Les doigts ainsi que les métatarses et les métacarpes sont beaucoup
plus longs que dans l’homme, d’où résulte le grand écartement du
pouce en arrière. Le pouce des pieds est aussi court, totalement
opposable aux autres doigts et formant, avec l’index des parties postérieures,
un demi cercle, conformation servant de preuve certaine
que l’Orang n’est point organisé pour la marche bipède, mais qu’il
l’est complètement pour escalader les arbres, monter à leur faite
et parcourir les forêts dans tous les sens, sans avoir besoin de se
trouver souvent à terre, où il serait géné dans ses mouvemens, soit
par la marche perpendiculaire, soit pour l'allure quadrupède. Nous
avons examiné les six individus d’âge différent tués a Pétal sauvage
sans avoir pu découvrir le moindre indice d’un ongle au pouce des pieds ;
la peau qui recouvre la dernière phalange de ce membre n’est même
ni plus dure ni plus calleuse. Un septième individu que nous avons
connu plusieurs années à l’état captif à. le pouce du pied droit dépourvu
d’ongle, mais à l’autre pied le pouce porte un ongle parfait,
développé comme aux doigts; deux autres squelettes de la collection
provenant de jeunes individus de trois ou de quatre ans,
morts dans les ménageries, ont des ongles à tous les pouces. Pour
compléter cette observation, il s’agirait desavoir s’il se trouve à l’état
sauvage des individus pourvus d’ongles aux pouces; si tel est le cas,
il n’existerait plus de doute sur l’anomalie à laquelle cette partie
est sujette et la fameuse question, si souvent discutée, se réduirait
à bien peu de chose. Toutefois, et en attendant que l’occasion se
présente de renouveller celle observation sur une plus grande série
de sujets, nous sommes portés à déduire des données fournies que
POrang de Bornéo à l'état normal, manque d’ongle aux pouces des
pieds postérieurs ( i) . Tous les autres doigts sont reunis d’ongles
noirs, plus courbés et plus longs que ceux de l’homme. On trouve
dans la main de l’Orang la même longueur relative entre les doigts
(1) Mr. G. Swinton de Calcutta observe que la femelle de l’Orang n’a point d’ongles aux
pouces de derrière, tandis que le mâle en est pourvu. Voir Froriep. N o t ic e s , Oclob. i 83o, n°. 17.
- Les trois mâles de notre musée n’ont pas plus l’apparence d’ongle que les trois femelles.
que chez l'homme, mais l’index des pieds est constamment le plus
long de tous; les autres diminuent graduellement jusqu au petit doigt
qui est le plus court. Les nudités des mains montrent, comme dans
l’homme, la même disposition des papilles de la peau en lignes concentriques
, et comme ces papilles du bout des doigts sont très fines,
elles font présumer que l’organe du loucher est extrêmement délicat
chez l’Orang.
Toutes les parties nues du corpsetde la tête, à l’exception des orbites
et des lèvres, sont d’un gris-ardoise bleuâtre. Tout le pelage est
généralement et uniformément d’un brun-marron foncé, plus ou
moins lustré, mais la barbe et les moustaches sont d’un roux de
rouille ou d’un roux jaunâtre: il n’y a point de différence de coloration
entre le mâle et la femelle-, ni même aucune dans les differentes
périodes de l’âge ; le jeune de l’année, ceux présumés de cinq,
de six et de huit ans ne varient pas sous ce rapport des adultes de
forte taille, mais il y a une légère différence dans l’abondance ou la
rareté du pelage selon l’âge des individus ; les jeunes étant mieux
couverts que les sujets à 1 étal adulte.
Ayant décrit les sujets présumés adultes ou vieux des deux sexes,
nous passerons successivement en revue tous les autres individus du
musée en ayant soin d.’incli(juer le sexe.
Un second mâle, d’un âge assez avancé, mais pas aussi grand
que le sujet précédemment décrit, a la barbe bien moins développée
, mais les poils du sommet de la tête sont plus longs, plus abon-
dans et couvrant le front. Sa lèvre supérieure est mutilée ; elle porte
les indices d’une lèvre léporine, anomalie qui probablement parait
devoir son origine à une blessure cicatrisée. Cet individu à été cédé
au musée de Paris, dont-il fait aujourd hui partie.
Un troisième mâle à l'âge moyen porte en hauteur 3 pieds 3 pouces
et 3 lignes. Le pelage est un peu plus foncé que dans les deux
précédées; sa barbe est déjà passablement développée; mais les appendices
calleux des tempes se trouvent à peine développés. On voit
quelques poils raides, clair-semés au lieu de sourcils.