
siège d’aucun sens particulier, ni le foyer du sentiment.
C’est un abus très-nuisible aux progrès de nos connaissances
physiologiques , que d’attribuer aux parties des
corps vivans, dont on n’a point suffisamment examiné la
nature, des noms qui désignent des fonctions qu'elles
n exécutent point. N’a-t-on pas , dans les végétaux, donné
le nom de trachées à des parties qui ne sont nullement des
organes respiratoires!
Les vers, ainsi que les autres animaux, doivent être
caractérisés classiquement d’après la nature de leur organisation
, et non par la considération des lieux qu’ils
habitent. Ainsi leur caractère classique doit embrasser,
soit ceux qui vivent constamment dans l’intérieur des animaux,
soit ceux qui habitent ailleurs, si de part et d’autre
l’état d organisation l’exige. Nous les caractériserons donc
comme étant des animaux à corps mou, allongé, nu, sans
tête, sans pattes, ne possédant à l'intérieur ni cerveau, ni
moelle longitudinale, ni système de circulation.
On avait d’abord confondu les vers avec les annelides
dans la même classe, par suite d’une apparence d’analogie
trouvée dans la forme générale de ces animaux. Mais
lorsque 1/énorme différence qui existe dans l’organisation
des uns comparée à celle des autres fut reconnue, on fut
obi igé de les séparer , et même d’éloigner assez considérablement
l’uqe de l’autre les deux classes qu’ils durent
constituer.
Bien plus imparfaits et plus simples en organisation que
les annelides , puisqu'ils n’ont ni artères, ni veines et par
conséquent point de système de circulation, les vers sont
encore plus imparfaits que les insectes mêmes ; car non
seulement ils ne subissent point de métamorphose, maia
en outre ils n'ont jamais de tête, d’yeux, ni de pattes
quelconques. Il y en a même qui paraissent former des
animaux véritablement composés.
* N’ayant ni cerveau, ni moëlle longitudinale noueuse'
il est probable qu’ils ne jouissent point de la faculté de
sentir , qu’ils ne sont qu’irritables dans leurs parties, et
que si parmi eux quelques-uns possèdent des filets nerveux
, ces nerfs ne servent qu’à l’excitation d’un système
musculaire ébauché.
Ils paraissent respirer par des espèces de stigmates;
mais s’ils ont des trachées, elles ne peuvent être qu’aquifères
, car ils vivent continuellement soit dans l’eau, soit
dans l’humidité. Aussi, après leur extraction des lieux
qu’ils habitent, ne peut-on les conserver quelque temps
vivans que dans l’eau.
Très-distingués des insectes et des annelides par une
organisation beaucoup moins avancée dans sa composition,
on ne peut ^ par aucun motif raisonnable , les confondre
avec les radiaires, et encore moins avec les polypes
; car ils ne se lient pa? aucun rapport, ni avec
les uns ni avec les autres. Leur forme générale, leur
bouche toujours en sucoh'j leur défaut de tentacules, les
deux issues du canal alimentaire de'la plupart, enfin la
nécessité où ils sont tous de ne prendre que des alimens
liquides , tout indique qu’ils constituent un groupe que
l’on devra peut-être diviser , mais qu’il faut isoler, parce
qu’il tire son origine d’une source tout-à-fait particulière.
La connaissance des vers est encore très-peu avancée,
et l’on n’a guère de certain sur ceux qui ont été observés,