
 
        
         
		faut  remarquer,  quant  aux  os  du  nez,  que  les  proportions  varient  
 considérablement  dans  les  têtes  de  Bornéo,  tandis  que  sur  les  deux  
 têtes  de  Sumatra  ils  offrent  une  différence  marquée  par  leur  forme  
 allongée  et  étroite5  ils  présentent  en  ligne  droite,  t  pouce  5  lignes  
 de  longueur  sur  9  lignes  de  largueur,  et  toute  trace  de  suture  a  
 disparue  complètement. 
 A  juger  par  les  moyens  que  nous  avons  sous  les  yeux,  la  différence  
 entre l’orang  de  Sumatra  et  celui  de Bornéo  consisterait,  en  ce  
 que  le premier  n'a  point  d’excroissances  adipeuses  aux  joues,  que  les  
 crêtes  temporales  ne  se  réunissent  pas  pour  former  la  crête  coronale  
 ou  sagittale  élevée,  et  que  les  os  du  nez  sont  plus  étroits.  Nous  demandons  
 maintenant  s i,  par  ces  caractères,  dont  la  constance  sur  
 tous  les  su je ts,  n’est  pas  démontrée,  et  que  nous  retrouvons  aussi  
 isolément répartis sur  des  sujets de  Bornéo, tandis qu’ils existent réunis  
 sur  un  sujet  sans  excroissances adipeuses  obtenu de  cette dernière  île 5  
 s’il  conviendrait,  disons  nous,  de  séparer,  à  telle  enseigne,  l’orang  
 de  Sumatra  de  celui  de  Bornéo? 
 Examinons maintenant  s’il y   a  plus  de  raison  pour admettre  l’existence  
 de  deux  especes  vivant  à  Bornéo.  Mr.  J.  Muller  (1)  a  voulu  
 prouver  qu’on  doit  reconnoître  trois  espèces.  Ses  recherches  et  les  
 preuves  qu’il  en  déduit  sont  basées  uniquement  sur  la  vue  de  trois  
 modèles  en  plâtre,  i°.  du  crâne dusoit-disant Pongo  de  Paris,  squelette  
 provenant,  comme  nous  avons  dit,,  page  i 3f5,  du  cabinet  du  
 Stadhouder  et  originaire  de  Banjarmassing ;  20.  du  crâne  publié  par  
 Camper;  et  3“.  du  crâne  du cabinet du  Professeur  Hendriks, l’un et  
 l’autre sans  origine  certaine. 
 Notre musée  possède aussi les trois  copies ci tées, qui,  avec les  trente  
 autres  têtes,  ayant  origine  certaine  de  Bornéo,  districts de Pontianak  
 et  de  Banjarmassing,  servent à  montrer  clairement que  l'opinion  de  
 Mr.  le Professeur  Muller  est  erronée,  et  ne  repose  que  sur  des différences  
 individuelles. 
 (1) Archiv fur Anatomie 1838 , pag. 46. Voyez anssi, Descrip. Osleol. capitis simiæ 1839. 
 Mr.  Owen  (2)  est  d’avis  qu’il  existe  à Bornéo  deux  espèces  de  singes  
 orang,  le  second  qu’il  nomme  Simia mono  s’éloignerait  de  notre  
 Sirnia  satyrus  par  la  petitesse  des  molaires,  par  des  canines  moins  
 fortes  et  des  incisives  plus  grandes.  Cet  anatomiste  a  établi  ses  recherches  
 sur  un  crâne  d’âge  moyen,  mais  déjà  pourvu  de  toutes  ses  
 dents  permanentes.  Parmi  les  letes  de  notre  musee ,  mises  depuis  
 sous  les  yeux  de Mr.  Owen  lors  de  son  séjour  à  Leiden,  ce  célèbre  
 anatomiste  en  a  distingué  une  comme  portant  les  caractères  de  son  
 Simia  morio.  Nous  pouvons  assurer,  très  positivement,  que  cette  
 tête  est  d’une  femelle  déjà  avancée  en  âge,  dont  nous  possédons  
 l’individu  monté,  qui  ne  différé  pas  des  autres  sujets  originaires  de  
 la même  localité.  A  la  vérité  les  incisives  moyennes supérieures  sont  
 beaucoup  plus  grandes  et  les  canines  plus  petites  qu’à  l’ordinaire  
 chez  les sujets  âgés ;  mais ses  caractères  sont  assez  généralement  propres  
 aux  femelles  (2) ;  ils  pourraient  servir  à  établir  un  caractère  
 distinctif  de  sexe ,  si  de  nombreuses  exceptions  ne  s’y  opposaient ;  
 quelques  femelles  sont  en  effet  pourvues  de  canines  plus  grandes,  
 tandis  que  leurs  incisives  sont  aussi grandes  que  chez  les  mâles. 
 Nous  passerons  plus  loin  en  revue  les  autres  caractères  indiques  
 par Mr.  Owen  en  faisant  mention  des  anomalies  les  plus  remarquables  
 observées  sur  toute  la  sérié  de  nos  crânes.  Nous  faisons  la  remarque  
 que  le  plus  grand  nombre  de  ces  crânes  soumis  a  nos  
 recherches,  provient  des  individus  dont  les  peaux  sont  parvenues  
 au  musée,  conservées  à  l'esprit  de  vin;  que  le  sexe  de  ses  sujets  a  
 été  soigneusement  constaté;  et  que  tous  sont  originaires  de  Bornéo;  
 toutefois  nous  observons  à  l’égard  des deux  crânes  de  Sumatra ,  que  
 le  sexe  n’est  pas  déterminé. 
 La  longueur  du  museau  comparée  à  celle  de  toute  la  tête  présente, 
  dans  les  divers  sujets,  des  dilférences  legeresa  la  vérité  et qui 
 (1) Proceedings of the zool. soc. Dec. 1836, pag. 91. etTransact. of the Zoolog. societ.343, mais plus spécialement, même ouvrage vol. 8, pag. 165 et les cinq planches de c ev oml. ém1, opiraeg..  (S) Voyez sur cet article le premier mémoire dans ce vol. pag. 131.