Quoique les actinies soient fortement distinctes des holothuries,
elles ont néanmoins avec ces dernières des rapports
réels , puisque le célèbre Pallas a rangé parmi les actinies
une holothurie véritable. Holothuria doliolum.
Les actinies sont fixées, par l’aplatissement de leur base,
sur les rochers, sur le sable, ou sur d’autres corps marins,
presqu’a fleur d’eau ; de manière que par suite des oscilla«,
tions de la surface des eaux , elles sont très-souvent exposées
au contact de l’air : mais comme*elles peuvent se déplacer
et aller se fixer ailleurs, ce sont véritablement des animaux
libres.
Le corps de ces animaux est oblong, cylindracé, charnu,
très-contractile, s’allonge sous la forme d’un syphon ou d un
tube , et se raccourcit dans ses contractions de maniéré à
prendre la forme d’un bulbe globuleux ou ovale. L’extremite
supérieure de ce corps est terminée par un aplatissement or-
biculaire, au centre duquel est la bouche de l’animal, et
tout au tour sont placés, sur un seul ou plusieurs rangs,
des tentacules nombreux disposés en rayons. On dit que
l’extrémité de ces tentacules est munie d un pore qui agit
comme une ventouse en saisissant une proie : on dit plus, on
prétend que ces tentacules sont des prolongemens fistuleux
qui aspirent l’eau et la rejetent.
La partie supérieure des actinies, ainsi ornée de tentacules,
a, lorsqu’elle est épanouie, l’apparence d’une fleur j
ce qui a fait donner a ces animaux, le nom anémones de
mer. Les anciens les nommaient orties de mer fix e s , pour
les distinguer des méduses qu’ils appelaient orties de mer
vagabondes, ' ■
La rosette de tentacules de ces animaux imite d’autant
plus une fleur dont les pétales seraient ouverts, quelle est
en général brillante de diverses couleurs, et le plus souvent
colorée de rouge ou de pourpre, ou chargée de taches.yerdâtres
sur un fond pourpré. Quelquefois cette rosette est
partagée en lobes rayonnans et hérissés de petits tentacules.
L’intérieur des actinies offre un sac alimentaire fort large,
dont l’ouverture est supérieure et terminale. Ce sac , dont
l’estomac très-ample occupe le fond, est tellement contractile,
que quelquefois il sort presqu’en entier, en se renversant
en dehors; ce qui a été aussi observé dans des holothuries.
Des muscles aplatis, longitudinaux et parallèles entourent le
sac alimentaire. Plusieurs nodules ou ganglions nerveux d’où
partent des filets, sont placés au-dessous de l’estomac, et ont
été vus par M. Spix. Le même savant a pareillement remarqué
quatre corps particuliers qu’il nomme des ovaires, et qui
sont formés de tuyaux cohérens remplis de petits grains.
Ces corps sont situés entre l’estomac et les muscles, ayant
chacun un canal qui se dirige en bas, se courbe, se réunit'k
d’autres , et vient aboutir, par une issue commune, dans la
base de l’estomac. Rien de semblable, assurément > n’a été
observé dans aucun polype.
Les actinies, non seulement sont très-contractiles, mais
elles ont une faculté régénérative tout aussi grande que
celle des polypes. Si l’on coupe une actinie en différens morceaux
, l’on prétend que chaque pièce vit séparément, se
développe et forme autant d’actinies nouvelles. Est-il bien
certain que le succès de ces expériences ne soit pas conditionnel,
comme celui des rayons que l’on coupe aux astéries,
et que l ’on a vu vivre ensuite séparément et former une
étoile entière ?
Lorsque le temps est doux, calme, et qu’il fait du soleil,
on voit, dans les baies, les anses, les sinuosités des rochers,
et particulièrement dàns les lieux où l’eau a peu de profondeur
, les actinies s’épanouir comme des fleurs à la surface
des eaux. Mais au moindre sujet de trouble ou de danger
pour l’animal, ces fleurs disparaissent subitement ; l’actinie
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