Cependant, on a senti que les actions des êtres sentant,
c’est-à-dire, que celles, non-seulement des insectes , mais
en outre d’un grand nombre d’animaux, prenaient leur
source dans les actes d’une puissance productrice de ces
actions, autre que celle qui donne lieu à la plupart des actions
humaines. Or, ne connaissantpascette autre puissance,,
on a imaginé un mot particulier pour la désigner; et ce mot,
auquel on n'attache aucune idée claire , dont chacun interprète
le sens à sa manière , ou se contente sans y réfléchir
, est celui d’instinct.
Néanmoins, quelques physiologistes philosophes [ Cabanis
entr’autres ] ont fait des efforts pour attacher au
mot instinct, des idées qui pussent s’accorder avec les
faits ; mais aucun n’a réussi.
La distinction des actions produites immédiatement par
le sentiment intérieur ému , de celles qui s’exécutent à
la suite d’un acte de volonté, lequel suit toujours un jugement
, donne seule la solution de cet intéressant problème.
Quant aux produits singulièrement remarquables des
habitudes , et à la nécessité qu’ils entraînent , pour les
animaux , de répéter toujours les mêmes sortes d’actions ,
dans chaque race ; pour en concevoir la cause essentielle,
voici ce qu’il est nécessaire de considérer.
L 'habitude d’exercer tel organe ou telle partie du
corps , pour satisfaire à des besoins qui renaissent les
mêmes , fait que le sentiment intérieur , donne
au fluide subtil , qu’il déplace lorsque sa puissance
s’exerce , une telle facilité à se diriger vers l’organe ou
vers la partie où il a été déjà si souvent employé , et où il
s’est tracé des routes libres, que cette habilode se change,
pour l’animal, en un penchant quibientôt le domine, et
qui ensuite devient inhérent à sa nature.
O r , comme les besoins pour les animaux, sont pour
chacun ;
i .° De prendre telle sorte de nourriture , seloh l’habitude
contractée , lorsqu’ils en éprouvent le besoin ;
2.0 D’exécuter l’acte de la fécondation, lorsque leur
organisation les y sollicite ;
3.° De fuir la douleur ou le danger qui les émeut ;
4«° De surmonter les obstacles qui les arrêtent ;
5.° Enfin de rechercher, à la suite des émotions
qui les en avertissent, ce qui leur est avantageux ou
agréable.
Ils contractent donc , pour satisfaire à ces besoins, diverses
sortes d’habitudes qui se transforment en eux en
autant de penchans auxquels ils ne peuvent résister.
De là, l’origine de leurs actions habituelles et de leurs
inclinations particulières , et dont certaines, remarquables
par leur singularité , ont été qualifiées d'industries
, quoiqu &ucan acte de pensée et de jugement 11’y
ait eu part.
Comme les penchans qu’ont acquis les animaux par
les habitudes qu’ils ont été forcés de contracter, ont modifié
peu-à-peu leur organisation intérieure, ce qui en a
rendu l’exercice très-facile, les modifications acquises dans
^organisation de chaque race, se propagent alors dans
celle des nouveaux individus par la génération. En
effet, on sait que cette dernière transporte dans ces non