
Aliquid probabilitatis habent ea quæ hic profe-*
runtur & ftatimntur» Ait Strabo 1. 17. p. poft
Thebas Hermonthim eile urbem a in quacoluntur
Apollo & Jupiter , Sc ubi etiam bos alitur, Apim
forte lignincans. Stephanus autem Byzantius qui
Strabonem affert auótorem , ait ex Hermonthi
faólum efle nomen Jupiter Hermonthites, & Apol*
linem eodem inligniri nomine : ibidemque tem