
le sont effectivement, puisque quelquefois elles lui font
perdre la vie.
Ce qu’il est important de remarquer, c'est que la dépouille
que la chenille rejette k chaque mue, est si complète,
quelle paraît elle-même une véritable chenille. On
lui trouve toutes les parties extérieures de l’insecte : la dépouille
d’une chenille velue est toute hérissée de poils ; les
fourreaux des pattes, tant écailleuses que membraneuses,
y restent attachés ; on y voit les ongles, tous les crochets
de leurs pieds, et il est même Lieu singulier d’y trouver
toutes les parties dures de la tête.
Lorsque les chenilles ont pris tout leur accroissement,
et que le temps de leur métamorphose approche, elles
quittent souvent les herbes eu les arbres sur lesquels elles
ont vécu, et se préparent a la transformation en cessant
de prendre des alimens. Elles se vident entièrement et rejettent
même la membrane qui double toat le canal de
leur estomac et de leurs intestins. Alors, celles qui savent
se filer des coques , se mettent à y travailler , et s’y renferment,
comme pour se mettre à l’abri des impressions
de l’air pendant leur changement de forme. On les voit,
dans cette enveloppe, se courber, se raccourcir, paraître
dans un état languissant, et après des mouvemens alternatifs
d’allongement et de contraction, se dégager enfin
du fourreau de chenille qui enveloppait leur chrysalide.
Cette opération , k laquelle les chenilles se préparent ,
est dans le fond semblable k celle qu’elles ont subie toutes
les fois qu elles ont changé de peau : c’est encore une dépouille
que l’insecte doit quitter, mais aussi c’est une dépouille
bien plus considérable. Elles parviennent donc k
un état particulier dont j’ai déjà parlé , état dans lequel
elles prennent le nom de chrysalide ou de fe v e , k cause
de leur forme singulière. Cet état est le second par où la
chenille doit passer pour parvenir au dernier, et paraître
sous la forme de papillon.
On peut, en quelque sorte, considérer toute chrysalide
comme une espèce d’oeuf dans lequel le papillon se développe
et se perfectionne. Il y reste jusqu’à ce qu’il soit
entièrement formé, et qu’une douce chaleur l’invite k en
sortir. Le jeune papillon averti par l’instinct, qu’il a acquis
assez dé force pour rompre ses fers, fait un puissant effort
qui lui ouvre une seconde fois les portes de la vie.
Tous ses organes deviennent plus sensibles et en quelque
sorte plus parfaits. Ses ailes, qui d’abord ne paraissent
presque pas, ou qui sont si petites qu’on les prendrait pour
celles d’un papillon manqué, sont encore couvertes de
l’humidité du berceau et plissées, chiffonnées ou repliées
sur elles-mêmes ; mais aussitôt qu’elles sont k l’air libre,
les liqueurs qui doivent circuler dans leurs canaux, s’é»
lançant avec rapidité , les forcent à s’étendre et k se développer.
Pour accélérer ce développement et lui donner
plus de force, le papillon nouvellement éclos et impatient
de voler , les agite de temps en temps et les fait
frémir avec vitesse. En même temps , tous ceux qui ont
une trompe qui était étendue et allongée sous le fourreau
de la chrysalide, la retirent et la Boulent en spirale pour
la loger dans le réduit qui lui est préparé. Si queloüe
cause , soit intérieure , soit extérieure, s’oppose k l’extension
des ailes dans le temps qu’elles sont encore aussi flexibles
que des membranes, la sécheresse qui les surprend