CHAPITRE III.
Du genre M ic r o s t o m e , et en particulier du Microstome
argenté {Microstoma argenteüm, nob.).
Le poisson, sujet du chapitre actuel, avait échappé
aux observations des icffithyologistes antérieurs au dix-
neuvième siècle. Ses singuliers caractères sont cependant
combinés de manière a piquer la, c‘ùfcio^tétdu naturaliste,
et à rendre fort difficile de trouver la placé qu’il faut
lui assigner. L’éclat d argent poli dont il brille' et qui
résiste à l’action de la lumièrerxomme à celle de l’alèool,
devrait faire penser qu’on n’aurait"pàs^ Iài^#léëtte espèce
dans l’oubli. Mais la manière de vivre de notre poisson
explique cette longue omission. 11 paraît qu’il vùjparmi
les bandes innombrables d’anchois, presque aussi brillans
que lui, et avec lesquels il reste confondu.
Malgré les nombreuses inexactitudes de la description
que M. RisscPen publia dans la p rentière, éditipn ^de
l’Ichthyolog^e de Nice, nojus sommes sûrs qu’if-a été
indiqué dans cet ouvrage sous le nom de Gasteropelecus
microstoma, pu de Serpe à petite^bouché,-^ parce que
M. Risso a envoyé au Muséum d’histoire naturelle, ,vers
1812 , un exemplaire de cette espèce étiqueté par lu i, et
que l’on conserve encore' dans le Cabinet du Roi. Ce que
cet auteur dît de son museau court et arrondi, de sa
nuque plane, de ses lèvres cartilagineuses, très-minces'
et rétractiles, de s a mâchoire inférieure, plus avancée
que la supérieure, de la petitesse de sa bouche, de la
grandeur des yeux et de leur iris argenté, convient assez
bien au poisson. On peut encore admettre que la description
des dents aflété faite d’après l’individu que nous
ayons sous lfg yèux, et nommé, par M. Risso lui-même,
Serpe microstome; mais les .écailles minces et argentées
ne? sont pas striées et ne tombent pas facilement; elles
sônjt,• Artcon traire, assez adhérentes; la couleur uniforme
et, argentée n’est pas d’un gris bleuâtre tirant sur le noir
à la^jfgion dorsale, efi d’un argent azuré vers le ventre :
la ligne latérale n’est pas courbe. îNotre poisson n’a pas
deux dorlaIe.%f quoique M. Risso, compte les dix rayons
de la première : et lés cinq de la seconde. Il me paraît
hioi^de doute que M» Risso a fait ici, ce qui lui est arrivé
d’ailleurs plusieürs fois, Il a composé la description d’une
espèce avec des particularités observées sur deux poissons
tofutradTait différens» J e , suis d’autant plus porté à croire
confusion que l’auteur donne, comme nom vulgaire
dé l’fespèee, la dénomination de Maire damplova, qui
est aussi celle de toutes les autres Scopèles ou Serpes
décrites dans les deux éditions d e cet ouvrage.
D’un autre ieété je vois reparaître, dans la seconde
édition de fichthyoLogic nicéenne, le nom de Maire
damplova, comme dénomination vulgaire d’un poisson
voisin des sauras et dont M. Risso fait le genre Macrostome,
l’esp ècè étant nommée macrostoma angustidens. *
Dans cette même édition l’auteur met à la suite des
scopèles une seconde division d’abdominaux acanthopté-
rygiens, où il range les Athérines> les Sphyrènes, les Pa-
1. Risso, Ichlh. de Nice, 2.* édit., p. 448.