les incisives obliquement situées, ne
parviennent jamais à prononcer la lettre
R. Les Hottentots gloussent, et
les Malais gazouillent plus qu’ils ne
parlent; les Neptuniens de la mer du
Sud, à Otaïti surtout, ne peuvent articuler
que sept à huit de nos consonnes
jointes à certaines voyelles
qu’il nous serait presque impossible de
répéter, et dénaturent les mots, européens
à mesure qu’ils leur sont inmor-
tés; cependant les variations de contexture,
qui existent dans l’appareil
vocal chez les espèces du genre humain
, ne sont pas suffisantes pour déterminer
des combinaisons de langages
empreintes de différences telles qu’on
s’y doive capitalement arrêter, comme
attributs caractéristiques de première
valeur.
Nous verrons tout-à-lheure que ce
fut dans un second âge du genre humain,
où les diverses espèces n’avaient
guère pu se confondre encore, que
les idiomes durent commencer à se
caractériser : quand ces idiomes se
constituèrent définitivement, la civilisation
était assez avancée ; quand
l écriture les fixa, la civilisation était
à-peu-près complète. Si, dans leurs
émigrations ou par leurs conquêtes,
des peuples , antérieurs à ceux dont le
souvenir s’est conservé et qui parlaient
déjà des langages étendus , laissèrent
ou imposèrent à des vaincus
d’espèce différente , quelques-uns de
leurs mots et leur syntaxe, ces reliques
de grands évènemens oubliés ont
peu d’importance ici. Elles sont comme
les médailles frustes des temps oh