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leur penchant naturel pour les excursions maritimes.
Les Zélandais ont conservé dans leur langage des
mots destinés à indiquer des productions qui ne se
rencontrent point sur leur soL Ainsi, l’on y trouve
le mot oawi qui, sous les diverses formes oufi, ouhi,
oubi et ouvi, exprime l’igname dans les îles équatoriales
de la Polynésie, dans la Malaisie, et jusqu’à
Madagascar. Mais comme il n’y a point d’ignames à
la Nouvelle-Zélande, ce terme a désigné une racine à
peu près semblable, une espèce de patate. De même,
le mot kawa y exprime toute espèce de liqueur forte,
et vient de la boisson awa ou ava, usitée sur toutes
les terres intertropicales de la Polynésie, et même
sur une grande partie de la Micronésie et de la Méla-
nésie.
Le cochon était resté étranger à la Nouvelle-Zélande,
ce qui se conçoit assez facilement, en admettant
que cet animal, qui paraît avoir suivi l’homme
dans presque tous les autres groupes importaos de la
Polynésie, ne fit point partie du bagage des premiers
colons de la Nouvelle-Zélande. Si l’on voulait, prétendre
que la Nouvelle-Zélande a peuplé les autres
des, il faudrait supposer que le cochon existait avant
l’homme sur celles-ci, ou bien qu’il a été apporté par
des migrations subséquentes.
Enfin, et cette considération nous parait d’un grand
poids, si la Nouvelle-Zélande avait pu peupler les îles
de rOcéanie, rien n’eùt empêché qu’elle eût également
peuplé la Nouvelle-Hollande. Or, rien de semblable
n’avait eu lieu, et la race noire, réduite au dernier
degré de misère et de faiblesse, était restée seule
et paisible maîtresse de ce continent. Les Zélandais
n’avaient pas même atteint les îles Norfolk et Philipp,
à peine distantes de cent quarante lieues de la pointe
septentrionale de leur patrie.
Tous ces motifs réunis nous portent donc à considérer
la Nouvelle-Zélande comme la dernière des
terres de l’Océanie occupées par la race polynésienne.
Pour la question d’antériorité entre Hawaii et Taïti,
elle nous parait devoir se résoudre en faveur de cette
dernière. La langue de Taïti, tout altérée qu’elle est,
se rapproche plus souvent du type primitif que celle
d’Hawaii, dans laquelle se sont introduites avec les
siècles des corruptions plus profondes. Les Taïtiens
semblaient plus avancés en civilisation ; leurs notions
politiques et religieuses étaient mieux arrêtées; leurs
arts, leurs manufactures étaient plus perfectionnés;
enfin, dans les îles Hawaii, une tradition assez généralement
admise faisait descendre de Taïti les premiers
habitans. Tout cela donne lieu de penser que
la priorité de date doit être accordée aux iles Taïti.
Cependant, il faudrait admettre en même temps que
Taïti peupla aussi la Nouvelle-Zélande à une époque
où la langue était encore peu altérée. De là vient que
les idiomes de Hawaii el de Mawi, parlés par des peuples
situés dans des climats plus tempérés, conservèrent
plus d’énergie dans leur expression générale,
que celui de Taïti où les consonnances s’oblitérèrent