
 
        
         
		descendent  des  arLres  pour  attaquer  ceux  qui  les  poursuivent ;  
 quoiqu’on  cite  plusieurs  exemples  de  naturels  terassés  et  tués  par  
 ces  animaux  doués  d’une  force  prodigieuse. 
 Après  l’époque  de  l’accouplement  les  vieux  mâles  vivent  com-'  
 plétement  isolés;  ceux  qui  ne  sont  pas  adultes  et  les  vieilles  femelles  
 se  réunissent,  quoique  guère  en  plus  grand  nombre  que  
 trois  ou  quatre;  les  femelles  pleines  et  celles  qui  allaitent  s’isolent  
 également.  Le  jeune  reste  longtems  auprès  de  la  mère  dont  les  
 soins  lui  sont  nécessaire  vu  la  lenteur  de  son  accroissement;  il  
 accompagne  celle-ci  dans  tous  ses  mouvemens,  constamment  soutenu  
 contre  la  poitrine  et  se  cramponnant  au  pelage.  On  ne  sait  
 pas  encore  à  quel  âge  l ’orang  entre  en  puberté,  combien  de  tems  
 dure  la  gestation,  ni  quel  peut  être  le  terme  moyen  de  la  vie ;  
 prenant  pour  base  la  croissance très  lente  des  individus  captifs,  on  
 est  porté  à  calculer  de  io   à  i 5  ans  avant  qu’ils  soient  complètement  
 développés,  et  le  terme  moyen  de  leur  vie  serait  de  4°  à  
 5o  ans. 
 Les organesdes sens dans l’orang ne paraissent pas être très subtiles,  
 si  l’on  en  excepte  l’ouie  qui  est  extraordinairement  fine.  Quoique  
 ses  yeux,  d’ un  brun  clair,  ont  beaucoup  de  vivacité  et montrent  
 de  l’expression,  il  semble  nonobstant  avoir  la  vue  basse.  Lorsqu’en  
 captivité  on  lui  montre  des  fruits  cultivés,  son  avidité  pour  les  
 posséder  est  extrême;  aussitôt qu’il  les  tient,  il  les  regarde  de  près,  
 les  tâte,  les  soumet  à  l’odorat,  les  rejetant  ensuite  avec  indifférence. 
   Tout  ce  qui  lui  tombe  à  la  main  est  aussitôt  porté  à  peu  
 de  distance  des  yeux  et  en  second  lieu  droit  devant  l’ouverture  
 des  narines,  ce  qui  fait  soupçonner  que  cet  organe  est  aussi  peu  
 développé que  celui  de  la  vue.  On  peut  lui  attribuer  aussi  peu  de  
 finesse  dans  l’organe  du  toucher;  il  en  a  bien  moins  dans  les  
 doigts  que  les  quadrumanes  des  autres  genres;  les  lèvres  remplissent  
 chez  lui  les  principales  fonctions  de  cet  organe,  surtout  la  
 lèvre  inférieure  qu’il  a  la  faculté  d’étendre  en  forme  de  vase  et  
 d’alonger  pour  juger  des  objets  qu’il  saisit;  sa  lèvre  inférieure  lui 
 sert  aussi  pour  recueillir  l’eau  pluviale;  il  l’étend  à  cette  fin  en  
 forme  de  cuillier,  tandis  que  les  Hylobates  ouvrent  fortement  la  
 bouche  dans  le  même  but;  pour  boire  il  se  sert  de  la  main  et  
 laisse  découler  l’eau  qu’elle  peut  contenir  dans le  prolongement  de  
 sa  lèvre  inférieure. 
 Morne  et  sédentaire,  même  à  l’état  de  liberté,  on  n’observe  pas  
 chez  l’orang  la  pétulance  et  la  souplesse  dans  les  mouvemens  que  
 montrent,  à  un  si  haut  dégré,  tous  les  Hylobates.  Le  besoin  de  
 nourriture  seul  semble  le  porter  à  faire  abnégation  de  sa  paresse  
 naturelle,  à  le  faire  changer  de  place  ou à prendre  du  mouvement;  
 aussitôt repu,  il  reprend  la  pose  favorite  dans  l’attitude  accroupie,  
 le  dos  courbé,  la  tête  penchée  sur  la  poitrine,  regardant  fixement  
 en  dessous,  quelquefois  l’un  des  bras  étendu  se  tenant  a  une branche  
 voisine;  le  plus  souvent,  les deux  bras  pendant  nonchalamment  
 le  long du  corps, il  reste des  heures  dans  la  même  altitude,  faisant  
 entendre  par  intervalle  un  son  morne  et  bourdonnant ;  de  jour  
 on  le  voit  parcourir  la  cime  des  arbres  d’un  district  peu  étendu,  
 vers  le  déclin  du  jour  il  passe  dans  l’épaisseur  du  feuillage  pour  
 se  mettre  à  l’abri  du  froid  et  du  vent;  à  l’approche  de  la  nuit  il  
 se choisit un  gîte  à  moitié  hauteur  d’un  arbre  touffu  ou  à  la  cime  
 d’un  arbre  peu  élevé,  tel  que  le  palmier  nibong  ou  pandani;  
 souvent  aussi  blotti  dans  une  grande  touffe d’orchidées qui  croit  en  
 parasite  sur  le  tronc  de  ces  arbres  gigantesques;  en  quelque  lieu  
 qu’il  passe  la  nuit  il  prépare  son  gîte  en  forme  d'aire,  le  garnit  de  
 feuilles  et  le  recouvre  au  dessus  de  sa  tête  de  branches  pliées,  de  
 feuilles  d'orchidées,  du  Pandanus fascicularis, ou  du Nipa fruti-  
 cans;  c’est  là  qu’à  environ  vingt  cinq  pieds  de  terre  il  passe  la  nuit  
 couché  sur  le  dos  ou  sur  le  côté ;  les  membres  postérieurs  repliés  
 vers  le  corps  et  l'un  des  bras  étendu  sous  la  tête  qu’il  soutient  
 dans  la  main ;  quelquefois  il  croise  les  bras  sur  la  poitrine ;  lorsque  
 les  nuits  sont  fraîches  ou  pluvieuses ,  il  se  couvre  le  corps  d’orchidées, 
  de pandanus  et autres  feuilles,  et  en  place  quelques-unes  sur  
 sa  tête.  Il  ne  sort  de  celte  retraite  que  lorsque  le  soleil  a  dissipé