
140 MANUEL
G E N R E Q U A T O R Z I ÈM E .
PIE - GRIÈCHE. — LANITJS. (Linn.)
Bec médiocre, robuste, droit depuis son origine,
très-comprimé ; mandibule supérieure fortement
courbée vers la pointe, où se forme un crochet;
base dépourvue de cire, garnie de poils rudes, dirigés
en avant. Narines basales, latérales, presque
rondes, à moitié fermées par une membrane
voûtée , souvent en partie cachée par des
poils. Pieds Ȉ tarse plus long que le doigt du
milieu ; trois doigts devant et un derrière, entièrement
divisés. Ailes , i re. rémige de moyenne
longueur, 2e. un peu plus courte que les 3e. et 4e*
qui sont les plus longues.
Les cinq espèces de pies-grièches de nos climats, ainsi
qu’un grand nombre d’espèces étrangères dont le bec est
comprimé et plus ou moins crochu au bout, se distinguent
par leur courage et par leur cruauté : petits oiseaux de rapine
, elles ne le cèdent point en courage aux plus grands
destructeurs des airs ; leur proie qu’elles saisissent et emportent
avec le bec, consiste principalement en gros insectes,
mais elles attaquent aussi avec avantage les plus
petites espèces d’oiseaux, et les déchirent en se servant de
leurs doigts comme moyens de préhension; toutefois leurs
serres ne ressemblent point à celles des oiseaux de rapine
noble, dont les ongles sont rétractiles et les doigts faits
pour saisir. Les pies-grièches ont le plus de rapport avec
les oiseaux chanteurs, non-seulement eu égard/à leur voix
cadencée, mais aussi par leur régime qui est essentiellement
insectivore, et par les lieux où elles ont coutume
d’habiter. Elles volent précipitamment, mais d’une manière
irrégulière, le plus souvent en traçant des arcs-boutans ;
leur queue remue sans cesse; elles demeurent et nichent
habituellement dans les bois en plaines et dans les buissons.
La mue de certaines espèces paraît double, une très-
petite portion du plumage change deux fois de couleur;
chez le plus grand nombre elle est simple et ordinaire ; les
sexes , dans toutes les espèces connues, diffèrent plus ou
moins pour les couleurs du plumage; les jeunes, quoique,
faciles à distinguer, diffèrent le moins en cet état des
vieilles femelles. L’Amérique méridionale seule paraît ne
point avoir dès Pies-grièches ; les Bataras, et les Bécar-
des y semblent remplacer ee genre.
Remarque. Dans la première édition, le genre Pie-
grièche (L a n iu s ) , se trouve placé à la suite de l’ordre
des Rapaces; mais il est mieux vu de le comprendre dans
l’ordre de mes Insectivores. Les Pies-grièches ont en effet
toutes les habitudes et les moeurs des oiseaux compris
dans cet ordre ; elles forment avec les genres Vanga, Vieil. ,
Fourmilier (Myiotera, I l l i g . ) , Langrayan ( Ocypte-
rus, Cuv. ) , Bécarde (Psaris, Cev. ) , et Bec de fer
( Sparactes, I l l i g . ) * , une petite famille dont on ne peut
les séparer convenablement, puisque,ces groupes forment
ericore'des passages par degrés insensibles aux genres Dr on-
go (Edolius, Cuv. ), ÉcheniUeur ( Ccblephyris, Cuv. ) ;
même aux Coracines ( Coracina, V i e i l . )**, e't jusqu’aux
Pardaiotes (Pardalotus, V i e i l . ) : par les differentes espèces
de ces genres, nos Pies-grièches viennent très-natu-
* Le genre Betylus de M. Cuvier est établi pour la seule espèce
de Lanius leverianus, qui est un Tangara , ainsi qu’ÜIiger l’avait
jugé. Le genre Cassican (Bar ica, Cuv.) doit faire partie des Om.
nivores, et se rattache tout près du genre Çorvus. Le genre Orau-
calus, Cuv. ou les Choucaris sont des Echenîlleurs, et doivent prendre
rang dans ce genre dont ils portent les caractères.
** Ici viennent se réunir les Gymnocéphales et les Gjmnodèrcs
de MM. Geoffroy et Cuvier.