
retirent, plusieurs réunies, souvent par grandes bandes, dans des
lieux écartés et loin de la compagnie des mâles q u i, de leur côté,
s’associent aussi par bandes; les sexes restent ainsi séparés jusqu’à
ce que les jeunes sont en état de voler et de pourvoir à leur besoin ;
ceux-ci s’éloignent alors de la compagnie des mères et vont choisir
un nouveau gîte, ou se réunissent en un grand nombre d’individus
de même âge, et qui se séparent par sexes vers l'époque du temps
des amours.
Mr. Brehm a vérifié une partie de ces observations sur quelques
espèces de vespertilions d’Europe; elles nous ont aussi été communiquées
par les naturalistes néerlandais aux Indes, et les envois nombreux
que le Musée reçoit de toutes les parties du monde, servent
à en constater l’exactitude; car, partout où il a été procédé à la
capture des chauve-souris en explorant leurs repaires, le contenu
des envois s’est, le plus souvent, trouvé composé totalement de
mâles, de femelles ou de jeunes. Nous n’avons même obtenu jusqu’à
présent, de quelques espèces du Grand Archipel asiatique, rien autre
que des femelles; apparemment par la cause que les lieux où les
mâles vont se cacher, n’ont pas encore été découverts par nos naturalistes.
Il me reste encore à mentionner quelques observations importantes
dont je ne saurais fournir l’explication précise, et que des recherches
faites sur la nature pourront nous faire connaître ; je les signale
en attendant à l’attention des naturalistes.
En examinant avec soin ce très grand nombre d’individus de la
plus-part des espèces de chéiroptères de l’Inde que nos voyageurs
nous adressent successivement des différentes îles du Grand A rchipel,
les faits suivans ont fixé mon attention.
i». Comment se fait-il qu’qn trouve, chez quelques espèces, des
femelles pleines ou qui ont porté, et des mâles à parties génitales
très développées, dont les dimensions et les sutures du crâne indiquent
l’état non parfait d'accroissement : ceux-ci sont, par la taille
et l’envergure, remarquablement moins grands que leurs pareils
dont le crâne à fortes crêtes occipitale etcoronale, et tous les autres
indices, annoncent le maximum du développement; tandis que ces
femelles pleines, mais de dimensions de beaucoup moindre, offrent
par leur crâne tous les indices de l’état intermédiaire ou de développement
encore imparfait; quelques espèces de roussettes J de
pachysomes, de molosses et de rhinolophes fournissent matière a
cette remarque.
2° Quelle explication doit on.donner relativement aux différences
qu'on voit dans le prolongement plus ou moins apparant du museau
de la-même espèce, selon la localité où ces sujets ont été
capturés : par exemple, en confrontant des roussettes édule ou
kalong, (Pteropus edulis) de Banda et de Java, deux îles peu éloignées
l’une de l’autre, on remarque constamment que ceux de Banda
ont le museau plus obtus et les formes moins développées que les
sujets de Java , dont la taille souvent est énorme et de cinq pieds
d'envergure. Des Céphalotes de Pérou capturés à Banda, à Timor
et à Amboine m’ont fourni la rémarque suivante : ceux de Banda
ont le museau très obtus, les sujets d’Amboine l’ont assez long, et
cèux de Timor tiennent exactement le milieu entre ces deux extrêmes
; la longueur plus ou moins considérable de la queue varie
aussi, mais celte différence est purement individuelle. Nous donnons
ici deux exemples de forme rabougrie pour Banda et un de forme
plus développée pour Amboine; le troisième exemple que nous pouvons
citer, fournit un résultat inverse, car le Macroglossus kiodote
(Pteropus minimus des auteurs) d’Amboine a le museau bien moins
alongé que ceux du même âge de Java : ce sont les sujets de Sumatra
qui ont le museau le plus long (i).
( 1) J’ai cru pouvoir expliquer la cause de disparités analogues dans quelques oiseaux
fissipèdes des genres Barge, Chevalier et Bécasseau : voy. Manuel d'ornithologie. La longueur
variable des mandibules paraît tenir , chez ces oiseaux, à la nature' dès localités, et varie
selon qu’ils fréquentent la grève dure des rivages de la mer, ou les' marais dont ils fouillent
la vase. Ce fait me porte à présumer que le museau des chéiroptères frugivores peut devenir
plus long en raison de la nature ou du genre des fruits que les différentes îles dé l’archipel
produisent, et selon que ces animaux, soit par l’action assidue de leur langue, soit par