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au hawaii est si grande, le nombre des mots parfaitement
identiques esl si considérable, qu’il est non-seulement
évident que leur origine est commune, mais
qu’il est très-probable que l’utie de ces nations a
donné naissance à l’autre, et cela à une époque encore
peu reculée, puisque l’altération des langages a fait
aussi peu de progrès.
Une grande ressemblance existe encore entre le
taïti et le mawi ; toutefois le rapport d’identité a beaucoup
diminué. Il est même digne de remarque qu’il
est bien inférieur à celui qui existe entre le mawi et le
hawaii, malgré l’énorme distance qui sépare les terres
de la Nouvelle-Zélande des iles Sandwich. Ce fait
donnerait lieu de croire que les communications entre
ces deux peuplades ont pu avoir lieu sans l’intermédiaire
des Taïtiens, ou plutôt que l’espèce humaine a
pu se transporter d’une de ces terres sur l’autre, sans
passer, ou du moins sans séjourner à Taïti.
Si nous passons à Tonga, nous serons forcés de
convenir que le dialecte de cet archipel offre déjà une
analogie moins complète avec les idiomes des trois
autres peuples polynésiens. Les rapports d’identité
sont réduits à 0,46, 0,45 et 0,41. Dans la troisième
partie de cet ouvrage, nous verrons que ces rapports
diminuent encore pour les iles les plus voisines de
Tonga, savoir les îles Viti et Rotouma. Il est donc
probable que la langue des régions occidentales de la
Polynésie a dû s’écarter de son type primitif, par suite
des communications que leurs habitàns auront eues
avec des peuples plus récemment arrivés de l’ouest.
Maintenant examinons quelle sera l’hypothèse la
plus vraisemblable touchant les terres que l’espèce
humaine a dû occuper les premières dans la Polynésie,
et touchant la direction qu’elle a dû suivre dans
ses migrations.
La vaste étendue des terres de la Nouvelle-Zélande,
leur situation sous un climat tempéré, la force et la
vigueur de la race qui les habite, pourraient d’abord
donner lieu de penser que ce fut là le berceau, ou du
moins la première station de la race polynésienne;
mais des considérations puissantes obligent de repousser
cette hypothèse.
D’abord, sous le rapport de la navigation, les Zélandais
sont loin d’avoir atteint au même degré de
perfection que les peuples de la zone équatoriale, et
il n’est guère probable que leurs longues pirogues
non pontées, étroites et incapables de manoeuvrer à
la voile, aient pu les transporter à de grandes distances
de leurs côtes. Au contraire, il est naturel
de supposer que les premiers individus qui vinrent
peupler la Nouvelle-Zélande, privés sur cette nouvelle
terre des ressources de tout genre que le règne
végétal leur offrait sur leurs îles fécondes des tropiques,
oublièrent bientôt leur industrie primitive en
architecture navale. Pour eux, plus de cocotiers, de
bananiers et d’hibiscus, dont les fibres et les feuilles
leur étaient si utiles; par conséquent, plus de moyens
faciles de fabriquer des voiles et des cordages en
abondance. Sans compter que la violence des vents
et l’inclémence de la mer durent beaucoup amortir