
parties, aucun mouvement ne peut être excité dans
la moindre portion de ce fluide , sans que la masse
entière du même fluide ne participe à cette agitation.
De là se forme la sensation, par les voies que j’ai exposées
dans ma Philosophie zo o log iq ue, vol. 2 .
p. 25a.
Mais le sentiment intérieur dont il s’agit ici,
n’est point une sensation; c’est un sentiment très-
obscur, un ensemble infiniment excitable de parties
divisées qui se communiquent, ensemble que
tout besoin ressenti peut émouvoir, qui agit dès
lors immédiatement, et qui a la puissance, dans
l’instant mê m e , de faire agir l’individu, si cela est
nécessaire.
Ainsi, le sentiment intérieur résidant dans l’ensemble
du système organique des sensations, et
toutes les parties de ce système se réunissant à un
foyer commun ; c’est dans ce foyer que se produit
Y émotion que le sentiment en question peut éprouver
; et c’est là aussi que réside sa puissance de faire
agir. Il suffit pour cela que le sentiment intérieur
soit ému par un besoin quelconque ; alors il met
en action, dans l’instant, les parties qui doivent se
mouvoir pour satisfaire à ce besoin ; et cela s’exécute
, sans que ces déterminations que nous nommons
actes de volonté, y soient nécessaires.
On a donné le nom d’ instinct à cette cause qui
fait agir immédiatement les animaux que des besoins
émeuvent, sans en concevoir la nature. On
l’a considérée comme un flambeau qui avait la faculté
de les éclairer sur les actions à exécuter , et
l’on a remarqué qu’elle ne les trompait jamais. Il
n’y a cependant là ni lumières, ni nécessité d’en
avoir : car cette cause, uniquement mécanique , se
trouvant, comme les autres , parfaitement en rapport
avecles effets produits, l’action amenée par elle-même
n’est jamais fausse : le besoin ressenti émeut le sentiment
intérieur 5 ce sentiment ému amène l’action j
et jamais il n’y a d’erreur.
Il n’en est pas de même des actions qui résultent
d’actes de volonté ; car ces actes sont les suites
d’un jugement. Or, comme tout jugement est une
détermination par la pensée, et succède presque
toujours à une comparaison, il est souvent exposé
à l’erreur. L ’action alors peut donc se trouver fausse,
ce qui a été aussi remarqué.
Tous les animaux qui ne sont que sensibles n’a-'
gissent que par les émotions de leur sentiment intérieur
; tandis que les animaux à-la-fois sensibles
et intelligens, agissent tantôt par les émotions du
même sentiment, et tantôt par de véritables actes
de volonté. Les premiers n’exécutent donc leurs
actions que par ce qu’on nomme instinct; tandis que
les seconds exécutent les leurs tantôt par instinct,
et tantôt par volonté, selon des circonstances que
j’ai déjà assignées.