Ö4Ö P Y - R U S . P O I R I E R .
38. ROCHONNIERE. Bonne espèce quoique peu fertile; on en retire de bon
poiré dans le pays d'Auge.
29. U O U G E - V I G N Y . Très-bonne espèce, mais peu fertile; son poiré est excellent.
Cultivée à Falaise, dansle pays dc Bocage, dans les déparlemens de l'Eure, de
l'Orne, de la Manclic et de l'ille et "Vilaine.
30. P O I R E de Roux. Bonne espèce, donnant un poiré délicat. Cultivée dans le
département de l'Orne et dans celui de l'ille et Vilaine, où elle est connue sous lo
nom de Rousseau.
5 i . SABOT. Bonne, belle et fcrlilc espèce, donnant un poiré délicieux. Cultivée
à Falaise et dans le départemeiU dc l'Orue ; connue sous le nom de Coq dans le pays
dc Caux, le département de la Somme et celui de l'Eure.
32. S A U V A G E L . Espèce ne donnant qu'un poiré de médiocre qualité. Cultivée
dans le département de l'Orne et à Falaise; appelée Gros-Boquet dans le pays
d'Auge.
33. TROCHET. Boune espèce, dont on retire de bon poiré dans le département
de l'Orne.
POIRE de Valmont. Bonne espèce, produisant de bon poiré. Cultivée dans le
pays du Bocage.
C U L T U R E , U S A G E S ET P R O P R I É T É S.
Le Poirier est indigène des forêts de l'Europe tempérée ; mais il est plutôt disséminé
dans les bois qu'il n'en forme la masse, surtout dans les pays de plaines. On
le trouve quelquefois plus commun et plus répandu dans les contrées montagneuses,
mais sans qu'il y constitue à lui seul des forêts entières, ainsi que fout les Chênes,
les Pins, les Bouleaux et autres arbres.
Le Poirier est moins diflicile que le Pommier sur la nature du sol et sur l'exposition
; quoiqu'il réussisse mieux dans les terrains fertiles et profonds, il s'accommode
cependant de ceux qui sont secs et pierreux, parce que ses racines s'enfoncent plus
profondément, et qu'elles peuvent percer ct s'élendre jusque dans les fentes des
rochers. Le Poirier est aussi en général plus -vigoureux, sous tous les rapports, que
le Pommier. Il s'élève davantage, fleurit et donne ses fruits plutôt, rapporte ordinairement
beaucoup plus, supporte mieux les rigueursdes gelées du printems, vit enlia
plus long-tems, et parvient à une grosseur bien plus considérable.
C'est à tort que PLI>-E place le Pommier, et surtout le Poirier, an nombre des
arbres qui durent peu et qiu croissent pronqiiement. La croissance du Poirier,
comme cclle de presque tous les arhres ii bois dur, est lente, quoiqu'elle le soit
moins cependaut que celle du Chèn<r. L e Poirier, croissant lenlement, est susceptible
de vivre long-tems, et il peut acquérir avec les années une grosseur considérable.
THÉOPHUASTE dit que cet arbre est d'autant plus fécond qu'il est plus vieux, et l'expérience
de tous les jours prouve encore cetle observation du plus ancien auteur qui
ait écrit sur l'histoire des plantes. M. Bosc dit avoir vu des Poiriers auxquels on
attribuait trois à quatre cents aus, et qui étaient extrêmement productifs. O n citc un
Poirier d'Erford, cn Angleterre, ayant dix-huit pieds de circonférence.
P Y R Ü S . POIRIER. 247
La manière de former des semis, des pépinières et des plantations dc Poiriers, ne
différant pas des procédés qui ont été indiqués pour le Pommier, nous ne répéterons
pas mahitcnant tout ce que la culture de ccs deux arbres peut avoir dc commun ;
nous nous contenterons dc renvoyer le lecteur à cc qui a été dit sur l'un d'eus,
pages 177 et suivantes de ce volume, ct nous ne parlerons ici que de cc que l'aulrc
offre de parliculier.
Le Pommier ne se greffe que sur lui-même, le Franc, le Doucin et le Paradis
élant tous des sujets sortis originairement ou du Pommier sauvage ou de Pommiers
déjà cullivés. Le Poirier au contraire, outre qu'il se greffe snr lui-même, so greffe
aussi très-souvent sur Coignassier, ct il réu.ssit même sur l'Aubépine, le Néllier,
l'Azérolier, le Cormier, le Pommier et autres arbres dc la même famille.
Le Poirier se greffe en écusson, en fente et en couronne. La première espèce ne
sc pratique que sur les jeunes .sujets, et c'est en général ccllc qu'on met le plus communément
cn usage daus les pépinières; la seconde s'emploie pour les arbres de cintfà
six ans ct au-delà, jusqu'à une certaine grosseur. L a dernière ne convient qu'aux vieux
arbres que l'on veut rajeunir, et dont on veut changer le fruit ; celte sorte dc greffe
n'est, à proprement parler, que la multiplication de celle en fente.
La greffe cn écusson se pratique 'a deux époques de l'année, au printems ct au mois
d'août ; l'une s'appelle h oeil poussant, et l'autre à oeil dormant; la ilernière est ccllc
qu'on pradquelepius ordinairement: puur l'une et pour l'autre, il faut queles arbres
soient en sève, afin que les écorces se détachent facilement. La greffe cn fente doit
être faite avant que la sève ait détaché l'écorce du bois, ce qui rendrait l'opération
plus difTicde et moins sûre ; aussi le tems convenable a celle-ci est le commencement
dc mars ou la fin de février, selon le climat, ou suivant que le printems e.st plus ou
moins précoce. La greffe en couronne se fait plus tard, en pleine sève, parce que pour
elle il faut que l'écorce du sujet puisse sc détacher.
Les Poiriers grelTés sur sauvageons deviennent des arbres très-vigoureux et ils
vivent très-long-tems ; mais on a appris, par l'expérience, qu'ils ne rapportaient des
fruits que très-tard, après vingt ans ct plus, et que ceux qti'ils donnaient étaient
moins beaux ct moins bons que ceux venus par le moyen de la greffe surCoignassier ;
ccla fait qu'aujourd'hui ou ue plante presque jdus dc sauvageons. Lc Coigna.ssicr au
contraire, lorsqu'on le fait servir de sujet pour recevoir la greffe de Poirier, sc met
promptement à fruit, au bout de deux 'a trois ans seulemcnl, et ses productions sont
beaucoup meilleures ; mais il ne forme que des arbres faibles et peu durables. Le
franc, qui est le produit du semis des graines des variétés perfectionnées par la culture
, tient le milieu entre ces deux extrêmes.
Quand on veut avoir des arbres peu élevés, propfes à former des espaliers, des
contre-espaliers, à tailler cn buisson, en va.sc, cn quenouille, en pyramide ct même
en demi-plein-vent, on prend des Poiriers greffés sur Coignassier. Le franc ne
convient qu'aux grands plein-vents. 11 faut observer d'ailleurs que toutes les variétés
ne prennent pas également bien sur Coignassicr, et l'expérience a appris qu'il en est
qui languissent toujours et qui même ne reprcnneut pas snr cct arbre; tandis que ces
mêmes variétés réussissent parfaitement sur franc ; quelques autres au contraire,
mais en plus petit nombre, paraissent prospérer davantage sur Coignassier que sur
franc même. H faut encore observer qi\'il y a deux variétés dans le Coignassier : le
commun ct le Coignassicr dc Portugal. Le premier ne convient qu'aux variétés dont
la seve est modérée et de grandeur médiocre; mais celles qui deviennent grandes et
sonl vigoureuses veulent être greffées sur le second.
Kous avons déjà dit que le Poirier cn général était peu difficile sur le terrain ; ce