est de fait que chez la même espèce (la nodule par exemple) on a
pu observer, qu’une année toute les femelles pleines et celles qui
allaitent n’ont qu’un petit, tandis que cette même espèce a été trouvée
portant deux embrions. Ce fait se trouve encore vérifié par
deux observateurs allemands très attentifs et très exacts dans leurs
recherches, Brehin et Kuhl. Le premier dit avoir examiné i 5 femelles
de l’espèce désignée sous le nom de nodule chez lesquelles
il n’a pu trouver qu’un embrion, et Kuhl dit que la nodule porte
habituellement deux petits tandis que la se'rotine n’en porte ordinairement
qu’un. J’ai pu m’assurer par l’examen de sujets conservés
à l’esprit de vin que la même différence a lieu chez les ves-
pertilions de l'Inde ; car j’ai trouvé que quelques espèces ne portent
qu’un petit et d’autres en portent deux. Au reste il est prouvé que
tous les chéiroptères frugivores ne mettent qu’un petit au monde ( i).
Toutes les femelles de molosse (dysopes) que j’ai pu examiner
pleines, ne m’ont offertes qu’un seul embrion.
Une autre particularité dans le genre de vie des vespertilions
et qui peut-être s’étend à toute la classe des chéiroptères, c’est la
réunion d’un très grand nombre de femelles fécondées qui s'isolent
des mâles, elles vont se choisir en commun un gîte spacieux pour
y déposer leur progéniture et vaquer ensemble aux premiers soins
que les nouveaux nés requièrent; pendant ce tems les mâles des
vespertilions vivent isolés et loin des lieux choisis par les femel-
mes; chez quelques genres de chéiroptères insectivores de l’Inde,
les mâles se retirent au loin, et vivent entre eux par petites bandes.
Nos vespertilions d’Europe retournent à la vie sociale vers
l’approche de l’époque de leur torpeur hybernale ; pendant ce terme
souvent assez long, mais quelquefois interrompu par quelques
beaux jours d’hiver, des familles entières, des masses d'individus,
se cramponnent pèle mêle, souvent les uns sur les autres, en des
lieux, où ils sont à l’abri de la grande intensité du froid.
(1) Voyez pour plus de détails sur ce point, l’article additionel aux chéiroptères frugivores
t pag. 49.
Lorsque les femelles sont réunies et attendent l’époque de mettre
bas, elles se cramponnent aux pouces des ailes en ramenant la
queue vers le ventre ; c’est dans cette espèce de sac formé par la
membrane interfémorale que le jeune est reçu et obtient les premiers
soins de la mère, qui plus tard le transporte avec elle dans tous ses
mouvemens; lorsqu’elle n’a qu’un petit, celui-ci se cramponne en
sautoir â la poitrine de la mere et quand il y en a deux, chacun se
suspend le long des flancs attaché par la bouche à la mammelle,
cramponné par lepouoe de l’aile et par les pieds, et soutenu toujours
par la poche formée par l’interfémorale ; chez les chéiroptères frugivores
qui manquent de ce soutien, la nature a accordé des moyens
de préhension plus développés et plus vigoureux dans la longueur
excessive du pouce de l’aile muni d’un ongle très fort, et dans la
longueur et la forme vigoureuse des doigts des pieds, au moyen des
quels le jeune animal s’assujettit fortement à la poitrine de la mère,
sans que celle-ci offre aucun soutien-accessoire au jeune, abandonné,
dès sa naissance, aux moyens de préhension dont il est doué.
L a nourriture des vespertilions consiste uniquement en insectes ;
principalement ceux de nuit, mais aussi en scarabes; les petites espèces
ne s’attaquent qu’aux hyménoptères, aux larves et aux très
petits molusques. Leur gloutonnerie selon K u h l, est extrême; il a
vu une nodule avaler de suite i 3 hannetons (Melolontha vulgaris) ;
et 70 mouches communes sont à peine un repas suffisant pour la
pipistrelle.
Il paraît qu’on doit admettre l’existenGe d’une double m u e , ou
bien d’un changement périodique de coloration dans la pointe des
pôils de la robe, non seulement chez les vespertilions,. mais probablement
chez le plus grand nombre des chéiroptères ; sur est-il ,
que plusieurs espèces de l’Inde en portent les indices, par les teintes
périodiquement disparates ou légèrement variées de leur pelage.
Peu d’espèces de vespertilions offrent une différence de coloration
dans les sexes; mais les jeunes de quelques espèces de l ’Inde diffèrent
sous ce rapport de l’adulte.