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 chose  dans  les  établissemens  Anglais,  tels  que  Singapore  et  Poulou  
 Pinang.  Les  plaines qui s’étendent  le  long  des  chaînes  de  l’irawaddi,  
 du  Saluen,  et  du  May-ke-oung  conviendraient mieux  peut-être  aux  
 moeurs  de  ces  animaux,  mais  ces  dernières  contrées  ont  été  récemment  
 visitées  par  Mr.  Crawfurd,  qui  ne  fait  nullepart  mention  de  
 l ’existence  d’ un  singe  orang.  Il  est  difficile  de  supposer  l’existence  
 de  ces  animaux  plus  vers  le  nord;  car  la  constitution  montagneuse  
 du  pays  ne  leur  convient  pas;  en  second  lieu  celle  opinion  ne  s’accorderait  
 pas  avec  ce  que  nous  savons  du  Chimpansé,  qui,  quoique  
 répandu  en  plusieurs  contrées  de  l'Afrique,  ne  se  rencontre  plus  au  
 2 O0  de  latitude  nord,  même  sous  ce  climat  brûlant.  En  somme,  
 nous  n’admettons  pour  la  véritable  patrie  de  l’orang-outan  que les  
 îles, de  Bornéo  et  de  Sumatra.  Reste  maintenant  à  constater si  les  
 animaux  trouvés  dans  ces  deux  grandes  îles  diffèrent  spécifiquement  
 les  uns  des  autres. 
 Les  matériaux  que  nous  possédons  pour  constater  l’ existence  de  
 T orang-outan  de  Sumatra  sont  bien  moins  nombreux  que  pour  
 celui  de  Bornéo;  ils  reposent  sur  les  informations  transmises  par  
 Abel ;  sur  une  femelle  très  vieille  de  la  collection  de  la  Société  
 Zoologique  de  Londres;  sur  un  jeune  individu  examiné  par  Mr.  
 Owen ;  un  autre  que  Mr.  Müller  a  vu  vivant  à  Padang;  sur  l’individu  
 qui  a  vécu  peu  de  temps à Paris  et que  nous  avons  indiqué  
 dans  le  premier  mémoire  sous  le  nom  d’orang-roux;  finalement  
 sur  deux  crânes  de  sujets  adultes,  rapportés  par  Mr.  Millier  et  
 collectés  par  le  médecin  militaire  du poste  de  Djambie  à  Sumatra. 
 Ce  que  dit  Clarke  Abel  sur  la  taille  et  les  dimensions  extraordinaires  
 de  son  individu,  a  paru  de  prime  abord  invraisemblable  et  
 a  été  démenti  par  les  auteurs  anglais  dans  le  Library  o f  useful  
 knowledge,  natur.  hist.  o f  monkeys  vol.  i.  pag.  118.  Mais  ce  qui  
 mérite  de  fixer  l’attention  ,  c’est  le  silence  que  Mr.  Abel  observe  
 concernant  les  excroissances  saillantes,  en  forme de  croissants,  qui  
 naissent  lie  la  région  temporale  et  bordent  la  face  de  chaque  côté. 
 Il  est  difficile  de supposer que  cet  écrivain  aurait omis  de parler  d’un  
 caractère  aussi  visible  dans le mâle,  et  l ’on  peut conjecturer,  par son  
 silence, que l’animal manquait de  ces excroissances saillantes que  nous  
 avons  décrites  dans  le  premier  mémoire  pag.  122  et  126.  D ’après  
 Mr. Muller,  il  ne  s’en  suit  pas  encore  que  l’orang  de  Sumatra  serait  
 toujours  dépourvu  de  ce  caractère;  puisqu’il  a  vu  pareillement  à ’  
 Bornéo  un  mâle  adulte  qui ne  présentait  pas  de  trace  de  ces  appendices  
 d’une  substance  adipeuse. 
 Quant  à  la  couleur  de  l’animal  décrit  par  A b e l,  elle  s’accorde  
 parfaitement  avec  celle  de  l’orang  de  Bornéo,  comme  avec  celles  
 de  la  vieille  femelle  et  du  jeune  de  Londres  qui  sont  de  Sumatra.  
 La  différence  de  teinte  du  pelage  observée  dans  Forang  roux  de  
 Paris  doit  être  considérée  comme  individuelle,  vu  que  parmi  les  
 nombreuses  dépouilles  reçues  de  Bornéo il se trouve un mâle adulte  
 beaucoup  plus  roux  que  les  autres;  les  femelles  varient  surtout,  
 elles  sont  en  général  un  peu  plus  foncées  que  les  mâles;  souvent  
 d’un  brun  presque  noir. 
 Il  nous  reste  à  parler  de  nos  deux  crânes  d’individus  adultes  de  
 Sumatra comparés  à  plus  do  3o  crânes des  sujets  de Bornéo dont plus  
 de  moitié appartiennent  à  des  individus  très-âgés.  La  comparaison  
 respective  qui  a  été  faite  de  ces  têtes  démontre,  qu’il  s’en  trouve  
 rarement  deux  qui  se  ressemblent  complètement  dans  leurs  diverses  
 parties,  surtout  pour  la  forme  des os  du  nez  et  celle  de  l’orbite.  Ces  
 deux  crânes  de  Sumatra  comparés  entre-eux  comme avec  les  crânes  
 de  Bornéo  sont  en  somme  semblables ;  les  premiers  diffèrent  par  la  
 forme  plus  linéaire  des os  du  nez  et  par  un  moindre  développement  
 de  leurs  crêtes.  Quant  à  ce  dernier  caractère,  nous  observons  que  
 dans  quelques  crânes  de  Bornéo  les  crêtes  sont  moins  développées  
 que  chez  d’autres  individus  de  même  grandeur.  Sur  le  plus  vieux  
 des  deux  crânes  de  Sumatra  dont  la  dimension  est  égale  au  crâne  
 du  prétendu  Pongo  de  Paris,  voyez  l’osléographie de  Mr.  de  Blain-  
 ville  le  squelette  pl.  1  ,  les crêtes  des  deux  côtés,  quoique  fortement  
 développées,  sont  distantes  l’une  de  l’autre  environ  de  9  lignes.  Il 
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