
nuleux ou comme chagriné ; d’autres enfin sont remarquables
par des tubercules arrondis, distribués régulier
rement sur les anneaux. Plusieurs des grosses espèces de
chenilles et de celles qui donnent les plus beaux papillons
sont dans ce cas.
Des chenilles rasés et chagrinées, si nous passons„à
l’examen de celles qui sont véritablement hérissées, nous
verrons qu’elles ont des poils nombreux, et souvent si gros,
si durs et si semblables à des épines, qu’on les a nommées
chenilles épineuses. Ces gros poils, qui sont assez durs
pour être piquans ,-y sont quelquefois composés comme
les épines des plantes.
Ce qui est particulièrement remarquable dans les chenilles,
en général, ce sont les couleurs différentes dont
elles sont communément ornées. On voit sur leur corps
une infinité de nuances , dont il serait difficile de trouver
ailleurs des exemples. Les unes ne sont que d’une seule
couleur ; plusieurs coxileurs différentes, très-vives^, très-
tranchées , servent de parure à d’autres. Tantôt elles y
sont distribuées par raies, par bandes qui suivent la longueur
du corps ; tantôt, par raies ou bandes qui suivent
le contour des anneaux. Quelquefois elles sont par ondes
ou par taches, soit de figure régulière ^ soit irrégulière ;
et quelquefois par points ou avec des variétés qu’il est
difficile de décrire.
La manière de vivre des chenilles est presqu’aussi variée
que les espèces. Il y en a*qui aiment à vivre seules
dans des retraites qu elles se choisissent- d’autres se plai-
sent ensemble et forment des sociétés. On trouve des es-
pèces qui vivent dans la terre, dans l’intérieur des plantes,
dans les racines, dans les troncs d’arbres : le plus grand
nombre se plaît sur les feuilles des herbes et des arbres,
à portée des alimens qui leur sont nécessaires. Elles n’ont
d’autres précautions à prendre , pour se garantir des injures
du temps , que de se cacher sous les feuilles ou sous
«les branches, jusqu'à ce qu’elles puissent reparaître sans
danger. Quelques-unes, pour se mettre en sûreté, roulent
des feuilles pour se retirer dans la cavité formée par
les plis. D’autres, d’une très-petite espèce, habitent et
vivent même dans l’intérieur des feuilles quelles minent,
et où elles ne sont point aperçues des ennemis quelles ont
à craindre. Il y en à enfin qui se forment une sorte de
fourreau qui les cache et les accompagne partout.
Parmi les faits que les chenilles nous font voir dans le
cours de leur v ie , il n’en est guère qui méritent plus d’être
examinés et qui soient plus dignes de nous étonner que
leurs changemens de peau et leur transformation. Le changement
de peau n’est pas seulement commun à toutes les
chenilles ; il l’est aussi à tous les insëctes qui , avant de
parvenir à leur dernier terme d’accroissement, doivent
se dépouiller une ou plusieurs fois. La plupart des chenilles
ne changent que trois ou quatre fois de peau avant
de se transformer en chrysalide ; mais il en est qui en changent
jusqu à huit et même jusqu’à neuf fois.-Les chenilles
qui donnent les papillons dé jour, c’est-à-dire, les vrais
papillons, ne changent communément que trois fois de
peau , au lieu que celles d ou sortent les papillons de nuit
ou phalènes, la changent au moins quatre fois. Ce sont
ces mues quon nomme maladies dans le ver à soie, et qui