dans, certains temps de l’année, ils n’ont, capturé que des femelles
dont plusieurs ont été trouvées pleines;dans d’autres lieux, ils n'ont
pris que des mâles. Celle particularité explique encore comment il
se fait que les voyageurs et les naturalistes ont été induits en erreur,
relativement à la formation des espèces, et comment les jeunes
et les deux sexes du même animal, ont été publiés.sous trois dénominations
différentes.
Il me reste maintenant à parler des travaux de mes devanciers
sur ce genre des Chéiroptères, et de l’examen comparatif des espèces
, vérifiées sur les sujets qui ont servi à la description de ces
animaux. C ’est toujours avec quelque scrupule que j’entame cette
matière délicate; l’expérience nous montre que l ’amour-propre de
ceux sur lesquels porte la critique, l’emporte souvent sur l’intérêt
de la science, et qu’une exactitude, peut-être une marne scrupuleuse
trop sévère de ma part donne matière à des remarques
amères, ou à un éloignement personnel. Voltaire et Buffon (l’opinion
différente sur certaines théories sont convenus , qu’il ne valait
pas la peine de se brouiller pour des coquilles. Avouons que
de nos jours il serait absurde de s’en vouloir pour un genre de plus
ou de moins dans la méthode artificielle, ou pour quelques espèces
nominales établies dans les coupes génériques, qu’une revue plus
exacte fait disparaître de la liste d’un spécies. Convenons toutefois
que si la critique a ses désagrémens, d’un autre côté elle rend
service à la science, et devient de nos jours un besoin; car l’histoire
naturelle ne figure pas mal une arène : on s’y lance avec impétuosité, on
semble craindre d’arriver trop tard pour prendre date d’une soi-
disant découverte: c’est de cet empressement immodéré de se
faire connaître, de ce désir puéril de voir figurer son nom en lettres
majuscule à la tête d’un genre, ou plus modestement à la suite
d’une dénomination d’espèce, qu’on suppose nouvelle, que se multiplient
ces erreurs , vrai tourment du naturaliste; c’est aussi ce qui
rend les indications si incomplètes, souvent d’aucun secours, vu
que d’ordinaire on ne se donne pas la peine d’établir les rapports
ou les dissemblances d’un objet présumé nouveau, d’avec les espèces
connues, qui existent dans les Musées,
Linné, Erxleben et Bechstein ne prirent aucune considération du
système dentaire ni des organes de l’ouïe et de l ’odorat si remarquablement
disparates de ceux des autres Chéiroptères d’Europe;
ils associèrent les Rhinolophes avec les Vesperlilions sous l’appellation
commune de Vespertilio. Linné a confondu les deux espèces distinctes
d’Europe, ou n’a attribué leur dissemblance qu’à une cause
locale ou accidentelle, il classe les deux espèces sous le nom de
Vespertilio ferrum equinum; ses disciples suivirent pendant longtemps
l’idée erronée du maître. Bechstein forma le premier deux
espèces européennes sous les noms de Vespertilio ferrum,,equinum
et hiposideros ; mais n’ayant vu qu’une seule espèce,* la moins
grande des deux qui existent, il forma une nominale du jeune
Rhinolophe b ife r , laissant à l’adulte le nom imposé par Linné.
Ce fut Daubenton q u i, avant Linné, reconnut et désigna en Europe
deux espèces, le grand et le petit fer-à-cheval, que Linné
confondit comme nous venons de le dire. M. Geoffroy reprit le
fil des observations de Daubenton et désignant les deux espèces
par des caractères rigoureux, autres que ceux pris de leur taille,
comme l’avait fait son devancier, il publia un mémoire sur ces
Chéiroptères à feuille nasale compliquée, sépara les espèces des autres
chauve-souris sous le nom de Rhinolophus et ajouta quatre
espèces étrangères aux deux espèces européennes; ces dernières reçurent
les noms de unihastatus et bi-hastatus. On ne peut expliquer
le motif qui détermina en suite le Dr. R u h l, à substituer
le nom de Noctilio à la place de celui de Rhinolophus, donné par
le professeur français ; Kuhl ne vit jamais la grande espèce ou Vu-
nihastatus et tout ce qu’il dit de son JSoctilio ferrum equinum doit-
être rapporté au bi-hastatus. Mr. Cuvier adopta les vues de son
collègue et les compilateurs n’ajoutèrent rien à celle coupe de la
famille des Chéiroptères, si ce n’est qu’ils embrouillèrent un peu la
synonymie.