
 
		I, 
 J « 
 similitude  de  trails physiques,  de  coutumes,  d’idées  
 religieuses et de  langues  entre  les  peuplades  polynésiennes  
 ;  similitude  lelle  que  ces  insulaires  parai-  
 traient  plutôt  appartenir  aux  provinces d’une  même  
 nation, qu’à des archipels  séparés par  d’immenses intervalles  
 de mer;  quand on considère en  même  temps  
 la  diversité  singulière  qui  règne  entre  les  tribus  des  
 îles  occidentales ;  enfin  quand  on  songe  que  nulle  
 part,  ni  a l’est,  ni à l'ouest de  la Polynésie,  on  ne  retrouve  
 de régions  qu’on  puisse  regarder,  avec  quelque  
 apparence  de  fondement,  comme  le  berceau des  
 peuples  polynésiens ;  ne  serait-il  pas  plus  simple  de  
 supposer qu’un continent ou grande île comme l’Australie  
 dut  jadis'occuper  une  portion  de  l’Océanie,  
 habitée  par un  peuple  dont  les  tribus  polynésiennes  
 ne  sont  que  des  débris  échappés  à  quelque  grande  
 convulsion du globe? Partout où sont des îles hautes,  
 elles  portent  l’empreinte  plus  ou  moins  récente  des  
 volcans,  et plusieurs contiennent encore des  cratères  
 en  pleine  activité.  Dans  celle  hypothèse,  la  population  
 des îles polynésiennes s’expliquerait  tout naturellement, 
   et  la  variété  des  peuplades  qui  occupent  
 les régions occidentales  de  î’Océanie  tiendrait au mélange  
 des  familles  polynésiennes,  mélanésiennes  et  
 malaises,  qui durent y arriver à  diverses époques  et  
 dans  des proportions plus  ou  moins  grandes.  La langue  
 malaise  elle-même  n’aurait  dù  les mots  polynésiens  
 qu’on  y  rencontre,  qu’aux  colonies  qu’elle  
 aurait  pu  sans  peine  recevoir  du  continent  polynésien, 
   avec  le  cours  habituel  des  vents alisés.  On  objectera  
 peut-être  que  sur une  aussi  grande  terre,  les  
 espèces  des  quadrupèdes  auraient  dù être nombreuses  
 ,  el  que les  fragmens  actuels  devraient  conserver  
 au moins quelques-unes de ces espèces. Mais on pourrait  
 répondre à cette objection par l’exemple même de  
 l’Australie;  les  espèces  originaires  des  mammifères  
 y  étaient  très-peu  nombreuses  même  à  l’époque  de  
 la découverte, et leur nombre diminue tous les jours.  
 On  conçoit  facilement  qu’une  nation  intelligente  
 comme  celle  des  Polynésiens  leur  aurait  fait  une  
 chasse  active,  à  ceux  dont  la  chair  était  bonne  pour  
 s’en nourrir,  à  ceux qui étaient inutiles ou dangereux  
 pour  s’en  débarrasser.  A  plus  forte  raison,  sur  des  
 îles d’une étendue très-bornée,  comme  celles  qui  occupent  
 la  Polynésie,  la  destruction  complète  des  
 mammifères  dut  être peu  difficile,  sans  compter que  
 la  catastrophe  qui  put  abîmer  le  continent océanien,  
 dut détruire  presque  tous  les  animaux  qui,  comme  
 l’homme, n’auraient  pas  eu  la  faculté  d’échapper en  
 partie à ce grand  désastre  sur  des  pirogues  ou  des  
 radeaux. 
 Après  tout,  nous  ne  proposons  celte  explication  
 que comme une hypothèse pour  donner  le mot d’une  
 énigme  aussi  singulière  que  celle  d’une  langue bien  
 fixée  dans  ses  racines  et  sa  syntaxe,  disséminée  sur  
 une  immense  étendue  d’iles  occupées  par  des  peuplades  
 peu  considérables,  sans  qa’on  puisse assigner  
 aucune portion  des  continens  voisins qui  ait  pu  leur  
 donner  naissance.  Mais  nous  nous  empressons  de  
 déclarer  que  nous  ne  tenons  en  aucune  manière  à