
jétis. Tel est précisément le cas presque particulier des
insectes.
Dans le cours de leur vie, ceux de ces animaux qui
ont la peau molle , et de grandes transformations à subir,
tombent dans une espèce d’engourdissement plus grand
encore que celui qu’ils éprouvent dans leurs mues ; ils
perdent toute activité., ne mangent plus, et restetit dans
oette crise périlleuse, quoique naturelle, pendant un temps
assez considérable.
Dans cet état, la nature cesse de nourrir les parties du
vieux corps de larve qui ne doivent plus être conservées.
Elles ont rempli leur objets en favorisant les modifications
de celles qui ont préparé dans la larve les élémens du
nouveau corps. Dès lors, le vieux corps s’amaigrit, se resserre
et se consume peu à peu, en fournissant à la nutrition
du nouveau corps sa propre substance, c'est-à-dire,
l’espèce de graisse amassée pendant son état de larve. La
nature donne donc ici une direction différente à la nutrition
j, et en effet, elle ne tend plus qu’à compléter le développement
d’un nouveau corps et de nouvelles parties.
Nous observons à-peu-près la même chose dans les
fleurs des végétaux qui se régénèrent par fécondation
sexuelle. Le calice et la corolle de ces fleurs servent d’abord
à protéger la préparation des organes essentiels de
ces mêmes fleurs (du pistil et des étamines) ; mais à une
certaine époque , ces enveloppes, qui protégeaient les
organes sexuels , devenant inutiles , nuisant même par la
clôture complette qu’elles formaient d’abord, la nature
cesse peu à peu de les nourrir, et dirige la nutrition vers
les étamines et le pistil qui acquièrent alors leurs derniers
développemens -, tandis que leurs enveloppes communes
s’ouvrent et la plupart tombent, ou se dessèchent.
Ainsi, à l’époque de la vie animale où le corps approche
du terme de ses développemens propres, la nature
n’ayant plus d’autre objet à remplir que la régénération de
l’individu pour la conservation de l’espèce, travaille aloi s
à completter le développement des organes sexuels qui
n’étaient encore qu’ébauchés. Et comme cette opération
est grande, qu’elle lui importe plus que la conservation
même de l’individu qu’elle ne destine qu à, en produire
d’autres, eu s’occupant des nouveaux organes, elle amène
pour lui une crise, grande ou petite selon les races; crise
qui, dans les diptères, les lépidoptères, les hjmenopieres
et même dans les coléoptères , est plus grande que dans
les autres animaux connus. Cette crise néanmoins se montre
généralement dans tous les animaux qui se régénèrent
sexuellement, par des changemens remarquables qui s’exécutent
alors en eux.
Ainsi, la métamorphose des insectes , qui nous paraît
si étonnante, parce que nous ne considérons nullement
le produit des circonstances que je viens de citer, n’est
qu’un fait particulier, tenant à des circonstances particulières
à ces animaux , et qui se rattache évidemment,
comme tous les autres faits d organisation , aux principes
que j’ai exposés.
L ’engourdissement que subissent ces animaux au terme
des développemens de leur corps, la direction nouvelle
que la nature donne à son travail, lorsqu’elle prépare l’individu
à pouvoir se reproduire par la voie des sexes,
enfin la nécessité de tenir dans un g and état de mollesse