
employé dans les ouvrages d’entomologi'e pour désigner
la bouche des lépidoptères. C’est, dans ces insectes suceurs,
une partie grêle, filiforme ou sétacée, plus ou moins
longue, composée de la réunion de deux lames étroites,
et qui est roulée en spirale lorsque l’insecte n’en fait pas
usage. Cette partie grêle , qui est placée entre les deux
palpes labiaux, constitue le seul instrument employé de
la bouche des lépidoptères. C’est un suçoir nu , c’est-à-
dire, dépourvu de gaine, et destiné à pomper les sucs
mielleux dont ces insectes , parvenus à l’état parfait , se
nourrissent, ou au moins ceux qui prennent encore de la
nourriture.
Les de.ux lames qui composent cet instrument , sont
linéaires, convexes en dehors , concaves en dedans,
finement dentelées sur les bords , et,par leur réunion,
forment un cylindre creux qui constitue le suçoir dont il
s’agit. Ces lames ne sont pas des mâchoires, mais sont,
comme les deux premières soies de la trompe et du bec,
des pièces préparées pour former ailleurs des mâchoires.
Aussi leur support offre-t-il déjà deux petits palpes maxillaires
, reconnaissables malgré leur petitesse. Ainsi, ce
qu’on nomme la langue dans les lépidoptères, n’est qu’un
suçoir nu ; parce que la nature, sur le point de changer
les fonctions de la bouche des insectes, a ici cessé de
donner une gaine au suçoir ; et les pièces de ce suçoir,
sur le point d’être transformées en mâchoires, sont déjà
moins fines que dans les aptères, les diptères et les hémiptères.
Dans les hyménoptères, les entomologistes donnent
encore le nom de langue [ ou de promuscide] à la réunion
des deux mâchoires avec la lèvre inférieure quelles
embrassent ^ pour former une espèce de suçoir.
C o n c lu s ion : Il résulte de l’exposé de ces détails, que
la nature n’a formé la bouche des insectes que sur un seul
plan qu’ellç a successivement établi; mais que ne pouvant
instituer d’abord que des suceurs , elle a allongé et atténué
les pièces qui entraient dans ce plan, afin de les approprier
aux fonctions quelles devaient remplir; qu ensuite
, ses moyens s’étant graduellement accrus, elle a
peu-à-peu modifié ces différentes pièces, les a raccourcies
, élargies , et les a fortifiées selon leur emploi, de
manière qu’avec les mêmes parties de ce plan, elle a fiai
par instituer la bouche des insectes broyeurs qui paraît si
différente de celle des suceurs.
L ’ordre dans lequel je viens de présenter ces détails,
ainsi que celui que j’emploip dans ma distribution générale
des insectes, me paraissent les seuls qui puissent donner
une idée juste et claire des variations de la bouche des
différens insectes, de l’ordre de ces variations, des vrais
rapports entre ces nombreux animaux, enfin de la marche
des opérations de la nature en les produisant.
Nota. On a donné improprement le nom de suçoir
aux pièces essentielles de la trompe des diptères , du bec
des hémiptères et de la langue des lépidoptères- Ce nom
présente une fausse idée de la manière dont les sucs sont
portés à la bouche et dans l’estomae. En effet, ce n est
point par une véritable succion que les insectes suceurs
retirent le suc des plantes ou le sang des animaux qu ils
piquent ; car ils ne peuvent aspirer l’air par leur bouche,
mais seulement par leurs stigmates qui sont placés aux par