prêtres et de législateurs. De là peut-être l’art dé
la navigation, les étoffes papyriformes, les prohibitions
religieuses, l’infanticide, le culte presque divin
rendu aux rois, les offrandes aux restes des parens
morts, diverses prohibitions bizarres, etc. ; matières
qui exigeraient d’amples développemens, dont nous
avions préparé les matériaux et dont nous eussions
sans doute entrepris la discussion, si nos efforts mieux
accueillis nous eussent procuré une position moins
précaire.
Nous avons déjà signalé, à la fin du premier volume
de notre historique, l’origine probablement arabe du
mot tapou ou tabou, qui signifierait expiation ou pénitence,
but évident de la cérémonie elle-même dans
le polynésien. A cela on pourrait ajouter les mots
mate, mourir ; namou , moustique ; meiie, bien ;
kawa, fort; ouara, derrière, arabe, touara, mawi.
Comme les précédens, ces rapports isolés ne sauraient
établir une origine commune ; mais ils donnent lieu
de penser que les Arabes, intrépides navigateurs, auraient
pu, dès les temps les plus reculés, pénétrer
jusque dans les îles de l’Océanie, et y introduire
quelques expressions de leur langue.
Il en serait de même de quelques termes de la langue
grecque que l’on serait disposé à retrouver dans
le polynésien; comme: A r ik i, chef, de arkhi. -—
Mata, oeil, de ommata. — Mata boulai, conseiller,
de bouia, conseil. — D«««, deux, de duo. — Wetou,
sept, Aeepta.—Oure, pénis, Aeoura, queue.-—I k a ,
poisson, de ikhthus, etc. Ces analogies, quelque
frappantes qu elles soient, sont-elles purement fortuites,
ou bien dues à d’antiques rapprochemens entre
les Phéniciens aïeux des Grecs et les peuples de
rOcéanie? C’est ce qu’il serait aujourd’hui fort difficile,
pour ne pas dire impossible, de décider avec
quelque apparence de raison.
L’hébreu présente les rapprochemens suivans avec
le polynésien, savoir : mata, mort, en hébreu, mate
en polynésien; kdi, vivant, en hébreu : en polynésien,
manger, vivre; gour, jeune animal, en hébreu: tout
animal autre que le cochon, en tonga. A l’égard du
madekass, ces rapprochemens sont plus marqués,
savoir : b a r, blé, dans les deux langues ; damang
hébreu, toumang maAekass,, pleurer; hébreu,
affligé, en madekass, malade; aia, bois, dans les
deux langues; im hébreu, amin madekass, avec;
isch hébreu, homme ; iz madekass, quelque ; boun,
penser, comprendre, dans les deux langues, etc.
Mais on sait qu’à Madagascar une tradition bien établie
y constatait l’arrivée d’une colonie juive à une
époque très-reculée.
Malgré toutes nos recherches, nous n’avons pu
découvrir aucun rapport entre le sanscrit et le polynésien.
Le seul mot eau, vari en sanscrit, et waï en
polynésien, pourrait offrir quelque analogie dans les
deux langues. D’autre part, il est digne de remarque
que le malaïo a emprunté une foule d’expressions du
sanscrit, qu’il a conservées dans un état de pureté
plus ou moins parfait. De ce que ces expressions ne
reparaissent point dans le polynésien, n’est-il pas na