
que quelques jours et même quelques heures. Peu
après l’accouplement, la plupart des mâles périssent; la
femelle ne survit que pour déposer ses oeufs , après quoi
elle périt à son tour. Mais la propagation des espèces résultant
d’une des lois de la nature qui régissent ses opérations,
les insectes qui, nés à la fin de l’été, n’ont pas eu le temps
de s’accoupler, passent l’hiver enfermés dans des trous ,
sous l’écorce des arbres, ou même dans la terre ; ils n’en
sortent qu’au printemps suivant pour satisfaire à la loi
commune , et périr ensuite.
Tous les insectes sont ovipares ; quoique , dans quelques
uns et dans certains temps de l’année , les oeufs éclosent
dans le corps même de l’animal. En effet, Réaumur
etBonnet ont observé que les pucerons mettaient au monde
des petits vivans dans une saison de l’année , tandis qu’ils
pondaient des oeufs dans une autre.
Dès que les femelles sont fécondées , elles cherchent
à déposer leurs oeufs dans un endroit convenable où les
petits en naissant puissent trouver la nourriture dont ils
auront besoin. Les papillons, les phalènes, etc., placent
leurs oeufs sur la plante qui doit servir d’aliment aux chenilles
; les libellules retournent aux eaux bourbeuses
quelles avaient abandonnées depuis quelque temps. On
connaît les soins que prennent les abeilles pour leurs petits.
Les sphex et les iehneumons enfoncent leurs aiguillons
dans le corps des chenilles et des larves de diptères et de
coléoptères pour y déposer leurs oeufs. La plupart des
coléoptères percent le bois le plus dur, d’autres fouillent
la terre pour les placer dans la racine des plantes. L ’oëstre
suit avec opiniâtreté le boeuf, le cheval, le mouton, le
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renne pour déposer les siens sous la peau, dans les naseaux
et dans les intestins de ces animaux. Ainsi, que de
faits curieux l’observation des insectes ne nous a-t-elle pas
fait connaître ! Ceux dont nous allons parler sont encore
plus étonnans.
Métamorphoses.
Je nomme métamorphose celle particularité singulière
de l’insecte de ne pas naître, soit sous la forme, soit avec
toutes les sortes de parties qu’il doit avoir dans son dernier
état. En effet, parmi les animaux qui ne jouissent
point d’un système de circulation pour leurs fluides, les
insectes sont les seuls qui éprouvent des métamorphoses
dans le cours de leur vie.
Les métamorphosés que subissent les insectes, sont,
pour le naturaliste, l’un des phénomènes les plus singuliers
et les plus admirables que l’histoire naturelle puisse
nous offrir. Les mutations qu’elles nous présentent sont si
remarquables, qu il semble que les animaux qui subissent
les plus grandes, naissent en quelque sorte plusieurs fois. Ces
mutations ne sont même pas toujours bernées aux formes et
aux parties extérieures ; elles s’étendent souvent aux organes
intérieurs les plus importans, comme ceux de la digestion
, etc. Cependant nous verrons quelles ne sont
autre chose que des développemens successifs, qu’une
suite de modifications de parties, enfin que la formation
de quelques-unes qui n’existaient pas d’abord. Nous
verrons aussi que, dans les plus grandes de ces mutations,
les développemens s’opèrent dans deux directions différentes
qui se succèdent Tune à l’autre, et que la seconde