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mot donné dans un dialecte à ce même mot dans le
dialecte voisin. En un mot, ces divers idiomes sont
liés entre eux par une affinité qu’on peut très-bien
comparer à celle qui unissait les anciens dialectes de
la Grèce en un seul corps de langue. Il y a pourtant
cette différence que les langages de la Grèce appartenaient
a des nations très-rapprochées, parvenues à
un haut degré de civilisation, et liées entre elles par
des relations commerciales fréquentes et intimes. Tout
au contraire, les quatre grandes peuplades de la Polynésie
étaient séparées par d’immenses intervalles
de mer, elles n’avaient aucune connaissance les unes
des autres, et toutes se trouvaient encore très-près
de l’état de nature. Cette permanence de la langue
n’indique-t-elle pas jusqu’à quel degré cette image,
en apparence si fugitive, si variable des pensées de
l’homme, est capable de résister aux efforts du
temps?...
Si l’on compare le hawaii au taïti, on voit d’abôrd
une foule de mots parfaitement identiques dans leur
prononciation ; ensuite, dans ceux qui diffèrent, des
altérations uniformes ont accompagné la transition
d’un dialecte dans l'autre.
Le T du taïti a été souvent remplacé par le K dans
le hawaii. Exemple : Atoua, dieu, est devenu akoua.
— Tahata, homme, kanaka. — Tana, son, ka n a .—
Ta'i, mer, kaï.-— Te, le, ke. — Matani, vent, ma-
kani. — Mate, mort, make. — Tea, blanc, kea. —
Tou, être debout, koa. — Taou, mon, kou. — Rahatira,
noble, rana kira. — Tawa., nous, kawa. —
Tatou, nous deux, ka ko u .— Tahoua, prêtre, ka-
houna— . Otou, prix, oukou. — Toto, sang, koko. —
Outou, vous deux, oukou. Ici, il suffit de jeter un
coup-d’oeil sur les langues malaïo et madekass pour
se convaincre que l’altération a eu lieu dans le hawaii,
et que le taïti est demeuré plus près de la langue primitive.
Au contraire, dans les mots tahoiina, prêtre ; rani,
ciel;papa ringa, joue; inoa, nom; lanata, homme;
mohena, sommeil; mano, requin; oni, saluer; tout
porte à croire que le hawaii est demeuré plus près du
type primitif que le taïti, où ces mêmes termes sont
devenus tahoua, rahi, papa rihi, ihoa, tahata, mo-
hea, mao, ohi, par l’oblitération complète de la gutturale
ng ou sa conversion en aspiration faible. Dans
le hawaü, le ng s’était simplement converti en n.
La comparaison de l’idiome de taïti avec le mawi
nous découvre des nuances plus tranchées. Cependant
elles suivent encore des lois constantes, et tous
les termes radicaux sont faciles à ramener à leur
source, après un court examen.
Dans le mawi, la gutturale K se retrouve à la
place dê la simple aspiration douce des Taïtiens.
Exemple : Ki, à, pour i ou hi. — Rakau, arbre, rahau.
■—Kohou, nuage, ah o u .—Piko, eonvfie, piho.
— Kidi, peau, idi. —■ Rakou, égratigner, rarahou.
— Kaï, manger, haï.-—Akou, mon, tahou. — Kahou,
natte, ahou. — Matakou, peureux, matahou.
— Waka, pirogue, vaha. — Ik a , poisson, iha. —
Koutou, pou, otou. — Koura, rouge, houra. — Ou