
En effet, depuis tant de siècles que l’on observe^ on
n’a pu découvrir nulle part ailleurs que dans le corps des
animaux les espèces de vers intestins bien constatées. Ni
la terre, ni les eaux, ni l'intérieur des plantes ne nous
offrent leurs véritables analogues. Personne n’a jamais rencontré
ailleurs que dans un corps animal, soit un taenia*
soit une ascaride * etc.
Ces considérations ont porté à croire que les w r i , ou
du moins que certains d’entr’eux , sont innés dans les animaux
qui en sont munis.
Ces vers innés , ou dùs.à des générations spontanées,
se sont diversifiés avec le temps, en se répandant dans dif-
férens lieux du corps de l’animal qu’ils habitent, et les individus
de leurs espèces continuent de s’y reproduire à
l’aide de gemmules oviformes que des fluides de l’animal
habité transportent dans les lieux où ils peuvent se développer
, et même qu’ils transmettent aux nouveaux individus
produits par }a génération. Voila ce qu’on est maintenant
autorisé à croire, et ce que pensent effectivement les
observateurs les plus éclairés.
Ce qui semble étayer ce sentiment, ce n'est pas seulement
la pullulation singulière des vers intestins dans cerr
tains animaux, tandis que d’autres de la même espèce en
paraissent tout-à-fait exempts} mais c’est qu’on a trouvé
de ces vers dans des enfans nouvellement nés > et même
dans des foetus. D’où viennent donc cès vers, s’ils ne sont
pas le produit, les uns d’une génération spontanée , les
autres de gemmules transmises par la voie de la fécondation
et par la communication entre les animaux habités,
dans les nouveaux individus qu’ ils reproduisent?
Tons les vers intestins ne sont point le résultat d’une
génération spontanée ; car ceux que la nature a su produire
immédiatement, ont reçu d’elle avec la v ie , la faculté
de se reproduire eux-mêmes par un mode de génération
approprié à leur état. En effet, parmi ceux-là, les
uns se multiplient par des gemmules internes que l’on
prend pour des oeufs, et les autres, plus avancés en organisation
, paraissent se ''multiplier par une génération
réellement sexuelle.
Si les observations du docteur Rudolphe sont fondées,
comme il y a apparence , ce serait effectivement dans les
vers que la nâture aurait commencé l’établissement de la
génération sexuelle, celle des ovipares. Mais, ce qui eet
évident pour moi, c’est que cette génération ne s’étend
point et ne saurait s’étendre à tous les vers. Les différén-'
ces dans l’état de l’organisation des animaux de cette classe
comparés entr’eux, sont trop grandes pour que l’on puisse
leur attribuer à tous les organes propres à une pareille génération.
Aussi ce n’est guères que dans les vers du second
ordre de la classe (dans les vers rigidules ) qne l’on
a pu.trouver des organes qui permettent la supposition
d’un système de fécondation établi dans ces animaux. Encore
n’est-on pas assuré qu’il n’y ait pas ici un mode particulier
et moyen,, entre la génération des gemmipares
‘ internes, et celle des vrais ovipares.'
Au reste, si les corpuscules que l’on prend pour des
oeufs dans certains vers en sont réellement, ils doivent
renfermer un embryon qui n'en peut sortir qu’après qu’ils
se seront ouverts ou déchirés; une fécondation sexuelle
leur aura été nécessaire pour mettre leur embryon en état