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qui, à la suite de leur premier état, ont de grandes transformations
à subir ; comme les diptères, les lépidoptères,
les hyménoptères, les coléoptères, dont effectivement les
larves ont généralement la peau très-molle.
Comme la nature n’opère rien que graduellement,
elle a préparé peu-à-peu dans ces larves, le nouveau corps
et les nouvelles parties, que doit avoir l’animal dans son
dernier état ; et elle l’a fait en exécutant une suite de modifications
dans les parties déjà existantes du corps de cet
animal, à la faveur de la mollesse de ce corps. Or, voilà
ce qui concerne la première considération citée : voyons
maintenant ce qui appartient à la seconde, et comment
la nature se débarrassera de ce corps de larve pour donner
au nouveau corps que le premier contient déjà en
ébauche, les derniers développemens et la liberté qu'il
doit avoir pour accomplir sa destinée.
J’ai déjà dit que tous les animaux qui se régénèrent
sexuellement, que l’homme même, dont la reproduction
exige une fécondation sexuelle, subissaient des changè-
mens singuliers dans leur être , à l’époque où ils devenaient
adultes, époque quiavoisinele terme deleur accroissement.
On sait qu’à cette époque, ils éprouvent une crise
remarquable qui produit en eux un état véritablement
nouveau (a). Comme ce fait est bien connu, examinons sa
(a) Parmi les changemrens connus que les individus subissent à l ’époque
où ils deviennent adultes , je ne citerai que la voix qui prend alors
un caractère tout-à-fait particulier, qui devient plus forte, plus grave,
et qui montre qu’il s’est opéré, dans le corps entier , une mutation sensible
On sait que d’autres traits de mutation s’observent alors dans l’état
pbvsique de l ’individu ; maisil s’en montre aussi dans sa manière de
sentir, dans ses penchans, dans son caractère même.
source et les résultats qu'il peut amener , surtout à l’égard
des insectes.
Dans lés animaux très-imparfaits qui ne se régénèrent
point par fécondation ^ la reproduction des individus n’est
qu’un excès delà faculté d’accroissement,qui donnelieu àdes
séparations de parties qui ne font ensuite elles-mêmes que
s’étendre pour prendre la forme de l'individu dont elles
proviennent: de là sont résultées la régénération par scission
, et celle par gemmules, des infusoires des polypes
et des radiaires. Pour cet ordre de choses, la nature
n’a eu besoin d’aucun organe particulier régénérateur 1 et
dès qu’un individu a acquis son principal développement,
il n’a aucune transformation à subir pour se régénérer.
Les choses sont bien différentes à l’égard des.animaux
qui ne se reproduisent que par la voie d’une génération
sexuelle. Effectivement, dans les animaux en qui la génération
ne1 s’opère qu’à la suite d’une fécondation, il y a
toujours pour eux une mutation quelconque, une transformation
grande ou petite à subir à une certaine époque
; parce que la nature ne travaille à perfectionner les.
organes sexuels que lorsque les principaux développemens
de l'individu sont opérés.
On sait que ce travail de la nature exerce alors une
influence réelle sur l’état général de l’individu en qui il
s’exécute, qu’il y opère des mutations fort remarquables,
et qu’il soumet l’individu à une espèce de crise. Or, l’influence
de ce travail de la nature n’est jamais nulle ; elle
devient très-grande dans les animaux dont les parties intérieures
sont très-molles, surtout si elle est favorisée par
l’engourdissement auquel ces animaux peuvent être assu