
Les vesperlilions et les rhinolophes, peut-être aussi tous les autres
chéiroptères insectivores munis d’une queue longue, se servent de
ce membre pour faire entrer dans leur gueule et pousser vers l’oesophage
les insectes trop gros qu'ils ne peuvent engloutir facilement;
la queue leur tient alors lieu de doigt; ils la ramènent vers la tête
qu’ils baissent un peu dans le vol, et parviennent ainsi à se rendre
maître de leur proie. Nous voyons par les fonctions remplies par ce
membre, que cette partie peut influer pour beaucoup sur les moeurs
par les différentes formes sous lesquelles elle se montre chez les
groupes différens des chéiroptères; aussi voyons nous, que chez tous
les vesperlilions connus, cette partie n’affecté aucune anomalie, et
qu’elle est invariablement formée sur le même modèle; tandis qu’ou
la voit prendre une forme plus ou moins différente dans tous ces
groupes, distingués par des moeurs et par une structure totale,
toutes disparates; ou, en d’autres termes, qui constituent réellement
des genres distincts.
Ces considérations me portent à ne point admettre dans le groupe
du genre Vespeûilio, ces coupes ou sous-genres distincts, empruntés
de la forme sous laquelle se présente, chez les différentes espèces,
les organes externes du sens de l’ouie. Je ne vois point pourquoi
les vesperlilions feraient une exception unique dans le système
de classification généralement adopté, classification basée très judicieusement,
sur les organes de la mastication et du mouvement,
à laquelle les chéiroptères, quoique moins strictement soumis par
leur organisation totale, ne se refusent pas d’une manière absolue.
En admettant aussi comme premiers moyens de classification méthodique
les caractères empruntés de l’organe externe de l’ouie,
qui varie presque chez chaque espèce différente, il serait pour
lors difficile d’assigner une limite rigoureuse et définissable par des
mots, à ces coupes plus ou moins assujetties au caprice, purement
artificielles et à l’égard desquelles il sera de plus en plus difficile de
s’entendre. Prenant ici pour exemple le genre Plecotus, formé
par Mr. Geoffroy et fondé sur le Vespertilio auritus comme espèce
type, nous demandons,j comment il peut se faire qu’on vienne
à réunir a celle-là notre Barbastelle, le Vespertilion Mangé et le Ves-
pertilion voilé Au Brésil? certes il y a bien dans ces quatre espèces
trois formes assez distinctes de la conque, et deux: formes tres-dif-
férentes de tragus ; réunissant encore à celles-ci les Vesperlilions
Bechstein et Ossini d’Europe, on augmentera d’autant plus la confusion.
En effet, j’y vois des oreilles très longues, d’autres très larges,
d’assez courtes et recourbées, et de moyenne longueur; toutes, à la
vérité plus ou moins réunies, les unes par leur base et une partie
de celle-ci, les autres par un simple ruban très peu distinct. On se
demande encore: si le V. de Bechstein est réuni à F oreillard,
pourquoi le V. de N altérer ne se trouve pas classé avec ceux-ci?
il a les oreilles proportionellement un peu plus courtes que le Bechstein
et ce dernier les a proportionellement un peu moins longues
que l’oreillard; toutes ces espèces diffèrent plus ou moins dans
la forme de leur tragus. Enfin , pour définir nettement ce genre
et lui donner des caractères fixes, qui puissent servir a classer d’autres
espèces qu’on pourrait découvrir encore, il serait nécessaire de
donner pour cette coupe une indication ou table de maximum et
de minimum de la longueur voulue des, oreilles,; puis, afin de pa-
raitre conséquent dans ce nouveau mode de classification, il faudrait
séparer génériquement l'Ane du Cheval et ne plus admettre le
Canis megalotis et à pins forte raison moins encore le Cams cerdo
on Fennec dans le genre Chien.
J ’avoue que le nombre des espèces de vespertdions est devenu si
considérable, qu’a l’aide d’une description même minutieuse et sans
le secours de figures, on risque de les confondre ou de les multiplier
et qu’il devient impossible de les désigner par une phrase à la
manière de Linné; m é t h o d e , maintenant devenue insuffisante dans
presque tous les genres un peu nombreux. C’est afin d’eviter toute
confusion qui pourrait naître de cette multitude des espèces connues,
que je propose de subdiviser ce genre par groupes de contrée, et
d’adopter, comme nous l’avons fait chez quelques autres genres,