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 G E N R E   Q U A T O R Z I ÈM E . 
 PIE - GRIÈCHE. — LANITJS.  (Linn.) 
 Bec médiocre, robuste, droit depuis son origine,  
 très-comprimé  ;  mandibule  supérieure  fortement  
 courbée  vers  la  pointe,  où  se  forme  un  crochet;  
 base  dépourvue de cire,  garnie  de poils  rudes,  dirigés  
 en  avant.  Narines  basales,  latérales,  presque  
 rondes,  à  moitié  fermées  par  une  membrane  
 voûtée  ,  souvent  en  partie  cachée  par  des  
 poils.  Pieds Ȉ  tarse  plus  long  que  le  doigt  du  
 milieu ;  trois  doigts  devant  et  un  derrière,  entièrement  
 divisés.  Ailes ,   i re.  rémige  de  moyenne  
 longueur,  2e.  un peu plus  courte  que  les  3e.  et 4e*  
 qui  sont  les  plus  longues. 
 Les  cinq espèces  de  pies-grièches  de  nos  climats,  ainsi  
 qu’un  grand  nombre  d’espèces  étrangères  dont  le  bec  est  
 comprimé et plus  ou moins crochu au bout,  se  distinguent  
 par  leur  courage et par  leur cruauté  :  petits  oiseaux de  rapine  
 ,  elles ne le  cèdent  point  en  courage  aux  plus  grands  
 destructeurs  des  airs ;  leur  proie  qu’elles  saisissent  et emportent  
 avec  le bec,  consiste  principalement  en  gros  insectes, 
   mais  elles  attaquent  aussi  avec  avantage  les  plus  
 petites  espèces  d’oiseaux,  et  les déchirent  en se servant  de  
 leurs  doigts comme moyens de  préhension; toutefois  leurs  
 serres  ne  ressemblent  point à  celles  des  oiseaux  de  rapine  
 noble,  dont  les  ongles  sont  rétractiles  et  les  doigts  faits  
 pour  saisir.  Les  pies-grièches  ont  le  plus  de  rapport  avec  
 les  oiseaux  chanteurs,  non-seulement  eu égard/à leur voix  
 cadencée,  mais  aussi par  leur  régime  qui  est  essentiellement  
 insectivore,  et  par  les  lieux  où  elles  ont  coutume  
 d’habiter. Elles  volent précipitamment, mais d’une manière 
 irrégulière,  le  plus  souvent  en  traçant  des  arcs-boutans ;  
 leur queue  remue  sans  cesse;  elles  demeurent  et  nichent  
 habituellement dans les bois en plaines  et dans les buissons. 
 La  mue  de  certaines  espèces  paraît  double,  une  très-  
 petite portion  du  plumage  change  deux  fois  de  couleur;  
 chez le  plus  grand nombre elle  est  simple  et  ordinaire ;  les  
 sexes ,  dans  toutes  les  espèces  connues,  diffèrent  plus ou  
 moins  pour les  couleurs  du  plumage;  les  jeunes,  quoique,  
 faciles  à  distinguer,  diffèrent  le  moins  en  cet  état  des  
 vieilles  femelles.  L’Amérique  méridionale  seule  paraît ne  
 point avoir  dès  Pies-grièches ;  les Bataras,  et les Bécar-  
 des  y  semblent remplacer  ee  genre. 
 Remarque.  Dans  la  première  édition,  le  genre  Pie-  
 grièche (L a n iu s ) ,  se  trouve  placé  à  la  suite  de  l’ordre  
 des Rapaces; mais  il  est mieux  vu  de  le  comprendre dans  
 l’ordre de mes Insectivores.  Les  Pies-grièches  ont  en  effet  
 toutes  les  habitudes  et  les moeurs  des  oiseaux  compris  
 dans cet ordre ; elles forment avec les genres Vanga, Vieil. ,  
 Fourmilier  (Myiotera,  I l l i g .  ) ,  Langrayan  ( Ocypte-  
 rus,  Cuv. ) ,   Bécarde  (Psaris,  Cev.  ) ,   et  Bec  de  fer  
 (  Sparactes,  I l l i g .  )   * ,  une  petite  famille  dont on ne  peut  
 les séparer  convenablement,  puisque,ces  groupes  forment  
 ericore'des passages par degrés insensibles aux genres Dr on-  
 go (Edolius,  Cuv.  ), ÉcheniUeur ( Ccblephyris,  Cuv. ) ;  
 même aux Coracines  ( Coracina,  V i e i l .  )**,  e't jusqu’aux  
 Pardaiotes  (Pardalotus,  V i e i l .  )  :  par  les differentes  espèces  
 de ces genres, nos Pies-grièches viennent  très-natu- 
 *  Le genre Betylus  de M. Cuvier est établi pour la seule espèce  
 de Lanius  leverianus, qui est un Tangara  , ainsi qu’ÜIiger l’avait  
 jugé. Le genre Cassican  (Bar ica, Cuv.) doit faire partie des Om.  
 nivores,  et se rattache tout près du genre Çorvus.  Le genre Orau-  
 calus, Cuv. ou les Choucaris  sont des Echenîlleurs, et doivent prendre  
 rang dans ce genre dont ils portent les caractères. 
 ** Ici viennent se réunir les Gymnocéphales  et les Gjmnodèrcs  
 de MM. Geoffroy et Cuvier.