leur naissance, un genre de civilisation
déjà supérieure à la civilisation
de l’Europe caduque et corrompue.
Nous publierons, comme un exemple
du degré d’instruction où peuvent
parvenir les Éthiopiens, que l’homme
le plus spirituel et le plus savant de
1 Ile-de-France*, était, quand nous visitâmes
cette colonie , non un Blanc,
mais le nègre Lillet-Geoffroy, correspondant
de l’ancienne académie des
Sciences , encore aujourd hui notre
confrère à l’Institut, habile mathématicien,
et devenu, dès avant la révolution
, par son talent et malgré sa
couleur, capitaine du génie. Il est
maintenant à Saint-Domingue plus
d’un Lillet-Geoffroy dont la capacité
et les hautes vues en politique ne sauraient
être méconnues que par d’orgueilleuses
incapacités européennes,
et par des niais remplis de préjugés qui
se disent les enfans de prédilection de
la divinité. (12)
(1) Il est boa d'observer qu’il n’existe pas une
seule religion sur le globe dont le commencement
n’ait été une sorte de fétichisme ; la religion
juive elle-même est dans ce cas. Il est incontestable
qu’avant cette merveilleuse R é v é l a t
i o n qui en fit une loi à part , et que Dieu ne
daigna faire à Moïse qu’asscz long-temps après
la création du monde , ceux des patriarches
membres de la famille privilégiée à laquelle l’E -
ternelse devait allier, mais qui ne jouissaient pas
de sa familiarité, tombaient habituellement dans
un véritable fétichisme. Ainsi Laban,. propre
neveu du patriarche Abraham , avec qui l’Eter-
nel venait de faire alliance, oncle à la mode de
Bretagne du patriarche Jacob, et doublement
beau-père de celui-ci, Laban , à qui le vrai Dieu
avait apparu et parlé ( Genèse, chap. 3i, a4),
Laban, en un mot, l’un des païens ascendans
6.